« Une overdose émotionnelle »

octobre 2021

La Suresnoise Anne Morelli-Jagu revient sur son périple en fauteuil roulant électrique, de Suresnes jusqu’aux plages du Débarquement, et sur le formidable élan de solidarité qui l’a accompagnée.

Propos recueillis par Arnaud Levy

La route

« C’était parfois éprouvant, surtout les trois premiers jours avec la canicule ou l’orage mais après 18 mois de préparation j’étais prête et je n’ai jamais douté d’arriver au bout. J’ai été formidablement encadrée avec une synergie de compétences incroyable. Ma gratitude va au Lions Club de Suresnes (et notamment à Martine Béjot, Jean-Pierre Klossner et Hubert Thiery), la ville de Suresnes, la Croix Rouge, l’Hôpital Foch, et à tous ces bénévoles des Lions Clubs de province qui se sont relayés pour m’accompagner au fil du trajet. »

Les rencontres

«Ce fut au-delà de mes espérances. C’était phénoménal. Dans chaque commune traversée des gens m’accueillaient, m’encourageaient. J’ai compris que pour eux le handicap n’était pas un problème annexe et que souvent, eux-mêmes ou un proche étaient concernés. Je devenais leur confidente le temps d’un échange. Dans un bourg très modeste où on cherchait notre chemin, l’équipe municipale est venue m’expliquer combien la gestion était compliquée quand il faut choisir entre, par exemple, réparer le toit de l’école qui s’est effondré ou mettre aux normes un trottoir. A Lisieux, les Medico Lions avaient profité d’Un fauteuil sur la route pour organiser une collecte et remettre deux fauteuils électriques à des personnes dans le besoin. Croyez-moi : entre nous, l’émotion était palpable ! »

L’arrivée

« Au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, le Surintendant m’a remis un vrai drapeau des Etats-Unis plié en 13 selon le protocole américain. J’ai cru que j’allais me transformer en statue de sel. Entre l’immensité de ces tombes et celle de la mer toute proche, c’était saisissant. Je regardais cette mer de croix, d’étoiles et de croissants, et je me disais « Mon dieu mais quelle folie… Ces jeunes, on leur a volé leur vie… ». A Omaha Beach, nous étions à marée basse. Mais la mairie de Saint-Laurent avait préparé un fauteuil spécial et des sportifs m’ont poussée jusqu’aux flots pour que je puisse y jeter des fleurs comme je l’avais prévu… Maintenant, c’est repos. Je suis comblée mais très fatiguée. Mon médecin a diagnostiqué une « overdose émotionnelle ».»

Retrouvez les images du périple d’Anne Morelli-Jagu dans la galerie ci-dessous

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