Peut-être avez-vous déjà reconnu au détour d’une scène de film un bâtiment, une rue ou une vue de Suresnes qui vous étaient familiers ? Vous n’avez pas rêvé : Suresnes est chaque année le décor de nombreux tournages en tous genres : spots publicitaires, clips musicaux, téléfilms, films, séries, films institutionnels ou projets d’étudiants…
« Suresnes est de plus en plus réputée dans le milieu de l’audiovisuel. Le bouche-à-oreille fonctionne très bien », note Louis-Michel Bonne, adjoint au maire, qui a notamment la responsabilité des autorisations de tournage. Il détaille : « de nombreux lieux sont de plus en plus identifiés : la terrasse du Fécheray est prisée pour la vue époustouflante sur La Défense et Paris. La Cité-jardins et ses briques rouges attirent aussi les productions. Le parc du Château est également un lieu de tournage privilégié et il y a souvent des prises de vue depuis les gares de tramway de Suresnes Longchamp et Belvédère. »
Récemment, ce sont les anciens locaux d’Airbus, sur les quais, qui ont vu les tournages se succéder : en septembre, l’épisode spécial Noël de la très populaire série Fais pas fais pas ça, et il y a quelques jours encore, le prochain film de la réalisatrice Catherine Corsini, La Fracture, avec Valeria Bruni-Tedeschi, Marina Foïs et Pio Marmaï.
Les rues du quartier Liberté ont aussi attiré l’attention des équipes de Rebecca, série policière avec Anne Marvin et Benjamin Biolay prochainement diffusée par TF1 et qui était aussi filmée dans les anciens locaux de l’avionneur français. Enfin, c’est la terrasse du Fécheray que l’on reconnaîtra dans la deuxième saison de la série Astrid et Raphaëlle, avec Lola Dewaere et Sara Mortensen, sur France 2.
Deux établissements scolaires suresnois ont également servi de décor à des films que les spectateurs ont pu récemment découvrir en salles : Fahim (octobre 2019), de Pierre-François Martin-Laval, avec Gérard Depardieu, et Le Prince oublié (février 2020), de Michel Hazanavicius, avec Omar Sy, dont de nombreuses séquences ont été respectivement tournées au lycée Paul Langevin et au collège Henri Sellier.
Depardieu dans un collège de Suresnes
« Je cherchais un lieu pour reconstituer des championnats d’Ile-deFrance d’échecs et j’ai flashé sur le collège Henri Sellier avec son décor “dans son jus” et son calme, raconte le réalisateur de Fahim, Pierre-François Martin-Laval, qui a tourné près d’une semaine au sein de l’établissement. On a été super bien accueillis. Tourner dans un collège avec Gérard Depardieu et Isabelle Nanty ce n’était pas forcément évident a priori, mais on a pu travailler en toute tranquillité. »
« Le collège Henri Sellier et plus largement l’esthétique très particulière de la Cité-jardins ont séduit le réalisateur », explique de son côté la régisseuse du film Le Prince oublié, Corine Artru, qui se souvient d’un tournage particulièrement agréable : « Du début à la fin, nous avons été très bien accompagnés par l’adjointe du collège, qui a trouvé le temps et l’énergie pour nous accueillir de la manière la plus confortable possible.»
L’équipe du film ne s’est d’ailleurs pas contentée de tourner au collège, elle a aussi mis à contribution ses élèves… pour leur plus grande joie ! « La direction du collège s’est mobilisée pour trouver le moyen de les faire revenir dans l’établissement pendant les vacances scolaires et qu’ils puissent participer au tournage en tant que figurants. Elle a fait en sorte que ce soit une belle aventure, et ils ont totalement joué le jeu avec nous », sourit Corine Artru.
L’équipe a également tourné pendant deux jours dans un bus de la RATP, ce qui a nécessité de bloquer des rues et d’organiser la déviation de la ligne de bus en question. « Les équipes de la mairie ont fait le nécessaire pour que tout se passe au mieux… Même pour les demandes étranges comme «ces poteaux ne vont pas, il faudrait les faire enlever !», se réjouit Corine Artru a posteriori.
Préserver les riverains
Outre pour ses points de vue et son architecture, si Suresnes est tant recherchée par les productions, c’est aussi parce que les démarches y sont rapides et que la logistique y est parfaitement rodée. « Dès réception du dossier de demande de tournage, je lis le script et je prends connaissance de l’ensemble des documents pour donner une réponse rapide, détaille l’adjoint au maire Louis-Michel Bonne. A part en cas de scène de violence jugées trop extrêmes et nuisibles à l’image de la ville, la réponse est positive. »
Une fois le tournage autorisé par l’intermédiaire du service Vie associative, commence un travail transversal avec le service de la Voirie et la Police municipale. Car qui dit tournage dit souvent camions de production et donc encombrement de la voie publique. Pour éviter tout désagrément, une demande d’autorisation de stationnement doit ainsi être faite au minimum 3 semaines avant le tournage.
« Nous recevons des demandes pour des tournages dans les rues de la ville, parfois un peu au dernier moment, indique François Defendini, agent technique de la voirie en charge des tournages. Nous essayons de nous montrer réactifs, dans la mesure où cela ne perturbe pas la circulation outre-mesure ni les riverains. En général ça se passe bien, je n’ai aucun souvenir d’une mauvaise aventure sur un tournage. »
« Nous sommes très vigilants quant à la tranquillité des riverains», ajoute Louis-Michel Bonne. Une bonne entente que confirme Béatrice Claudepierre, interlocutrice des productions à la mairie : « Globalement, nos interlocuteurs sont très souples. Par exemple, lors du tournage du Prince oublié, une voiture était garée à un emplacement où les équipes de production avaient une autorisation de stationnement. Ils auraient tout à fait pu demander de la faire enlever, mais ils ne l’ont pas fait. Ils sont respectueux des riverains et font le maximum pour ne pas gêner. »
Et la régisseuse du Prince oublié de conclure : « je n’ai que des très bons souvenirs de ce tournage ! »
Dans les annees 60, dejà…
En avril 1968, Suresnes s’invite tous les soirs sur la première chaîne de l’ORTF. La série télévisée Les Demoiselles de Suresnes suit, pendant 26 épisodes de 13 minutes, les aventures professionnelles et amoureuses de Sylvette et Mireille, deux sœurs orphelines élevées par leur grand-mère