Du 5 au 30 novembre, les Suresnois étaient invités à accorder handicap avec compréhension, partage et ouverture d’esprit dans le cadre du mois du handicap, un programme de sensibilisation et d’animations gratuites et variées. Mais c’est tout au long de l’année que Ville, associations, institutions et entreprises locales agissent pour faciliter l’intégration des personnes handicapées.
Textes : Stéphane Legras, Thierry Wagner
Le mois du handicap est un temps fort du calendrier des événements suresnois (voir programme ci-dessous). Il mobilise et met en lumière de nombreux acteurs publics, privés et associatifs qui contribuent au quotidien à ce que les Suresnois en situation de handicap puissent vivre dans leur ville comme ils le souhaitent, de la manière la plus fluide possible.
Parler de « personnes en situation de handicap » plutôt qu’ « handicapées » n’est pas une coquetterie de langage ou une politesse maniérée. Longtemps cantonné dans une problématique médicale et d’accessibilité des lieux publics et de la voirie en fauteuil roulant, le handicap se redéfinit aujourd’hui dans sa dimension d’accompagnement social et d’adaptation de la société à l’inclusion de ces concitoyens confrontés à une déficience, une incapacité, permanente ou non, qui peut être d’ordre physique mais aussi, et le plus souvent, psychique… et invisible !
Le regard et les mentalités évoluent. Le problème ne serait donc pas tant la personne « handicapée » elle-même, que la société qui se trouverait « inadaptée » à l’inclusion de la différence, à tout âge, comme l’explique Florence de Septenville, adjointe au maire déléguée aux seniors et au handicap.
Les services municipaux et le centre communal d’action sociale s’emploient à favoriser cette inclusion au coeur d’un réseau particulièrement actif à Suresnes, dont l’ESAT « Les ateliers de la Cité-jardins » et l’INSHEA ne sont pas les moindres acteurs.
Pilote du dispositif de parrainage « Objectif Emploi », la Ville mobilise toujours plus d’entreprises plus l’apanage du seul secteur public et de nombreuses entreprises suresnoises n’ont pas attendu leurs obligations légales pour intégrer la volonté d’inclusion à leur philosophie et à leur responsabilité sociétale.
Cela méritait bien un coup de chapeau dans Suresnes Mag.
Mois du handicap à Suresnes
Du 5 au 30 novembre, des événements ouverts à tous.
✔ Exposition « Le jour où j’ai réussi à »
Les jeunes accompagnés par le Sessad Premières Classes* de l’association AFG Autisme présentent leurs
créations, à l’occasion du 10e anniversaire du Sessad.
* Sessad : Service d’éducation spécialisée et de soins à domicile
➜ du 5 au 7 novembre de 12 h 30 à 18 h, et le 8 novembre de 10 h à 15 h. Galerie Artcad, esplanade des Courtieux. Entrée libre
✔ Foot Fauteuil au gymnase Aubry
Initiation et matchs mixtes, venez essayer ! En partenariat avec l’association Nanterre Foot Fauteuil,
l’association Cécile Sala, le Lions Club, la Jeunesse Sportive de Suresnes et le service des Sports.
➜ Vendredi 15 novembre, de 18 h à 20 h. Gymnase Aubry (stade Maurice Hubert), 21 avenue Alexandre Maistrasse à Rueil-Malmaison. Entrée libre
✔ « Opération pervenches » à destination des enfants
Sensibilisation des enfants aux problématiques de l’accessibilité en ville au cours d’une déambulation d’1h15 en ville, encadrée par 6 animateurs de l’association Mobile en Ville.
➜ Mercredi 27 novembre à 14 h (au départ du restaurant municipal, 8 rue Gambetta). Inscription indispensable (nombre de places limité) : 01 41 18 69 91 ou cgrandiere@ville-suresnes.fr
✔ « Écoute mes mains »
Ateliers proposés par l’association Mobile en Ville (durée 1 h) : Culture et surdité (visionnage de 3 vidéos, temps d’échanges), Écoute mes mains (initiation à la langue des signes française), Mes yeux pour entendre (initiation au langage parlé complété).
➜ Mercredi 27 novembre, à 16 h. Restaurant municipal, 8 rue Gambetta. Tout public. Inscription indispensable (nombre de places limité) : 01 41 18 69 91 ou cgrandiere@ville-suresnes.fr
✔« Autrement capable »: initiation aux premiers secours adaptée aux personnes en situation de handicap
Les formateurs de la Croix-Rouge ont adapté l’initiation aux premiers secours pour les personnes en situation de handicap visuel ou moteur (à partir de 12 ans). Les accompagnateurs sont les bienvenus.
➜ Samedi 30 novembre à 10 h. Salle de cinéma du centre de loisirs des Landes, chemin de la Motte. Inscription indispensable avant le 15 novembre : 01 41 18 69 91 ou cgrandiere@ville-suresnes.fr
3 questions
FLORENCE DE SEPTENVILLE
Adjointe au maire déléguée aux Seniors et au Handicap
Suresnes mag : Pourquoi Suresnes s’implique-t-elle ainsi en faveur du handicap ? Florence de Septenville :La seule obligation légale des communes est la création d’une commission communale pour l’accessibilité et ce qui en découle en matière de bâtiments publics et de voirie. L’hébergement, l’insertion sociale et les aides financières auxpersonnes en situation de handicap sont des missions confiées par la loi aux Départements.
Mais dans ce domaine comme dans d’autres, la proximité est un facteur important, tant pour le contact avec les personnes concernées que pour la coordination du réseau local de terrain qui agit en leur faveur.
La Ville peut faciliter l’installation et le travail de ces acteurs. C’est presque une tradition à Suresnes. De ce fait, les services du CCAS de Suresnes sont compétents pour y arriver et ont le coeur à le faire.
Qu’attendez-vous du mois du handicap ? F. de S. : Il ne s’agit pas seulement qu’une fois par an les personnes en situation de handicap se sentent reconnues dans leur ville. On parle beaucoup d’inclusion, un peu partout, mais peu de gens savent vraiment ce que cela implique.
La Ville a un rôle de sensibilisation important pour que l’ensemble de la population se sente concerné, non seulement pour mieux comprendre ses voisins en situation de handicap, mais aussi pour prendre conscience que ce qui est fait pour faciliter leur quotidien peut aider chacun d’entre nous lorsqu’un accident ou la maladie nous fragilise ponctuellement ou durablement.
Percevez-vous une évolution des mentalités dans ce domaine ? F. de S. :On a toujours peur de ce qu’on ne connaît pas. Plus on en parle, plus c’est proche, plus on est prêt à accepter la différence. D’où l’importance de l’inclusion de cette différence dans le milieu ordinaire, scolaire, de loisir, mais aussi dans celui du travail et chez les seniors. Si vous acceptez le handicap des autres naturellement, vous réagissez de façon beaucoup plus positive et vous permettez à ces personnes de se sentir intégrées.
8,62%
C’est le pourcentage d’agents reconnus comme travailleurs handicapés parmi le personnel communal de la ville de Suresnes, dépassant le seuil légal de 6 %.
Initiatives suresnoises
Rendre la ville accessible
Dès 2001, la Ville s’est engagée en signant une charte « Ville- Handicap » précisant les principes et mesures concrètes à mettre en oeuvre pour une inclusion au quotidien des personnes en situation de handicap mental, moteur, psychique ou sensoriel dans la cité.
Chaque année, elle peut ainsi témoigner devant les associations en lien avec le handicap des actions entreprises concernant les personnes en situation de handicap. Depuis 2008, toutes les communes de plus de 5 000 habitants ont eu pour obligation de créer une Commission communale pour l’accessibilité (CCA) dressant un bilan annuel de l’avancée des travaux programmés en matière d’accessibilité et de toutes les actions en faveur des personnes en situation de handicap.
La situation en matière de logement adapté et de transports publics est également détaillée. Début 2019, 40% des établissements communaux suresnois recevant du public étaient considérés comme accessibles à une personne à mobilité réduite (33 sur 83). Côté voirie, la Ville établit actuellement un calendrier d’aménagement de ses 56 kilomètres de voies communales afin de les rendre accessibles à tous les publics (aménagements des trottoirs, places de stationnement, modules sonores sur les carrefours…).
Cela ne se voit pas mais…
Le champ du handicap ne peut se réduire à la problématique de la mobilité en ville. La Maison départementale des personnes handicapées de Nanterre (MDPH) qui délivre les reconnaissances administratives de handicap a recensé 2895 bénéficiaires de prestations ou orientations à Suresnes en 2018.
Parmi eux, 93 % d’adultes. Un chiffre en augmentation du fait de la reconnaissance plus fréquente du handicap psychique, souvent invisible. Les différents services de la Ville oeuvrent de manière conjointe pour favoriser l’accès de tous à l’école, aux loisirs, au sport, à l’emploi, aux droits et à la santé et pour réfléchir en termes de parcours de vie.
En 2018, 16 enfants en situation de handicap ont été accueillis dans les établissements d’accueil du jeune enfant. Cent-dix-neuf enfants en situation de handicap étaient scolarisés au sein des écoles, collèges et lycées suresnois.
Les éducateurs sportifs de la Ville ont pu sensibiliser 200 élèves de primaire aux difficultés liées au handicap. Le service Emploi est chargé du suivi et de l’accompagnement des entreprises en matière de clauses d’insertion dans les appels d’offres publics.
Le centre communal d’action sociale (CCAS) assure la coordination de tous les acteurs. Les personnes qui en ont besoin peuvent y trouver des conseils, une orientation vers des partenaires ou un accompagnement.
Il joue un rôle moteur au sein d’un réseau local dont les acteurs, institutionnels ou associatifs, ont tous l’inclusion pour maître mot.
Avant, pendant, après l’école
Suresnes compte 2000 enfants de moins de trois ans. Mille d’entre eux sont accueillis en crèche ou fréquentent une structure d’accueil du jeune enfant. En 2018, elles ont accueilli régulièrement 16 enfants reconnus en situation de handicap.
Les équipes des secteurs Petite enfance et celles du Périscolaire de la Ville ont mis en évidence la nécessité
de mettre au point des protocoles et outils d’accueil et de suivi communs pour favoriser la continuité de leur parcours de vie. Ainsi, le dispositif « handi’passerelle » a permis d’accompagner leur entrée à l’école et
d’anticiper avec les parents l’accompagnement nécessaire à l’inclusion de ces enfants sur les temps périscolaires et extrascolaires (avant la classe, pendant la pause méridienne, après la classe et dans les accueils de loisirs du mercredi et des vacances).
Formations spécifiques
En 2019, la Ville y accueille 49 enfants en situation de handicap et une centaine en situation difficile ou nécessitant un accompagnement particulier. Les équipes d’animations sont progressivement formées aux différents types de handicap et à leur prise en charge.
Trente-quatre ATSEM (Agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles) ont également pu à ce
jour bénéficier d’une formation spécifique sur l’accueil des enfants en situation de handicap ou présentant
des troubles spécifiques. Par ailleurs, l’équipe du Programme de réussite éducative de la Ville (PRE), accompagnant les enfants présentant un signe de fragilité (une difficulté scolaire, relationnelle, de santé…) passagère ou durable, travaille actuellement au développement d’une passerelle entre le CM2 et le collège, et notamment en lien avec la référente handicap du service des Activités périscolaires et éducatives.
“ L’inclusion à l’école des enfants en situation de handicap est un sujet capital, tout comme l’accompagnement des familles pendant la période de diagnostic. En collaboration avec les équipes éducatives et tous les intervenants responsables de la prise en charge, la Ville joue un rôle important pour permettre la réussite éducative de chacun, notamment à travers la formation des agents, également grâce au Programme de réussite éducative dont la mission est toutefois principalement centrée sur le développement de méthodes permettant l’apprentissage des acquis fondamentaux. Nous réfléchissons en permanence à améliorer nos actions pour les enfants en situation de fragilité. » Muriel Richard, adjointe au maire déléguée aux Affaires scolaires, à l’Action éducative et à l’Action périscolaire ”
Enseignement supérieur
L’INSHEA, à la pointe de l’éducation inclusive
Si beaucoup de Suresnois connaissent le globe de l’avenue des Landes, à deux pas de l’esplanade Franz Stock au Mont-Valérien, ils ignorent parfois que le bâtiment voisin abrite un établissement d’enseignement
supérieur unique en France : l’INSHEA. Ce n’est que la partie visible d’un campus disposant de 72 chambres réparties dans les bâtiments et pavillons de l’ancienne école de plein air conçue en 1935 par les architectes Baudouin et Lods, classée monument historique en 2002. Car étudiants et stagiaires viennent de toute la France à l’institut national supérieur de formation et de recherche pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés.
À la pointe de l’inclusion scolaire, sociale et professionnelle, l’INSHEA propose des formations initiales (licences, masters, diplômes universitaires spécialisés) et continues aux professionnels (enseignants, éducateurs) et aux particuliers pour répondre aux questions de l’accompagnement et de l’accessibilité des personnes, enfants ou adultes, à besoins spécifiques.
Laboratoire de recherche
Une expertise reconnue internationalement Placé sous la double tutelle du ministère de l’Éducation nationale et du ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, l’établissement public qui emploie 132 personnes est devenu un pôle de ressources de référence, contribuant à l’édition et à la diffusion des ressources techniques, scientifiques et pédagogiques destinées aux professionnels de l’inclusion éducative, sociale et professionnelle.
C’est aussi un laboratoire de recherche de pointe (38 personnes) dans le domaine de la scolarisation, l’éducation et la formation des personnes à besoins éducatifs particuliers. Son expertise sur les adaptations nécessaires à la scolarisation des élèves en situation de handicap lui confère un rôle de conseil et d’appui technique et méthodologique reconnu dans toute l’Europe, et lui permet aujourd’hui de se tourner vers les pays du monde dans lesquels les orientations inclusives sont émergentes.
Une belle manière de faire rayonner le nom de Suresnes.
INSHEA, 58/60 avenue des Landes www.inshea.fr
Esat de la Cité-jardins: à votre service !
L’Établissement et service d’aide par le travail Cité-jardins étend les horaires de sa conciergerie. Elle propose maintenant, du lundi au vendredi, différentes prestations, par exemple de blanchisserie ou de cordonnerie, au prix du marché. Photos : Benoît Moyen
Faire repasser ses chemises, acheter un panier de fruits et légumes ou encore confier un ourlet de
pantalon à un professionnel, en un même lieu, tout en contribuant à un projet médico-social… C’est
ce que propose la conciergerie de l’Esat (Etablissement et service d’aide par le travail) de la Cité-jardins. Elle est maintenant ouverte du lundi au vendredi, de 9 h à 16 h, alors qu’elle ne l’était que le mercredi avant septembre.
Cécile : « J’ai participé à Duo day au restaurant municipal de Suresnes. Cela m’a tellement plu que j’y ai refait un stage par la suite. Cela me permet de voir autre chose. »
Tenue par des professionnels en situation de handicap, les tarifs pratiqués sont ceux du marché et les prestations à la hauteur de ce que proposent les commerces « classiques ». La panoplie de prestations est large : impression-photocopies, repassage, blanchisserie, retouche, cordonnerie, pressing et des paniers de fruits et légumes en circuit court. Certaines tâches sont réalisées sur place, les autres sont sous-traitées.
Lien avec le quartier
Lieu de proximité regroupant des services pour simplifier le quotidien, il se veut ouvert et en lien avec le quartier. Des livraisons gratuites sont donc proposées aux clients habitant la Cité-jardins (sauf pour les paniers de fruits et légumes).
Caroline : « Depuis que je travaille à l’Esat, je me sens beaucoup mieux. »
En parallèle, la conciergerie de l’Esat est également présente dans différentes entreprises de la ville, généralement un jour par semaine, sur le temps du midi. Les salariés euvent alors y déposer et récupérer leur linge, vêtements et autres chaussures et bénéficier des mêmes services.
Arnaud : « C’est bien de travailler en équipe, de construire quelque chose ensemble. »
Cette présence est bien sûr une précieuse porte d’entrée dans les sociétés. Puisqu’un second Esat suresnois
« hors les murs », issu de la même structure que celui de la Cité-jardins, accompagne les personnes porteuses de handicap qui travaillent dans des entreprises classiques.
Cécile : « J’aime tenir la caisse de la conciergerie et discuter avec les clients, je suis un peu pipelette. »
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ET VOUS, VOUS FAITES QUOI ?
Entrepreneurs, salariés, intervenants du secteur associatif ou des établissements culturels et de loisirs, ils travaillent à Suresnes et ont choisi de lier leur activité professionnelle et leur engagement auprès des personnes en situation de handicap.
« Je soutiens le collectif de parents Tcap21, qui forme des jeunes atteints de trisomie 21 dans le domaine de la restauration et de l’hôtellerie. Nous en accueillons en formation au sein de l’hôtel et je m’’implique à 100% auprès d’eux pour que cette expérience soit une réussite. «
Sandrine Jouot, directrice de l’hôtel Mercure Paris Suresnes-Longchamp
» Nous avons choisi de sous-traiter l’accueil, les services généraux, les voyages, ou encore les fournitures de bureau à un prestataire, l’Association pour l’insertion et la Réinsertion professionnelle et humaine des Handicapés (ANRH). Pour ma part, je participe au Club Entreprises & Handicap soutenu par le Medef 92. Quant nous recrutons, les postes sont systématiquement ouverts aux personnes en situation de handicap. «
Agnès Béhar, DRH de Canon Medical
« Nous proposons, en partenariat avec le Centre de recherche théâtre et handicap, le service Souffleurs d’images qui permet à toute personne aveugle ou malvoyante d’accéder à la représentation de son choix. Elle réserve sa place puis est accompagnée lors du spectacle d’un bénévole qui lui souffle à l’oreille les éléments qui lui sont invisibles. La place du souffleur d’images est offerte. «
Olivier Meyer, directeur du théâtre de Suresnes Jean Vilar
« L’association Cécile Sala agit auprès des personnes atteintes de déficiences visuelles : visites culturelles adaptées, café DMLA, état des lieux de l’espace de vie avec proposition d’aménagement, accompagnement dans le choix de matériel adapté, projection de films en audivision… L’association participe à la sensibilisation au handicap visuel auprès des écoliers et des plus grands.
Sonia Billard, déléguée générale de l’association Cécile Sala