En ce mercredi, Stéphane est comme à l’habitude derrière son stand place du général Leclerc, interpellant ses voisins avec jovialité. « Des copains devenus ma famille avec lesquels on casse la croûte après le marché», se plaît-t-il à préciser. Entre parkas et blousons, pulls et jeans, son visage souriant est bien connu des Suresnois.
Une poignée de main par ci, une autre par là, on vient le saluer et converser. Présent sur les marchés de Suresnes depuis 41 ans, il en connaît du monde et en a habillé des familles !
« J’ai toujours eu des vêtements élégants et de belle fabrique. J’ai habillé trois générations. Quand des clients me disent que je les ai habillés petits et qu’ils m’amènent leurs enfants, ça me va droit au coeur ».
Nostalgique des années 80 et 90 Arrivé en octobre 1978, cet homme né en Algérie en 1953 et venu en France en 1962 a vu le marché évoluer.
«Quand on a vendu aux Puces on peut tout vendre. »
« Au début, c’était difficile de trouver un emplacement. C’est grâce à une dame âgée qui me faisait de la place en dégageant ses cageots que j’ai pu démarrer. J’en garde un merveilleux souvenir». Dans les années 80 et 90, les affaires marchaient bien. Il ne vendait que des marques françaises dont Tony Boy.
« C’était les meilleures années de ma vie. Je n’avais pas de concurrence. Les gens venaient dépenser leur paye sur les marchés. Certains m’attendaient même à 6h30 quand je déballais mes affaires ». Depuis, internet est arrivé et a changé la donne.
« Aujourd’hui, les gens comparent les prix sur le web et ne viennent ici que s’ils ne trouvent pas ailleurs », confie-t-il, précisant que ses ventes ont diminué de 30%. « Si je reste ici, c’est uniquement parce que les gens me connaissent et me font confiance. Et que je ne quitterais pour rien au monde cette ambiance si bon enfant des marchés et le contact avec la clientèle qui vient me saluer, même si elle n’achète pas. »
Du métier, il en a ! Lycéen, il a commencé aux Puces, dans une boutique de prêt-à-porter masculin. «Quand on a vendu aux Puces on peut tout vendre. » Malgré un Bac + 2 en gestion, il n’a pas pu continuer ses études. « Mes parents avaient tout perdu et devant gagner ma croûte, je me suis lancé dans les marchés. C’est ainsi que j’ai démarré à Suresnes à mon propre compte en 1978 avec la mode pour
enfants. »
Aujourd’hui, Stéphane fait six marchés par semaine, et sur son temps libre, joue aux échecs, se balade dans le vieux Paris… et s’occupe de ses trois petits enfants, que bien sûr il habille.