« Partenaire particulier cherche partenaire particulière, débloquée pas trop timide et une bonne dose de savoir-faire… » Si cette chanson vous trotte dans la tête et vous évoque des souvenirs de soirées étudiantes, c’est soit que vous avez une petite quarantaine bien sonnée et que vous avez dansé dessus dans les années 80 soit que vous êtes étudiant et que vous reprenez en chœur ces mesures entêtantes revenues au goût du jour plus de 30 ans après leur première sortie sur les ondes.
Ce qui est un phénomène assez rare pour être noté dans un univers musical abonné aux météores et aux éclipses ! Mais il y a peu de chance que vous sachiez que derrière ce tube se cache un Suresnois discret pour qui l’anonymat a toujours été un état d’esprit, bien loin du « star system » habituellement attaché aux stars éphémères des années 80.
Pour croiser Éric Fettweiss dans les rues de Suresnes, il faut guetter les sorties quotidiennes qu’il fait faire à son chien Ketchup : de longues balades autour du mont Valérien. Ce Suresnois affiche en effet une double vie aux antipodes du classique métro boulot dodo traditionnel : le weekend, il est sur les routes pour écumer les scènes provinciales et chanter le tube qui a fait connaître son groupe, en semaine il bosse à la maison, en toute discrétion.
Un profil timide, voire anonyme, qui pourtant soulève les foules lorsqu’il est sur scène. Peu connu sous son patronyme, puisqu’il a bâti sa célébrité sur le nom de son groupe et de la chanson éponyme qui a fait ses heures de gloire, Éric Fettweiss est aujourd’hui un homme heureux, tranquille, marié depuis 22 ans et père de famille serein qui a trouvé son équilibre… à Suresnes, où il en est à sa deuxième adresse, séduit par « l’impression d’habiter une petite ville de province avec le charme d’une maison comme à la campagne, à 10 minutes de la porte Maillot ».
Radio libre
Tout débute un peu par hasard en 1983 à Bordeaux. Alors étudiant en classe préparatoire aux écoles d’ingénieur, Éric Fettweiss, qui s’ennuie un peu en cours, débute sur une radio libre comme animateur et se prend au jeu de l’écriture et de la composition. On est alors en plein boom des radios libres des années 80. « Je gratouillais une guitare, sans avoir jamais pris de cours de solfège ni d’instrument… »
Sur un coup de tête, il s’inscrit à un cours de synthé, achète alors le matériel qui va avec et monte un groupe avec deux copains. C’est lui qui compose et écrit textes et musique, « un peu à l’instinct ». Le choix du nom du groupe s’impose très vite et précède même l’écriture des chansons. Le trio écrit une dizaine de chansons, et se produit lors de soirées étudiantes bordelaises. « On faisait un peu amateurs, mais cela a très vite pris : notre côté amateur justement plaisait ».
La deuxième chanson du groupe, Partenaire particulier notamment, cartonne et incite le trio à faire la tournée des maisons de disques pour essayer de promouvoi sa maquette. « On s‘est fait jeter de partout », explique avec le sourire Éric Fettweiss qui n’a jamais perdu sa lucidité. Seul un label indépendant, Chris music, -toujours son producteur aujourd’hui- croit au tube et s’engage à leurs côtés. Le premier enregistrement en studio, à base de synthés et de boîtes à rythmes uniquement, sort dans l’indifférence générale en 1985. Sauf à Bordeaux où le succès est immédiat.
Disque d’or
Il faudra le petit coup de pouce de NRJ, séduit par le titre, et qui le pousse en le programmant quatre fois par jour, pour que les ventes explosent : le look si particulier du groupe devenu culte, jusqu’à être parodié par les Inconnus dans leur sketch Isabelle a les yeux bleus, cartonne alors. Jusqu’à l’apothéose, disque d’or au printemps 86 avec 500 000 exemplaires vendus.
Le groupe connaît alors son heure de gloire : deux ans de concerts, tournées, galas, émissions de télé non-stop : « Se retrouver dans la lumière à 23 ans, avec un tel succès si vite, a fait que nous avons eu un peu de mal à nous renouveler ensuite », reconnait Éric Fettweiss. Le succès s’essouffle, le deuxième album ne trouve pas son public, la mode des synthés et la folie des années 80 s’épuisent.
C’était bizarre de reprendre la route après une si longue absence, je n’avais pas réalisé que la chanson Partenaire particulier était à ce point ancrée dans les mémoires et était passée de génération en génération.
Éric Fettweiss commence alors la deuxième partie de sa vie, range sa guitare et ses synthés, et devient graphiste, réalisant des pochettes de disques pour les autres. Il a le flair de s’initier au web au bon moment, et devient directeur artistique dans une société éditrice de sites web. « La page état complètement tournée pour moi et j’avais fait une croix sur cette première partie de ma carrière ».
En 2007, soit près de 20 ans après ses succès, on lui propose de refonder le groupe et de participer à la tournée RFM Party 80 devenue depuis Stars 80. Le point culminant en sera le Stade de France : 80 000 personnes en mai 2008 où il partage la vedette avec des stars des années 80 comme Lio, Jean-Pierre Mader, Jean-Luc Lahaye, François Feldman, Jean Schultès, Desireless…
« C’était bizarre de reprendre la route après une si longue absence, je n’avais pas réalisé que la chanson Partenaire particulier était à ce point ancrée dans les mémoires et était passée de génération en génération. Mais quel plaisir et quelle émotion de jouer devant des salles pleines ! » Le groupe reformé autour de Manu Ducros et Éric Fettweiss se produit désormais à raison d’une quarantaine de concerts par an, sur une période généralement limitée à 4 mois de l’année.
Les concerts prévus en avril, mai, juin et cet été ont évidemment été annulés à cause du Covid, mais le groupe rebondit en proposant de nouvelles dates en province dès septembre prochain et un Palais de sports à Paris le 4 octobre (*)
(*) sous réserve des nouvelles mesures sanitaires …