Cité-jardins. Sous le soleil hivernal, Michel Delhorbe nous ouvre les portes de son coquet pavillon tout de briques rouges avant de nous emmener découvrir le joli jardin où il jouait avec ses frères et sœurs. « Mes parents sont arrivés ici dans les années 1940. Ils voulaient un pavillon, eh bien ils l’ont eu grâce à Henri Sellier ! », sourit-il en montrant les initiales HS gravées sur certaines des briques (lire ci-dessous).
« Mon père était gardien de la paix, ma mère s’occupait de ses 7 enfants et des travaux domestiques, raconte Michel. Elle lavait les couches, les vêtements et les draps à la main, dehors. Et puis à l’époque, nous n’avions pas de salle de bain, alors une fois par semaine elle apportait un grand baquet d’eau dans lequel nous faisions notre toilette. Et pourtant on a bien vécu, on avait tout ce qu’il fallait. »
Moules-frites, bals de rue et fanfare
Une enfance joyeuse entre les cours à l’école Henri Sellier et les jeux au grand air : « Dans ma rue, il n’y avait que des familles nombreuses. Tous les enfants jouaient dehors. On allait chercher du sable avec une brouette au fort du Mont-Valérien et nous, les garçons, on jouait au tour de France avec des billes qui représentaient les coureurs ! Parfois on allait à pied jusqu’au bois de Saint-Cucufa. »
Michel se souvient aussi des sorties en famille au Père Lapin, à l’époque une cantine ouvrière où l’on se régalait de moules-frites à la bonne franquette, et puis des bals de rue, de la fanfare de Suresnes qui célébrait le Nouvel An, et des fameuses fêtes des vendanges avec ses impressionnants défilés de chars et ses majorettes…
« Le viticulteur de la ville venait régulièrement au magasin chercher du fil de fer, rappelle Michel, devenu à 15 ans vendeur à la quincaillerie de la Cité-jardins. J’y ai fait 42 ans de service ! J’ai vu passer un certain nombre de célébrités, dont Mouloudji, Guy Béart, Marcel Amont, Lino Ventura… »
Aujourd’hui retraité, l’octogénaire n’a jamais quitté le pavillon où il est né, qu’il a transformé au fil des ans : « J’ai fait construire une grande salle de bain, agrandi la cuisine, mis des volets et du double vitrage… », énumère-t-il. Des améliorations qui n’ont rien enlevé à l’âme du lieu, chargé de souvenirs précieux.