Marina Bellot
Cela faisait longtemps que j’avais cette envie, mais je ne trouvais pas de collègue assez fou pour se lancer. » Alix Le Ménédeu a trouvé la pépite en la personne de Damian Cotea Nechifor, lui aussi professeur
au lycée Paul Langevin. Leur projet : transformer leur établissement en lycée éco-responsable. Le premier défi de ces deux passionnés d’écologie a été de faire surgir, au beau milieu de la cour de récréation, un jardin en permaculture, une méthode inspirée du fonctionnement des écosystèmes et des savoir-faire traditionnels.
Ensemble, ils ont passé des heures à ficeler leur projet, puis à convaincre des partenaires de les aider. Les premières subventions de la Région et du Syctom (l’agence métropolitaine de traitement et de valorisation des déchets ménagers) donnent le coup d’envoi.
« C’était dur, intense, mais vivre ces moments hors du commun a rapproché les élèves et créé une alchimie particulière »
Une classe de seconde est alors impliquée avec, au programme, une heure et demie de jardinage obligatoire par semaine. « S’engager pour l’environnement, ça n’était pas évident pour les élèves, témoigne le professeur de SVT. On s’est retrouvés confrontés à l’indifférence, voire au rejet. Finalement, on a réussi à semer des graines… dans tous les sens du terme ! »
Rapidement, les élèves se sont pris au jeu. Leur première mission : creuser, creuser… et encore creuser. « C’était dur, intense, mais vivre ces moments hors du commun a rapproché les élèves et créé une alchimie particulière », raconte Alix.
Six buttes de permaculture ont été construites sur un rectangle de 5 m sur 8 m, soit environ 40 m² de terrain cultivable. Puis vint le temps de semer les graines, d’installer les plants, les tuteurs… Le tout en zéro phyto, c’est-à-dire sans produit phytosanitaire et avec des graines et plants non traités ou issus de l’agriculture biologique.
Surprise : les premières fleurs apparaissent puis se transforment, sous l’oeil émerveillé des apprentis jardiniers, en fruits et légumes en pleine santé. Haricots, pois, pommes de terre, potirons, radis, bourrache, tomates, fraises…
Une impressionnante récolte, qui a permis de régaler professeurs, agents et élèves du lycée, mais aussi de conserver des centaines de précieuses graines, stockées dans une « grainothèque » pour pouvoir les resemer au printemps suivant. « Nous voulons être totalement autonomes », explique Damian.
À cet effet, des composteurs ont été installés avec l’appui de la mairie de Suresnes et au printemps l’humus maison fertilisera les jardins.
Aujourd’hui, le lycée peut se targuer d’avoir obtenu le premier niveau du label E3D (Établissement
en démarche de développement Durable). Et les deux professeurs ne comptent pas s’arrêter là : pour continuer à améliorer le cadre de vie du lycée, une pergola va bientôt voir le jour à côté du jardin. Sa construction est supervisée par trois élèves de terminale qui se sont portés volontaires et prennent
leur mission très à coeur. « L’idée est de créer un endroit cosy et tranquille, pour se sentir bien
dans son lycée », explique le trio. Choix de matériaux respectueux de l’environnement, gestion d’un budget serré, préparation du dossier de demande d’aménagement… « C’est un projet concret. C’est rare d’avoir cette liberté au lycée, se réjouissent-ils. Ils sont doués, expérimentés, ils développent des compétences
incroyables ! », renchérit la professeure d’histoire et de géographie.
Prochaine action, réalisée avec les élèves d’une classe de seconde : mettre en place le tri des déchets à la cantine. D’autres projets sont étudiés : hôtel à insectes, mare, mur végétal ou encore ruches… Le lycée n’a pas fini d’innover !
www.lyc-langevin-suresnes.ac-versailles.fr
La permaculture est une philosophie de vie
