Histoires de familles en confinement

août 2020

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55 jours, 1320 heures et 79200 minutes de confinement. Voici la durée exacte de la période historique que nous avons traversée. Le Centre social Suresnes Animation, le MUS (Musée d’histoire urbaine et sociale de Suresnes) et les Archives municipales, lancent l’opération «Histoires de familles en confinement ».

L’objectif ? Recueillir les témoignages de Suresnois au travers d’anecdotes ou d’objets qui les auront  accompagnés et les partager lors de deux expositions.

Texte : Sabine Cadéus Photos : Marine Volpi

Le 16 mars 2020, le couperet tombe : pour endiguer la propagation du Covid19, nous voilà engagés pour 55 jours de confinement. Expérience surréaliste pour le pays et Suresnes ne fait pas exception : il n’y a plus aucun bruit dans les rues. La nature ayant horreur du vide, la vie (confinée) reprend ses droits et avec elle, de nouveaux compagnons du quotidien font leur entrée : l’autorisation de sortie, l’apprentissage des gestes barrières, la pratique d’un sport individuel autorisée à 1 km de son domicile…
À l’intérieur, le confinement est un tourbillon d’émotions : le son familier des applaudissements, gage de reconnaissance des Suresnois envers le personnel de l’hôpital Foch à 20h tapantes, coïncide avec le retour en grâce des réseaux sociaux et outils de téléconférence, devenus le meilleur moyen de conserver le lien avec l’école, le travail et les proches…

Le lundi 11 mai marque la fin de cette parenthèse si particulière que certains qualifient d’historique. C’est pourquoi, le Centre social Suresnes Animation, le MUS et les Archives municipales ont décidé de lancer « Histoires de familles en confinement ».

Le but : aller à la rencontre des Suresnois, pour conserver la mémoire de leur confinement et partager leurs expériences au travers de deux expositions (l’une, itinérante, au sein des structures de Suresnes Animation et la suivante, au Mus au printemps 2021). La collecte des témoignages a commencé samedi 6 juin, à la maison de quartier des Chênes. Nous avons recueilli les propos des deux premières familles venues échanger.

Laïla: « Le plus grand défi aura été la gestion des devoirs»

Laïla Lakhmyess, éducatrice spécialisée et mère de 3 enfants, habite la résidence des Très Bourgeois. Présente avec ses deux fils, Reda et Sofiane, elle fait part de son ressenti. À l’observer, on saisit très vite que le confinement a dû être un supplice pour cette femme pétillante, dont le sens du contact est évident.

« Le confinement ? C’était terrible pour moi ! J’ai grossi, mes enfants ont grossi… Mais enfin, regardez-moi ! » plaisante-t-elle. « Mon mari étant contraint de rester à l’étranger, (ndlr au Maroc, confiné jusqu’au 10 juin) j’ai géré cette situation avec beaucoup d’appréhension. Le pire étant le climat de peur qui régnait. Les nouvelles peu réjouissantes à la télévision, avec le chiffre des contaminations qui ne cessait d’augmenter, les queues interminables devant les magasins, le silence dans les rues… Par chance, certaines de mes amies travaillant à l’hôpital Foch ont levé mes inquiétudes par rapport au Covid-19 », se souvient-elle.

Dans ce contexte, les réseaux sociaux ont été de précieux alliés : « Le plus grand défi aura été la gestion des devoirs à distance : heureusement, la région a pu nous prêter un ordinateur, qui fut très utile. Ayant deux fils, l’un au collège et l’autre à l’école primaire, j’ai passé le plus clair de mon temps sur les plateformes de continuité pédagogique », déclare-t-elle.

Pour gérer les différents moments de la journée, Laïla choisit de compartimenter : « Une chambre était dédiée aux devoirs, tandis que l’autre laissait la place à Netflix et à la Nintendo Switch, pendant que je m’occupais des repas. C’était éreintant.»

◗ Son meilleur souvenir : « Sans hésitation, les moments de détente avec les enfants. »

◗ Le confinement en un mot : « Fatigue. J’ai chéri les courts instants où je pouvais me reposer. »

◗ Ce qui a changé depuis : « Nous reprenons petit à petit un rythme normal et apprécions encore plus les promenades et sorties. Je me sens d’autant plus motivée à reprendre les projets professionnels laissés en suspens suite à l’annonce du confinement. »

 

Kahdija: « Au début c’était la panique…»

Kahdija Bel Aouad, assistante maternelle, mariée et mère de 4 filles, habite Suresnes depuis plus de 20 ans. Elle est venue témoigner accompagnée de Safa, 12 ans, qu’elle appelle affectueusement « la petite dernière ». Pour elle, le confinement a été un véritable ascenseur émotionnel.

« Au début, c’était la panique totale. De nombreuses questions se bousculaient dans ma tête : comment allait-on gérer les enfants et le fait de ne plus pouvoir sortir ? Comment faire pour le travail ? », explique Kahdija. Une fois l’angoisse passée et après avoir accepté que cette situation allait durer, elle décide de s’organiser.

« Nous sortions très peu et faisions nos provisions à moins d’1km de chez nous. Nous avons établi un protocole à suivre lors de nos rares sorties : port de chaussures interdit à l’intérieur, retrait des vêtements, lavage systématique des mains… Nous avons passé beaucoup de temps à répéter les gestes barrières, afin que nos enfants restent vigilants. »

Elle admet avec humour avoir cédé à l’appel du paquet de pâtes : « J’en ai acheté plus que d’habitude et il s’avère que le surplus est encore dans nos placards », s’esclaffe-t-elle, une main sur la joue. Elle reconnaît que les journées se vivaient à un autre rythme :« Nous étions tous perturbés, notamment dans nos rythmes de sommeil. Heureusement, nous avions quelques repères : les « séances de sport au balcon », dispensés par Ismail Ichaoui*, les appels visio quotidiens avec nos proches, les repas de famille, les devoirs à distance… Nous glanions beaucoup d’informations via les réseaux sociaux et la télévision. Notre chat, Shams (« soleil » en arabe) a été notre mascotte tout le long du confinement. »

(*coach sportif et jeune entrepreneur suresnois appuyé par le collectif solidaire des Chênes, qui a proposé des séances de sport collectif par balcons interposés durant le confinement)

◗ Son meilleur souvenir : « Les repas en famille, auxquels même le chat participait. »

◗ Le confinement en un mot : « Dehors. C’était mon obsession, de toute évidence ! »

◗ Ce qui a changé : « J’ai découvert que j’étais assez bonne pâtissière et constate avec joie que la solidarité est toujours manifeste dans le quartier. Autrement, je me suis remise à la couture, passion que j’avais délaissée », déclare celle qui a cousu des centaines
de masques pour ses amis et voisins.

VOUS SOUHAITEZ PARTICIPER ?

Venez rencontrer les équipes de Suresnes Animation sur rendez-vous, pour témoigner. Un studio photo sera installé pour l’occasion ! Adressez vos contributions (textes, photos, dessins, vidéos, bandes sons, objets) et déposez-les dans une structure de Suresnes Animation, aux Archives municipales, au MUS ou par mail à histoires2confinement ( @ ) gmail.com.

N’hésitez pas à laisser parler votre créativité : plus les objets et textes partagés seront inspirants, plus ils auront de chance d’être sélectionnés par le MUS !

Pour plus d’informations et connaître les contacts par quartier, rendez-vous sur Suresnes.fr.

CES « OBJETS CULTES » DU CONFINEMENT (ET D’APRÈS…)

LE GEL HYDROALCOOLIQUE

Tube si familier à l’odeur souvent « pleine de caractère », il assure une hygiène des mains optimale, lorsque eau et savon sont inaccessibles

LE MASQUE

Accessoire désormais indispensable dont l’objectif n’est pas de protéger notre identité secrète, mais de nous préserver et préserver les autres de la contamination.

L’ATTESTATION DE DÉPLACEMENT DÉROGATOIRE

Document imprimé ou écrit (plus ou moins lisiblement)  à la main attestant du bienfondé de notre sortie. Extrêmement précieux en cas de contrôle.

 

L’ORDINATEUR

Agent double à la fois meilleur allié du télétravailleur et outil indispensable pour retrouver famille et amis autour d’un apéro dînatoire.

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