JOSE FORTURA, artisan bottier dans l’âme

décembre 2020

Le cordonnier du coeur de ville officie depuis 36 ans dans la même enseigne, devenue la sienne après qu’il y ait débuté comme employé.
Texte : Pauline Garaude Photo : Mathilde Gardel

Le nez sur la cambrure de la chaussure, José Fortura l’observe comme s’il allait restaurer un objet d’art. « Cordonnier, c’est un métier d’artisan. Et dans artisan, il y a « art ». Un bon cordonnier sait recréer une chaussure abîmée, lui redonner vie et fait preuve de finesse pour que les finitions soient parfaites. » Dans ses mains, une vieille paire de talons aiguilles que la cliente donnait pour morte.
Qu’il ait une paire de Louboutin ou de chaussures avec des semelles crantées ou en plastique, il connaît toutes les techniques. « Je continue d’apprendre mon métier chaque jour », s’amuse-t-il. « A chaque nouvelle mode, mes techniques progressent. On tâtonne, on essaie, on se refile des tuyaux entre collègues », raconte ce quinquagénaire dynamique, cordonnier depuis ses 20 ans. La tendance du moment lui plaît. « On ne jette plus, on répare. Les clients ressortent de vieux modèles, achètent en brocante et me confient leurs chaussures. Le cuir qui parfois n’a pas du tout été porté est sec et il y a un gros travail à faire pour lui redonner sa souplesse ». Récemment, il a rehaussé une semelle de 2 cm pour une jeune fille handicapée qui maintenant peut marcher normalement. « Quand j’ai vu le sourire de la petite, ça m’a réjoui ».

Un heureux hasard
Arrivé dans le métier un peu par hasard, José, né à Paris en 1964, a passé son bac puis a arrêté là ses études. « Un ami cordonnier m’a mis le pied à l’étrier et c’est comme ça que j’ai démarré ». Après deux années passées chez Le bottier parisien, il voit une annonce d’un cordonnier suresnois. Ainsi commence l’aventure, en 1984, jusqu’à ce que José reprenne l’affaire en 1998. Quel que soit l’état dans lequel arrivent sacs et chaussures, il leur redonne vie. Et les clés, c’est avec la même minutie qu’il les refait. Une activité de son prédécesseur et qu’il a poursuivie. Aujourd’hui, il gère seul son affaire, parfois aidé par sa fille ou son fils. Pour recevoir la clientèle ou coller une semelle, le père a transmis les rudiments et c’est une affaire familiale qui roule !

Cordonnerie Clés Minute. 11 allée du 8 mai 1945.
Tél. : 01 40 99 10 01. Du mardi au dimanche. 9h-13h et 14h-19h

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