« 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8… » Sur chaque temps scandé par le danseur, une vague ondule de l’épaule au bras et du bras à la main. « Ça doit descendre dans le corps» prévient Yanka.
Dans la salle polyvalente du gymnase du Belvédère, les 35 élèves de 2de 7 du lycée Paul Langevin, alignés sur trois rangées derrière le danseur-chorégraphe (lire ci-dessous), observent le décryptage de figures du Hip Hop, dans un bruit de fond de rires et de chuchotements.
La classe de la professeure d’EPS Aurore Bois entame le troisième cours de l’atelier qu’elle suit, de décembre à février, dans le cadre du pôle pédagogique de Cités Danse Connexion qui propose depuis 2012 un partenariat d’éducation artistique et corporelle aux établissements scolaires suresnois. Au programme : trois spectacles à Jean Vilar, la visite des coulisses du théâtre, la rencontre avec des artistes, et dix ateliers d’initiation à la danse menés par des artistes choisis pour leur capacité de transmission pédagogique.
Concentration
Et de la pédagogie, il en faut ce matin-là à Yanka et à Aurore pour raccrocher les wagons d’une concentration que les élèves semblent parfois avoir laissé par roulement au vestiaire. C’est aussi peut-être, que contrairement à ce que laisserait penser le succès de Tik Tok chez les adolescents, danser à cet âge-là ne va pas de soi.
«Hors d’un cadre festif il y a parfois une difficulté à s’afficher devant les autres, une crainte du ridicule » observe Aurore Bois. « En général, au fil du programme ils commencent à être plus attentifs et plus confiants. » C’est déjà plus le cas quand, après avoir posé les bases du « Fresno » ou du « Walk out », Yanka place les élèves en duo pour détailler un enchaînement. « Vous allez dépendre l’un de l’autre » prévient-il. Et les temps s’enchaînent à nouveau.
« 1, 2, 3…Tu te lèves comme si tu avais des épées dans les mains…
4, 5, 6… Toi, tu passes la main gauche…
7 , 8… Toi, tu fais comme une esquive de boxe… ».
Les sourires le disputent aux hésitations, l’attention au bavardage, mais le mouvement prend forme, timidement, tandis que Yanka alterne les conseils – « Les yeux toujours devant toi ! Dans toutes les danses, les tours partent de la tête!» … ou les avertissements: « Comportez-vous comme des grands ! Soit c’est beau et c’est stylé, soit c’est moche et ça ne sert à rien ! »
Cette année au total, 230 élèves de 9 collèges et lycées de Suresnes (6) et de Rueil-Malmaison et Bois-Colombes suivront 180 heures d’ateliers avec 7 intervenants -danseurs ou comédiens- et viendront voir 31 représentations des spectacles de la saison.
Réduire l’éloignement
« Ce dispositif veut ouvrir le théâtre sur la cité », résume Mélanie Breton, chargée de mission Cités Danse Connexions. « Les ateliers créent aussi une relation professeur-élèves différente ». L’ambition est de réduire l’éloignement de lieux culturels perçus parfois comme inaccessibles. Pour certains jeunes, les visites d’institutions prestigieuses comme la Comédie Française ou l’Opéra Garnier sont même tout simplement une occasion de découvrir la capitale où ils ne mettent pas -ou peu- les pieds.
« Il arrive aussi que ces ateliers soient un déclic pour des élèves en difficulté personnelle ou scolaire chez qui la danse éveille quelque chose », souligne Mélanie Breton. Plus qu’un pas de danse ou une figure de hip hop, c’est alors sans doute la plus belle des victoires de ce partenariat pédagogique.
Ci-dessous la galerie photos de l’atelier hip hop avec les élèves du lycée Paul Langevin