Pendant la Coupe du monde, le stade Maurice Hubert a attiré des journalistes du monde entier, des Etats-Unis à l’Inde en passant par le Brésil… Et pour cause : c’est sur cette pelouse que celui qui est considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs milieux de terrain du monde a touché ses premiers ballons.
Contrairement à d’autres grands joueurs qui ont quitté très tôt leur club d’enfance pour rejoindre un centre de formation, N’Golo Kanté, lui, y a fait ses classes pendant près de dix ans. Sa performance lors de la coupe du Monde de 2018 et l’exposition médiatique qui l’a accompagnée ont sonné comme une belle reconnaissance du travail de formation de ce club fondé en 1936.
C’est avec joie et fierté que tous ici ont vu « l’enfant du club » sacré champion. Certains jeunes ont même eu la chance d’aller assister à la retransmission du quart de finale à l’Elysée, tandis que d’autres ont participé au cocktail organisé le jour de la réception de cette équipe de France dont le n°13 les avait tant fait vibrer.
« N’Golo est un garçon humble, discret, d’une grande force morale, travailleur et d’une grande rigueur », souligne Jean-Louis Brunin, membre du comité directeur.
Tout le monde a sa chance
Autant de qualités qu’ont à coeur de transmettre les soixante éducateurs professionnels de la JSS. « Notre système d’éducation au foot tient en trois mots : rigueur, respect, plaisir », poursuit le dirigeant. Un triptyque gagnant si l’on en croit les chiffres : de 500 licenciés il y a cinq ans, le club en compte aujourd’hui plus de 1100, dont 57% de Suresnois. « Un bon pourcentage, sachant que le club est au carrefour de plusieurs communes, rapporte Laurent Daydé, secrétaire général de la JSS. Certains jeunes qui s’échappaient vers Nanterre ou Puteaux reviennent ici. »
Un succès qui s’explique notamment par la volonté d’ouverture à tous qu’affiche le club : « On offre sa chance à tout le monde, quel que soit le niveau, contrairement à d’autres clubs qui opèrent une sélection pour améliorer leurs résultats sportifs », explique Laurent Daydé.
Autre particularité du club de Suresnes : la mise en place, il y a cinq ans, d’équipes féminines. « On est en progression massive, avec actuellement une centaine de licenciées, se réjouit le secrétaire général. L’an dernier, les filles en U13 (en-dessous de 13 ans) ont remporté la coupe des Hauts-de-Seine, et les U19 (en-dessous de 19 ans) ont réalisé un beau parcours en coupe de Paris. »
En 2016, quand N’Golo Kanté est passé de Caen à Leicester City, la JSS a touché 330 000 euros, conformément au principe de la FIFA selon lequel le club formateur reçoit une dotation lors du premier contrat signé dans une autre fédération. Une somme conséquente qui a permis au club de faire l’acquisition de deux minibus, de buts mobiles pour les entraînements, de guérites de bancs de touche… Un vrai plus pour tous, enfants, parents et éducateurs. « Avec cette dotation, nous avons aussi pu faire partir les enfants dans des tournois à l’étranger pendant deux ans, en Pologne, aux Pays-Bas, en Belgique… On a essayé de leur faire découvrir d’autres horizons », sourit Jean-Louis Brunin.
Des moments de partage qui ont contribué à souder encore davantage les membres de ce club à l’esprit familial.
Le club de la Jeunesse Sportive de Suresnes fut fondé en 1936. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, un petit stade fut construit à Suresnes, qui prit le nom de Maurice Hubert, un ancien dirigeant de la JSS, martyr de la Résistance. L’équipe première joua en 1ère division de 1945 jusqu’en 1953, où elle descendit en Promotion de 1ère division.
Le club, actuellement présidé par Sylvain Porthault, licencié depuis 40 ans, a reçu les Labels FFF École de foot féminine niveau argent, et École de foot masculine jeune espoir. Toutes les catégories se maintiennent dans leur championnat.