Elle est née à Bruxelles, ne mange pas de fricadelles, relit Simenon à l’envi et la Belgique ne lui manque pas tant que cela… D’autant qu’une autre ville la fait chavirer depuis de nombreuses années. C’est elle, Maureen Dor, qui le dit, pas besoin de lui forcer la main.
« J’aime Suresnes où j’habite depuis 19 ans, elle est chouette, j’en suis fière. » Après avoir notamment fait les beaux jours des programmes télévisés pour enfants dans les années 1990, « Chalu Maureen », c’est elle, ou été chroniqueuse dans différentes émissions, elle s’est lancée il y a une dizaine d’années dans la littérature jeunesse. A Suresnes donc.
« Nous habitions dans le 11e arrondissement avec mon compagnon, le musicien Jérôme Dédina et désirions plus d’espace et un jardin », rappelle Maureen Dor, qui attend à l’époque son premier enfant, Gaspard. «Nous sommes donc arrivés par hasard à Suresnes. » Gaspard a maintenant 19 ans et Léonard, son frère, 16. Maureen tient quant à elle à « jouer le jeu », en vraie Suresnoise.
« Ils ont fréquenté les écoles des Cottages et Mouloudji où je m’impliquais dans les fêtes d’école, et maintenant le lycée Paul Langevin, ils ont longtemps été inscrits à l’excellent conservatoire de Suresnes ou ont pratiqué le taekwondo dans un des clubs de la ville, sans oublier les cours d’arts plastiques», liste-t-elle. Infatigable, investie, son enthousiasme semble inépuisable. Ainsi jouait-elle encore mi-septembre les Madame Loyale du Festival de la transition énergétique, organisé par plusieurs associations suresnoises. «Je suis admirative des gens qui se bougent, qui donnent de leur temps pour des associations», salue Maureen.
En grande amatrice de cinéma, elle est une assidue du Capitole. « Pourtant comme une idiote, quand nous nous sommes installés, j’ai continué à fréquenter les salles obscures parisiennes alors que la programmation du cinéma de Suresnes est excellente», lance-t-elle avec une fraîcheur que l’on qualifiera de Belge si ce n’était un peu cliché. Mais comme tous les clichés…
Retrouver Suresnes est un délice
« Le regard des Parisiens me fait rire. J’ai écrit mes derniers livres avec l’ancien président de la République, François Hollande. Quand je lui ai dit que j’habitais Suresnes il a glissé, d’un air entendu, « ah Suresnes… », comprendre la ville des bobos», plaisante-t-elle. Rayonnante, pétillante, le sourire vissé aux lèvres et en bonne « bobo » elle sillonne la ville ou traverse le bois de Boulogne à vélo à assistance électrique acheté dans une « excellente boutique de Suresnes. D’ailleurs quand j’ai passé ma journée à Paris, retrouver son calme, sa propreté et sa plénitude est un délice.»
Maureen n’a pas sa langue dans sa poche, et quand elle apprécie, elle le fait savoir. La Suresnoise d’adoption est intarissable sur sa commune, louant « son hôpital à la pointe, ses deux superbes marchés, ses librairies…» Maureen Dor ne dispose pourtant d’aucune part dans l’Office du tourisme de Suresnes, nous avons vérifié.
Bouteille à moitié pleine, le confinement et la fameuse limite du kilomètre pour les promenades lui a permis de redécouvrir son quartier, Liberté, aux « maisons si diverses ». Des bâtiments minuscules qui se sont glissées dans l’exiguïté d’un terrain aux édifices nettement plus cossus.
Ville aux airs de village
«J’apprécie aussi que se côtoient CSP+ et milieux plus populaires, que ma ville comprenne près de 40% de logements sociaux. Mais ce serait encore mieux si ces CSP+ mettaient davantage leurs enfants à l’école publique de leur commune.»
Intarissable pour cette ville aux airs de village, elle y instille un peu de l’esprit de son pays d’origine. «Nous avons tenu à ce que le mur séparant notre jardin de celui des voisins ne soit pas complet. C’est très Belge, ça, non Bruxellois !» Et la Belgique d’ailleurs ? Si elle évoque avec tendresse ses spécialités comme les spéculoos, waterzooï, le pain à la grecque ou encore les bonbons cuberdon, attention, « prendre l’original», c’est important, elle n’a absolument pas envie de retraverser la frontière. « Si j’avais voulu repartir en Belgique, je l’aurais fait», assure Maureen.