Mélodies en ovalie

juin 2022

Mise en sourdine pendant quelques années, la banda du RCS refait vibrer les gradins du stade Jean Moulin, notamment grâce à des groupes invités, mais les bonnes volontés sont les bienvenues. Retour sur une épopée « musicale ».

Texte : Stephane Legras

Commençons par lever toute ambiguïté, nous ne sommes pas en présence de concertistes de l’orchestre philharmonique de Radio France. Ces amateurs de rugby, maîtrisant avec parfois une fraîche approximation leurs instruments, avaient une mission simple en créant la banda du Rugby Club Suresnois (RCS) : mettre l’ambiance. La banda, principalement des cuivres et des percussions, trouve son origine dans la tauromachie, le Sud-Ouest et l’Espagne et repose sur quelques « tubes », les « passos ». Celle du RCS tente de retrouver des couleurs, notamment grâce à des contributions extérieures.
Trois ans après la naissance du club (1975), la banda voit le jour au stade (qui porte encore à l’époque le nom de Salvador Allende) à l’instigation de deux joueurs, Christian Garay et Gérard Larrey. Une de ses figures, Patrick Roth rappelle un détail important : « Plusieurs joueurs et dirigeants étaient originaires du Sud-Ouest. » Terre où l’ovalie est reine, et les orchestres, des princes qu’on sort pour mettre le feu aux tribunes.

Un saxophone et une grappe de raisin pour logo

D’ailleurs, dès lors le logo du club comprend un saxophone mais aussi une grappe de raisin puisque ses joueurs participent chaque année aux vendanges de la vigne de Suresnes. La première formation, composée de joueurs, arbore pantalon de boucher et blouse d’auvergnat. « Nous apprécions boire un petit coup de rouge plus que de bière et ce tissu a le grand avantage de ne pas tacher », sourit malicieusement Patrick Roth.

La banda participait bien sûr à la 3e mi-temps. Pour assurer l’ambiance pendant les deux premières, « les membres de l’équipe une et de la réserve se relayaient pendant les matchs », rappelle Patrick, l’un des rares véritables musiciens. Alors pilier gauche et toujours préposé au tuba, il assume parler de « bruit » plutôt que d’harmonie.

La banda recrute

Leurs instruments aussi ont une histoire. « L’hôpital psychiatrique de Lannemezan, dont était originaire Christian Garay mettait fin à un atelier musical et revendait les instruments. Nous nous sommes portés acquéreurs », se souvient Patrick.
Ils se prennent au jeu, qu’ils n’améliorent pas forcément – « on jouait toujours très mal », mais faisant sensation, même en Angleterre, et se diversifient. « Nous avons décroché un contrat pour animer des villages du Club Med l’été ou pour jouer lors des matchs du tournoi des Cinq nations de l’équipe de France. »
L’orchestre se met en sommeil à partir des années 2000, ses membres quittant la région parisienne. Mais depuis quelques années, sous l’impulsion de l’ancien pilier, les bandas remettent de la fête dans les travées de Jean Moulin. « Nous accueillons deux orchestres extérieurs auxquels nous nous mêlons moi et un musicien du club. » L’une composée d’étudiants à Normale sup, et l’autre plus carrée puisque formée par des étudiants d’une école de musique.
Envie d’animer les tribunes la saison prochaine et de donner de l’élan aux joueurs du RCS qui vient de terminer 9e de son championnat Nationale ? La banda recrute…
Contact : p_roth@hotmail.fr

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