Au coeur de la Cité-jardins de Suresnes, l’Esat (établissement et service d’aide par le travail) accueille 70 personnes en situation de handicap intellectuel, mental et psychique, avec un objectif d’épanouissement au travail et d’accomplissement de leur projet professionnel. Depuis un an, une dizaine de ces travailleurs sont épaulés, une heure par semaine, par des bénévoles de La Courte Echelle, association spécialisée dans l’accompagnement scolaire. « Certains travailleurs ont un vécu douloureux avec l’école, explique la psychologue de la structure, Véronique Rondot, conseillère municipale à l’initiative de ce partenariat. Une fois dans ce milieu protégé, l’envie leur vient de reprendre les bases et ainsi d’acquérir plus d’autonomie. »
Le pari n’était pas gagné d’avance : « Nos bénévoles ont l’habitude d’intervenir auprès de jeunes dans le cadre scolaire, rappelle Michel Dupire, le président de l’association. C’est une expérience qui peut paraître très différente, d’autant que le mot “handicap” peut faire peur. » Une dizaine de bénévoles ont décidé de se lancer dans l’aventure. Ils accompagnent ainsi un travailleur, une fois par semaine, au sein de l’Esat. Des séances d’environ une heure, sans programme contraint ni objectif de résultat, pendant lesquelles les bénévoles s’adaptent aux besoins et envies des travailleurs. « A la différence des enfants, la demande est spontanée, souligne Gérard Richet, l’un des bénévoles. Dès que la relation de confiance s’établit, ça fonctionne très bien. » Avec Jérémy, son binôme, il échange autour de ses centres d’intérêt, l’aide à faire des recherches informatiques, l’entraîne à rédiger des CV… « On parle de cinéma, on fait des maths… J’ai appris beaucoup de choses avec mon bénévole », sourit l’intéressé.
Une initiative qui rend heureux
Les situations et motivations de chacun sont différentes, mais le tutorat se révèle toujours enrichissant. « J’ai un petit garçon de 13 ans et j’ai du mal à l’aider pour ses devoirs… témoigne Stéphanie, étreinte par l’émotion. Ça m’apporte beaucoup. » De son côté, Aliénor voit dans « son » bénévole une figure rassurante : « Ça me donne confiance en moi. Il m’a, par exemple, aidée pour le code de la route ». « Moi, ça me détend, lance Isabelle. J’aimerais qu’il y ait un deuxième jour dans la semaine ! » « Bénévoles et travailleurs ont réussi à créer une relation d’adulte à adulte. Peu à peu, un lien s’est tissé, une complicité est née de chaque binôme », se réjouit Véronique Rondot. « Le bilan est très positif, confirme Hélène Millet, la conseillère en économie sociale et familiale de l’Esat chargée de suivre le partenariat. Les travailleurs sont archi-motivés par ces rendez-vous hebdomadaires et nous avons une longue liste d’attente. »
Pour permettre à tous ceux qui le souhaitent d’être accompagnés, La Courte Echelle lance un appel aux vocations, avec des mots qui résument toute la philosophie de cette action : « L’apprentissage réciproque de la différence ne s’enseigne pas, il se partage. »