Elle ne s’appelle pas Mont-Valérien pour rien. Son créateur, Tristan de la Fonchais, a par exemple été militaire au sein de la Forteresse du Mont Valérien. Suresnois depuis 20 ans, « dingue de sa ville », il voit même dans sa bière une forme d’hommage au point culminant de l’Île-de- France. Et ne pas lire là un creux slogan de marketing à la petite semaine. « Il y eut une vie ecclésiastique, des moines trappistes y ont brassé leur bière, ma création rappelle ce riche passé. Blonde, bio, elle devait avoir une connotation monastique, à fermentation haute au-delà de 6% d’autant que la population des Hauts-de-Seine serait plutôt en quête d’un produit haut de gamme », détaille-t-il. Une bière de dégustation plus qu’une bière de soif donc, qui préserve l’équilibre entre force, amertume et sucre. « Je souhaitais qu’elle plaise autant aux femmes qu’aux hommes », sourit-il. Pari réussi, son premier brassin de 35 hectolitres pour 10500 bouteilles à l’étiquette graphiquement très soignée est pratiquement entièrement écoulé. Sa bière dite « à façon » (**) a séduit des restaurateurs réputés à commencer par L’Arpège d’Alain Passard (Paris 7e), trois étoiles au Michelin. Cette première production, intervenue en 2018, a été sous-traitée auprès d’une brasserie belge, il devrait en aller différemment pour la suite. « Si un vin est attaché à un terroir, c’est différent pour la bière : là ce sont les ingrédients et la recette qui comptent. Cependant pour le second brassin je tiens à ramener la production en France et surtout que ce qui constitue 98% d’une bière, l’eau, provienne de Suresnes », projette Tristan. Les réserves du site de production de Suresnes situé en face du stade Jean Moulin seront donc mises à contribution. Le « projet passion » prend ici de l’ampleur. « Je me suis associé avec La Brasserie fondamentale, micro-brasserie parisienne, pour monter notre micro-brasserie à l’extrême sud de l’Île-de-France. Je n’ai malheureusement pas pu trouver de locaux assez vastes à Suresnes ni dans le département », regrette-t-il, tout en se félicitant tout de même que l’orge, étant produit sur place, favorisera les circuits courts auxquels il est « très attaché ».
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Folie mousse
Mais d’où vient ce projet fou chez quelqu’un de sérieux, directeur général adjoint du groupe Matmut ? « Dingue de rugby, mon attachement à la bière remonte à l’enfance. Mes parents pratiquaient l’alpinisme. Je me souviens que chaque randonnée se terminait par la dégustation d’une bonne bière », rappelle Tristan de la Fonchais. À force de porter son attention à la mousse, de se spécialiser, se documenter sur les breuvages locaux et artisanaux, l’idée d’élaborer sa propre recette a germé. Il a alors suivi une formation chez ceux qui deviendront quelques mois plus tard ses partenaires, la Brasserie fondamentale. Quant à son activité professionnelle, loin d’être un handicap, elle lui a permis de ne pas partir à l’aveuglette. « J’y suis allé prudemment en utilisant mes connaissances en économie et en droit », assure-t-il. D’autant que s’il s’ouvre énormément de micro-brasseries en France ces dernières années, beaucoup mettent aussi rapidement la clé sous la porte. Prudence ne dit pas pour autant frilosité : Tristan fourmille d’idées et songe à élaborer une recette un peu plus forte et typée et à créer des bières éphémères.
(*) terme désignant un passionné de bière
(**) bière brassée d’après une recette originale dans une brasserie de production
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Où la trouver ?
◗ LA FROMAGERIE, 9 place du Général Leclerc à Suresnes
◗ O P’TIT RESTO, 5 place du Général Leclerc à Suresnes
◗ LE VERRE SIFFLÉ, passage d’Arcole à Rueil-Malmaison
◗ SO BIÈRE CLUB, 1 bis rue de la Réunion à Rueil-Malmaison