Suresnes cités danse: y aura de la joie!

janvier 2023

La programmation du festival reflète notamment  le sens de la fête et l’énergie positive dont est porteuse la danse hip hop.

Texte: Arnaud Levy

Photos:  Arnaud Kehon / Carmen Morand / Patrick Berger /Romain Tissot /Duy-Laurent Tran /Guy Henri / Titouan Massé /DR

Il y a loin du swing de Charles Trenet aux beats du hip hop. Mais le titre phare du « Fou chantant » résume bien une des promesses de la 31e édition du Festival Suresnes cités danse. Car du 6 janvier au 5 février, il va y avoir de la joie sur les scènes du Théâtre Jean Vilar de Suresnes, c’est même l’un des axes forts de ce premier festival conçu par la nouvelle directrice du lieu, Carolyn Occelli.

« J’avais envie que la programmation reflète le sens de la fête et de la joie, l’énergie positive dont est porteuse la danse hip hop », explique-t-elle. Ce millésime 2023 sera donc facétieux, à l’image du titre de la pièce joyeuse et malicieuse des frères Ben Aïm (lire ci-dessous), du portrait de famille vivifiant proposé par Mehdi Kerkouche (lire ici son interview de décembre) ou de la façon dont les six danseurs de Pierre Rigal explorent des situations de hasard, poétiques et parfois drôles, qui débouchent sur des chorégraphies harmonieuses (dans « Hasard», les 14 et 15 janvier).

Avec Rigal, un habitué du Festival, comme avec Nicolas Sannier ou le Comorien Salim Mzé Hamadi Mouassi, Suresnes cités danse poursuit les liens tissés sur le long cours avec des artistes. Venu comme interprète en 2017, le second revient comme chorégraphe de « Home », quand le troisième, remarqué pour « Massiwa » en 2020-2021, se voit offrir la possibilité de créer avec « Chiromani » sa première pièce longue (lire ci-dessous).

Nouveaux chapitres

« On a voulu continuer d’accompagner cet artiste à un moment important de sa carrière puisque cette pièce pourra être programmée seule », souligne Carolyn Occelli.  La nouvelle directrice écrit aussi de nouveaux chapitres avec, par exemple, Fouad Boussouf. Le directeur du Centre chorégraphique national du Havre et « chorégraphe qui compte » n’était jamais venu à Suresnes : ce sera chose faite avec deux duos « Cordes » et « Âmes » qui révèlent chacun l’intensité de la danse.

Cette 31e édition, qui ne manquera pas d’accorder une place de choix aux femmes (lire page 34), poursuit le processus d’hybridation des langages chorégraphiques au cœur de l’identité du Festival, en poussant jusqu’à la transdisciplinarité comme avec « Bounce Back » qui verra la danse s’inspirer des gestes du basket-ball (lire ci-dessous).

Enfin, comme il n’est de joie qui ne se partage, le Festival s’étendra à toute la ville avec des ateliers et expositions dans les maisons de quartier et les Médiathèques. Et il se conclura par un week-end participatif (lire ci-dessous) autour d’une boum hip hop pour petits et grands et d’un « battle» d qui reliera le monde de la scène avec celui de la rue. Comme un retour aux sources gage d’éternel recommencement.

 

Suresnes cités danse c’est

16 spectacles 5 créations

Sous le signe DES FACETIES

Comment un geste, un mouvement déclenche-t-il le sourire ou le rire ? Qu’est ce qui fait que l’expression d’un corps, d’un visage est instinctivement perçue comme drôle ? A l’instar d’un Chaplin ou d’un Keaton certains donneront une dimension comique singulière à leurs gestes, tandis que d’autres attitudes seront perçues comme drôles de manière universelle. C’est la matière que travaillent les frères Christian et François Benaïm, dont la formation pluridisciplinaire mêle danse, théâtre physique et cirque, pour explorer la dimension comique du mouvement.

Dans leur pièce, « FACETIES », les danseurs composent des personnages décalés gagnés par un état d’espièglerie qui harmonise leurs évolutions. « C’est une pièce à la fois intelligente, joyeuse et malicieuse, souligne Carolyn Occelli, qui donne un plaisir immédiat que chacun peut ressentir. »

➜ FACETIES • Samedi 28 janvier 20h30 • Dimanche 29 janvier 17h

Hybridation, je danse ton nom

C’est un peu depuis 30 ans la marque déposée de Suresnes cités danse, son credo et un marqueur fort de son identité artistique : l’hybridation. La capacité du Festival de faire dialoguer des langages chorégraphiques et musicaux a largement contribué à sa renommée.

Cette 31e édition pousse plus loin le curseur de la porosité créative pour s’aventurer dans la « transdisciplinarité » (qui est aussi un axe de la saison du Théâtre). « Il s’agit, résume Carolyn Occelli, d’injecter dans la matière chorégraphique d’autres disciplines artistiques ou même sportives. »

Ainsi, dans « Bounce Back » (Rebondir) la Francoaméricaine, Christina Towle (formée chez Merce Cunningham) injecte à la danse les gestes sportifs du basket-ball pour un ballet match rythmé par la musique électro live d’un DJ.

Cette transdisciplinarité irrigue aussi l’aérien et acrobatique « Home » de Nicolas Sannier, qui navigue entre danse, cirque et magie nouvelle ; ainsi que les deux formes de Fouad Boussouf : « Yës » (où les danseurs respectivement experts en sifflement et en beatbox créent sur scène leur propre langage ancré dans le rythme), et « Âmes » (un portrait chorégraphié sur des textes de Baudelaire).

➜ Home • Samedi 7 janvier 18h • Dimanche 8 janvier 15h

➜ Bounce Back • Jeudi 12 janvier 20h30

➜ Yës & Âmes • Samedi 28 janvier 18h • Dimanche 29 janvier 15h

Un week-end au féminin

Pas besoin de militer pour ménager aux femmes leur place sur la scène hip hop. Il suffit de les laisser danser

Le pari des Affranchies

Le titre claque comme un manifeste, mais c’est avant tout d’un plaidoyer chorégraphique qu’il s’agit. Amalia Salle mobilise la puissance de ses cinq danseuses pour traduire en mouvement un questionnement existentiel : comment être au monde et l’être librement, sans rester prisonnier des conventions sociales ?

Ce sont la vibration et les émotions de la danse qui apportent les réponses, teintées de rage ou de douceur, de frustration ou d’amour. A l’origine comme souvent, il y a un coup de cœur : celui de Carolyn Occelli pour une pièce de 15 minutes découverte en novembre 2021, lors d’une présentation de formes courtes au Centre chorégraphique de Créteil. Du « choc esthétique » ressenti, et de la rencontre qui s’ensuit, naît un pari.

Pédagogue réputée, organisatrice du « Paris Can Dance Show » qui réunit chaque année plus de mille spectateurs et les meilleurs chorégraphes français, Amalia Salle est une chorégraphe émergente. Le Théâtre Jean Vilar lui a donné les moyens de produire en résidence sa première pièce longue. Si l’on en juge par le choix de France TV qui a décidé de capter le spectacle, le pari semble déjà gagné…

➜ Affranchies • Samedi 21 janvier 15h et 20h30 • Dimanche 22 janvier 17h

Danseuses en quête de liberté

Danseuse et chorégraphe issue de l’univers hip hop, Leïla Ka propose trois pièces courtes (deux solos et un duo), « Pode ser », « Se faire la belle » et « C’est toi qu’on adore ».

Elles donnent vie à des figures féminines partageant une quête de liberté : une jeune femme en robe rose de princesse qui se mue en boxeuse sur une scène transformée en ring ; un duo malmené par une force imaginaire ; et une danseuse (Leïla Ka elle-même) ballotée par ses pulsions dans une chemise de nuit qui pourrait être une camisole.

C’est la première collaboration du Théâtre Jean Vilar avec cette étoile montante de la danse, découverte au 104 où elle est artiste associée. Et la première pierre d’une nouvelle histoire commune qui devrait être suivie d’une pièce longue.

➜ Pode Ser, Se faire la belle et C’est toi qu’on adore • Samedi 21 janvier 18h • Dimanche 22 janvier 15h

Chiromani, danseuses hors cadre

Aux Comores, archipel de l’océan Indien en proie à de profondes crises politiques, sociales, sanitaires et environnementales, il est difficile d’exister comme danseur. Et pour les femmes, il est quasi impossible de danser hors du cadre strict des rituels chorégraphiques traditionnels.

C’est précisément pourquoi Salim Mzé Hamadi Moissi, qui a créé là-bas « Tcheza School », la seule école de danse professionnelle, a voulu les mettre à l’honneur dans sa première forme longue : « Chiromani » du nom du tissu traditionnel de coton bicolore prisé par les femmes comoriennes.

« Trouver deux femmes ayant un niveau leur permettant de se produire sur scène et prêtes à prendre le risque social de s’exposer ainsi, est en soi une performance et une avancée », observe Carolyn Occelli. A l’image d’une identité fusionnant les cultures africaines bantoues et musulmanes et la rencontre avec l’Occident issue de la colonisation, « Chiromani » proposera donc un métissage : celui des danses féminines et masculines traditionnelles comme le deba ou le tari, avec le langage hip hop contemporain.

➜ Chiromani vendredi 3 février • Samedi 4 février 20h30 • Dimanche 5 février 17h

Vous êtes Boum ou Battle ?

Le week-end des 4 et 5 février, cette 31e édition de Suresnes cités danse se terminera comme elle s’était ouverte avec le grand atelier animé au Belvédère par Mehdi Kerkouche : en mode participatif.

Ça commence par un retour aux sources de cette danse de la rue qu’est, à l’origine, le hip hop. Pour la première fois le Théâtre accueillera un « Battle » de hip hop, un vrai avec son MC (Master of Ceremony), son DJ, son jury, ses showcases avec des danseurs confirmés, et son public en feu.

Le principe : des qualifications permettent de constituer des duos danseur avancé/ danseur débutant qui s’affrontent dans un événement (conçu avec la compagnie Flies) à mi-chemin entre spectacle et compétition, où tous les styles se rencontrent.

« La culture hip hop reste coupée en deux mondes, celui du battle et celui du plateau, et seuls quelques danseurs arrivent à circuler de l’un à l’autre, constate Carolyn Occelli. J’avais envie de réconcilier ça et d’aller chercher des danseurs qui ne sont pas dans le monde institutionnel. »

Ça se poursuit le dimanche avec une « Boum hip hop » sous la houlette du Maître de cérémonie Da Titcha, de son acolyte danseur B-Boy Frenetik et de la DJ Maclarnaque qui proposeront à toutes les générations de parcourir en famille des décennies de classiques qui ont nourri le hip hop : de la funk de George Clinton au groove des Jackson Five ou au « Jump » de Kriss Kross ; et du rap de KRS One aux beats electro jazz de Dabrye et à l’electro funk de Chromeo. Au programme : du rap en live, des freestyles de danse et des battles enfants contre parents. Une occasion unique de « clubber » en famille.

➜ Le Battle SCD • Samedi 4 février 14 h

➜ La Boum des Boumboxeurs • Dimanche 5 février 15h Le week-end des 4 et 5 février,

Le Festival hors les murs

■ Médiathèques

Médiathèques Atelier parents/enfants d’initiation à la danse hip hop

Samedi 14 janvier de 10h30 à 12h30. Dès 7 ans. Entrée libre sur inscription sur mediatheque-suresnes.fr

➜ A la Médiathèque, 5 rue Ledru-Rollin

Exposition Affranchies Photographies de résidence et portraits des danseuses du spectacle d’Amalia Salle

. ➜ Jusqu’au 24 janvier à la Médiathèque, 5 rue Ledru-Rollin Exposition

Making-of Entrez dans les coulisses du shooting de l’affiche du festival, réalisée par le photographe Arnaud Kehon au gymnase du collège Henri Sellier.

➜ Jusqu’au 24 janvier à la Médiathèque de la Poterie, 10 allée Jean-Baptiste Lully

 

■ Maison de quartier Les Sorbiers

Exposition consacrée à Suresnes cités danse Pendant toute la durée du Festival Atelier Danse & basket Avec Joël Beauvois, danseur du spectacle « Bounce Back »

Samedi 7 janvier de 14h à 17h. Dès 14 ans. Entrée libre sur inscription

➜ 5 allée des Platanes

 

■ Cinéma Le Capitole

Le cinéma organise en partenariat avec Suresnes cités danse la projection d’«Allons enfants » de Thierry Demaizière et Alban Teurlai

➜ 3 rue Ledru Rollin

 

RETROUVEZ ICI TOUTE LA PROGRAMMATION DE SURESNES CITES DANSE

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