La marmite du poisson, Alain Dietrich est tombé dedans dès sa tendre enfance. Il a à peine dix ans quand il découvre le métier en aidant une poissonnière installée dans le 10e arrondissement de Paris. Depuis, ce Titi parisien a fait ses armes d’un bout à l’autre de la chaîne : pêche, gros, demi-gros, détail… « J’ai travaillé dans des maisons de qualité, j’ai appris de belles méthodes, sur le terrain, avec de vrais professionnels… Cela me permet d’avoir une vision globale du métier. »
Depuis une quinzaine d’années, Alain Dietrich se consacrait essentiellement à la pêche : « J’ai fermé ma dernière poissonnerie en 2006 quand la plupart de mes salariés sont arrivés en fin de carrière, avec l’idée d’arrêter le détail. Et puis un ami poissonnier m’a parlé de cette affaire qui ne trouvait pas de repreneur…» Le voilà donc à nouveau plongé dans la vente directe aux consommateurs, pour le plus grand bonheur des Suresnois. « On a été très bien accueillis, les gens étaient ravis de voir le commerce rouvrir », raconte l’heureux repreneur devant un étal bien fourni.
Un art de vivre
À la tête d’une équipe de 7 personnes (bientôt 10, assure-t-il), Alain Dietrich ne compte pas ses heures : la poissonnerie est ouverte six jours sur sept, ne ferme pas à l’heure du déjeuner et accueille les derniers clients parfois bien au-delà des horaires d’ouverture. « Un commerce c’est fait pour être ouvert! » tranche ce passionné, pour qui la poissonnerie est un véritable art de vivre. « Quand je suis derrière mon étalage, je prends un super plaisir à orienter les clients, les conseiller, leur trouver des solutions par rapport à leur budget. » Parmi ses projets, le développement d’un coin traiteur avec des produits entièrement faits maison et l’installation d’une terrasse destinée à la dégustation.
Enthousiaste, Alain Dietrich porte néanmoins un regard sans concession sur l’évolution du métier : « Le poisson devient un produit de luxe, beaucoup de gens ne peuvent plus se permettre d’en acheter. Pendant les fêtes, on a atteint un sommet dans les tarifs. Ce n’est pas acceptable, ni pour le client ni pour le commerçant.»
Pour « ne pas devenir aigri », cet amoureux de la mer continue de prendre régulièrement le large : « Demain, je peux être dans mon parc à huîtres de l’île d’Oléron, et après-demain sur un bateau en train de pêcher. Je ne suis pas prisonnier, c’est l’orientation que j’ai toujours donnée à ma vie. »
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