« Rebondir ». Prendre un élan nouveau après un arrêt passager. Rétablir sa position après une période de difficultés. D’après le Larousse. C’est désormais l’objectif des acteurs de la vie de la cité. État des lieux.
Textes : Marina Bellot, Céline Gazagne et Thierry Wagner
Confinement, déconfinement, le temps est à présent celui de l’après-crise sanitaire. Deux mois après la fin officielle, mais très progressive, du confinement, où en sont les acteurs qui font exister, vivre et bouger la ville ? Comment ont-ils résisté ? Quelle est la situation aujourd’hui ?
Les commerçants et artisans suresnois, qui ont vu leur activité mise à l’arrêt totalement ou partiellement, mettent beaucoup de cœur et d’énergie à se relancer. Malgré des lendemains incertains, ils s’efforcent de positiver et nombreux d’entre eux font preuve d’un esprit de résilience admirable.
Dans les entreprises, les bureaux vidés de leurs milliers de salariés reprennent vie, doucement mais sûrement. Oscillant entre retour à la normale et télétravail, optimisme et prudence, beaucoup d’entreprises devront patienter jusqu’aux premiers mois de l’année 2021 pour être fixées sur leur sort.
La situation est plus complexe pour les associations et clubs sportifs de la ville . Pour eux, la saison interrompue en mars aurait dû, lors d’une année normale, s’arrêter fin juin. Alors que faire ? Soumis à des conditions de reprise très disparates selon que l’activité soit individuelle ou collective, en intérieur ou en extérieur, les clubs ont repris en pointillés ou pour une grande partie, mis un point final à leur saison en attendant la nouvelle en septembre.
Enfin, rencontre avec trois associations suresnoises, Part’ages 92, le Celije et Trico’dons. Elles n’ont pas attendu la crise sanitaire pour faire preuve de générosité et de créativité. Le confinement les a, certes, freinées mais jamais stoppées.
À l’image du tissu associatif comme de tous les acteurs de la ville, leur dynamisme rend la ville meilleure.
Commerces de proximité: tout pour plaire
Contraints à la fermeture ou à une forte baisse d’activité pendant huit longues semaines, les commerces, à Suresnes et partout en France font partie des activités extrêmement fragilisées sur le plan économique par la crise sanitaire.
Du haut au bas de Suresnes, depuis le 11 mai, Suresnes mag est allé à leur rencontre, et a trouvé des femmes et des hommes faisant preuve d’une extraordinaire résilience. Les commerçants et artisans de Suresnes sont philosophes, inventifs, et persévérants, bien qu’inquiets et incertains de leur avenir. C’est le moment de les soutenir.
Une reprise compliquée
AMIR MOBARHAN, gérant de la salle de sport West Club (4 ter rue Diderot)
« La salle a été fermée pendant presque trois mois mais nous avons été très actifs. On a prêté du matériel sportif (rameurs et vélos) à nos adhérents, mais aussi à l’hôpital Foch et à l’hôtel Mercure où résidaient des soignants de l’hôpital. Nous avons aussi été l’une des rares salles de France à pouvoir donner des cours vidéo sur écran géant, ce qui permettait aux coachs de voir tous les participants et de les corriger plus facilement. On a aussi proposé des cours parents / enfants, ce qui a été beaucoup apprécié.
Dès qu’on y a été autorisés, nous avons proposé des activités en extérieur (course, footing, training…), et on a organisé des cours gratuits ouverts à tous les Suresnois sur la terrasse du Fécheray.
Les adhérents nous en ont été reconnaissants, mais la reprise est très compliquée car on a enregistré malgré tout pas mal de résiliations à cause du Covid. Il va falloir attendre septembre pour voir si ça va reprendre et dans quelles conditions. »
« Voir le bon côté des choses »
WILLIAM SONG, gérant du bar-tabac Le Carreau (16 rue de la Liberté)
« Pendant le confinement nous avons ouvert 7 jours sur 7, de 9h30 à 19h. Nous avons lancé notre commerce en janvier, c’est donc le début, on ne pouvait pas se permettre de fermer. Et cela a fait plaisir non seulement aux Suresnois, mais aussi aux habitants des villes voisines car les trois quarts des bureaux de tabac franciliens étaient fermés. Au-delà de la partie tabac, nous avons proposé de la vente de plats asiatiques à emporter. On a reçu beaucoup de soutien de la part des Suresnois et en particulier des gens du quartier.
Je vois le bon côté des choses, le confinement nous a fait beaucoup de bonne publicité. Mais évidemment, financièrement, comme pour tous les restaurateurs, cela a été compliqué. Notre chef cuisinier est revenu, nous avons relancé la restauration traditionnelle française, à consommer sur place et en terrasse. Maintenant, il faut que ça redémarre ! »
Nœuds à démêler et pertes à compenser
THÉOPHILE ROLEZ, propriétaire du salon de toilettage De la truffe à la patte (4 avenue
Édouard Vaillant)
« Le salon a été fermé pendant les deux mois du confinement. Dès la réouverture, la semaine du 11 mai, j’ai eu un mois et demi complet en termes de réservations. J’ai même dû ouvrir exceptionnellement le lundi pour pouvoir faire face à la demande. C’est un bon regain d’activité, mais il aurait fallu que je fasse le double pour rattraper la perte des deux mois de fermeture. Je vis chez mes parents, ma situation personnelle m’a donc permis de ne pas mettre la clé sous la porte. J’ai aussi été aidé par l’État à hauteur de 2700 euros au total. C’est mieux que rien mais ça ne permet pas de compenser. J’ai retrouvé les animaux dans des états pas possible, il y avait beaucoup de boulot ! Majoritairement, les clients ont demandé une coupe radicale, très courte. J’ai eu aussi un afflux de clients qui voulaient faire toiletter leurs chats. Ils ont sans doute été dépassés par les événements et n’ont pas eu le temps de les brosser, il y avait donc beaucoup de nœuds à démêler ! »
« On travaille un peu plus car on s’est fait connaître »
NATHALIE THÉVENON, co-gérante de la poissonnerie Aux Pêches de Bretagne
(14 avenue Édouard Vaillant)
« Pendant le confinement, on a super bien travaillé ! On a une dizaine de bateaux de pêche un peu partout, en Vendée et dans le Nord, notamment.
On n’a donc pas eu de problème au niveau de l’achalandage. Les gens étaient très contents de nous trouver, étant donné que les marchés étaient fermés et que les grandes surfaces avaient des difficultés de réapprovisionnement sur le poisson.
Maintenant que les gens travaillent à nouveau, ils ont moins de temps pour cuisiner et ça se ressent sur la fréquentation.
Mais on travaille néanmoins un peu plus qu’avant le confinement car on s’est fait connaître, cela nous a fait une bonne pub. »
Du temps pour un projet
BÉATRICE DAUCÉ, propriétaire du magasin de jouets Bidull (7 rue Étienne Dolet)
« La période du confinement a été un accélérateur pour le projet d’application de vente de jouets d’occasion que je suis en train de développer. Pour une fois, j’ai eu du temps et cela m’a été précieux pour faire avancer ce projet… et même en obtenir le financement ! L’application s’appellera comme ma boutique : « Bidull », avec ce slogan : « les jouets chouettes d’occasion » .
L’idée est de vous permettre de vendre les jouets que vos enfants n’utilisent plus. Mon concept peut se résumer en une phrase : « Un jouet peut être aimé une seconde fois ». Comme une grande partie de ma clientèle, j’ai pour souci la cause environnementale.
Fabriquer neuf c’est bien, mais nos ressources vont finir par être épuisées, c’est même déjà le cas pour certaines matières.
Or un objet en bois, un jeu de société, une console, peuvent très souvent bénéficier d’une seconde vie ! Et les acheteurs pourront les acquérir à moindre coût. En cette période où nous sommes tous touchés par la crise économique, cela a du sens. Les clients de la boutique seront bien sûr les premiers à être informés et à bénéficier de ce nouveau service. »
Des craintes pour l’avenir
MBARK OUBADI, gérant de la boulangerie Belvédère (44 rue Gambetta)
« Nous sommes restés ouverts durant toute la période du confinement, mais on a vraiment subi cette crise. La fréquentation a été très irrégulière. Parfois, tout était prêt et personne ne venait… Au début, les clients avaient peur, puis ils ont peu à peu repris confiance en voyant que l’on portait des masques, des gants et que l’on respectait les normes sanitaires.
Nous avons mis en place des promotions de type une baguette gratuite pour les cinq achetées, mais cela n’a pas fonctionné comme on le voulait. Par contre, on a vendu beaucoup de farine et même de levure, pour ceux qui faisaient leur pain à la maison.
Mais, au total, avec les bureaux des alentours fermés, nous avons perdu 50% de notre chiffre d’affaires. Aujourd’hui, l’activité reprend doucement, mais la période de juillet et surtout d’août est calme en général… L’avenir va être difficile. »
« Un nouveau mode de consommation »
STÉPHANE MEAUX, gérant du Lys d’or (6 rue du Mont Valérien)
« Pendant le confinement, j’ai mis en place un service de click and drive et de livraison de fleurs à domicile. J’ai ainsi pu répondre à la demande par téléphone depuis chez moi. Le premier mois a été très calme. J’ai recommencé à travailler un peu à la fin du mois d’avril.
Je l’ai pris comme une expérience, il a fallu s’adapter en terme de logistique. La reprise a bien démarré. Dès le 11 mai, on s’est aperçu que les gens avaient envie de racheter des fleurs ! Et la fête des mères a bien fonctionné.
Aujourd’hui, j’envisage de développer les commandes à distance, c’est un nouveau mode de consommation à prendre en compte. »
Pour les entreprises suresnoises, une sortie de confinement entre prudence et optimisme
Malgré les incertitudes qui pèsent sur les prochains mois, les entrepreneurs de Suresnes veulent rester optimistes. À commencer par William Peres, le président du Suresnes Business club.
William Peres, qui préside le Suresnes Business Club, le club d’entreprises de Suresnes lancé en janvier, est le fondateur de Serious Factory qui édite des logiciels pédagogiques de formation à distance et de simulation 3D. Le e-learning a dû avoir le vent en poupe durant le confinement, penserait-on spontanément.
« Pas si simple, commente ce serial entrepreneur. Comme toutes les boîtes, nous avons souffert et heureusement qu’il y a des aides de l’État. La quasi-totalité des entreprises que je rencontre ont à la fois des problématiques de trésorerie ponctuelles et de bilan, à la fin de l’année, à gérer. Il n’y a plus grand-chose qui rentre, pour plein de raisons différentes, et les charges à payer sont toujours là.»
Pour William Peres, c’est plutôt au premier semestre de 2021 que l’on mesurera les dégâts réels du coronavirus sur la santé des entreprises: refus de prêts bancaires aux entreprises fragilisées, difficultés à se faire référencer parmi les fournisseurs des grosses entreprises, etc.
Incertitudes sur les investissements
Serious Factory fait partie de celles « qui s’en sont à peu près bien sorties » admet son fondateur. « On pourrait croire que l’édition de logiciel et la formation à distance n’ont pas été touchées, mais nous l’avons été aussi parce que l’incertitude qui pèse sur toutes les entreprises, et notamment sur les grands groupes, leur a fait cesser tous leurs investissements, parfois du jour au lendemain », précise William Peres. Le chef d’entreprise a dû réagir rapidement face à une perte criante d’activité en ayant recours au chômage partiel pris en charge à 84 % par l’État.
Néanmoins nombre d’entreprises qui freinaient à faire évoluer leurs modes de formation vers le digital s’y sont mises. Et de gros organismes de formation en présentiel se sont également équipés des solutions Serious Factory.
« Nous avons perdu des projets d’un côté mais nous avons récupéré des clients qui n’avaient pas prévu de le faire. Donc nous sommes à peu près à l’équilibre», poursuit William Peres. Le digital learning va certainement sortir grandi de l’épisode de confinement. Et après ?
Le président du Suresnes Business Club s’attend également à un impact sur le secteur de la location de bureaux. Le succès du télétravail pendant la période devrait inciter certaines entreprises à réduire leurs surfaces et il pourrait y avoir de bonnes affaires à faire sur le plan locatif. Des sociétés vont fermer, d’autres vont déménager et les bailleurs vont sans doute devoir se concurrencer pour faire revenir de l’activité dans leurs bureaux vacants.
Pour William Peres la problématique immédiate à l’heure du déconfinement est que les clients se remettent à croire en l’avenir et investissent de nouveau.
« Il y a eu un emballement sur le télétravail, par nécessité, mais ça ne remplace pas tout. Le besoin de contacts humains va de nouveau s’affirmer», pondère néanmoins William Peres. Le retour au bureau des 35 salariés de Serious Factory s’est opéré très progressivement entre le 1er juin et début juillet.
« Depuis un an et demi, et notamment en raison des différentes périodes de grèves des transports, nous avions pris l’habitude de travailler souvent à distance et tous nos collaborateurs étaient déjà équipés pour se connecter chez eux. Du jour au lendemain, le 16 mars, tout le monde était en télétravail et actif. La différence, c’est que tout le monde était en télétravail en même temps. Nous avons mis en place de nouveaux processus, particulièrement au niveau managérial et avons pu conserver une bonne mobilisation de tous », explique le dirigeant.
Casser la culture de la défaite
La demande de prêt garanti par l’État (PGE) de Serious Factory a été accepté pour les deux tiers de ce qu’espérait William Peres. Il estime avoir passé cette difficulté et pouvoir « voir venir» pour un an, a minima. Pour lui, la problématique immédiate à l’heure du déconfinement est que les clients se remettent à croire en l’avenir et investissent de nouveau.
« Ce n’est pas avec un comportement morose et pessimiste de sauvegarde ou de crainte de l’avenir que l’on va s’en sortir. Il faut casser cette culture de la défaite dans l’esprit de tous nos clients pour qu’ils se remettent à investir. Sinon on accélérera la chute alors que les autres redémarrent», souligne-t-il. « Nous avons tout mis en œuvre pour être bons en sortie de crise. Encore faut-il qu’il y ait une sortie de crise. C’est l’affaire de tout le monde de se remettre dans un mode de pensée positif.»
L’Oiseau Blanc
« Aujourd’hui le maître mot est Adaptation »
Entretien et nettoyage de bureaux, immeubles, établissements scolaires et équipements publics, bases de vie de chantier… La crise sanitaire a-t-elle été une aubaine pour L’Oiseau Blanc, fondé à Suresnes il y a 30 ans? On pourrait le croire, mais…
« L’activité s’est maintenue pour tout ce qui concerne l’entretien des copropriétés et immeubles d’habitation, mais 60 % de notre chiffre d’affaires s’est arrêté au moment du confinement, avec la fermeture des écoles et des bureaux », révèle Stéphane Martin, le président de la société de nettoyage. La priorité du chef d’entreprise a d’abord été la protection de ses salariés.
« Les approvisionnements ont été tendu au départ. Fort heureusement j’avais passé des commandes de masques un peu avant le rush et nous avons eu assez de stock pour travailler. Ce qui nous a permis d’en donner aussi aux services municipaux de Suresnes», explique-t-il. Deux-cent-cinquante agents à équiper et à former à de nouveaux protocoles sanitaires pour l’entreprise qui a dû adapter «sur mesure» toutes ses interventions. Le dirigeant pointe que la crise du covid a mis en évidence le véritable rôle sanitaire d’un métier rarement valorisé.
«Chaque semaine, les demandes et les besoins de nos clients évoluent. Tout le monde a pu constater qu’il est de première nécessité d’avoir un service d’hygiène à la hauteur. D’ailleurs beaucoup de nos salariés ont été remerciés directement sur le site où ils travaillent. Ce n’est pas un métier facile mais il est important, et ça s’est vu ! », ajoute le patron de L’Oiseau Blanc.
Galaxie CE
Les comités d’entreprises passent au numérique
L’entreprise suresnoise Galaxie CE développe des sites Internet et des applications mobiles pour les comités d’entreprises depuis 2014. Les deux mois de confinement n’ont pas été des plus porteurs pour la prospection de nouveaux clients, mais, arrêt de l’activité ou pas, télétravail ou pas, les 80 clients récurrents de Galaxie CE ont eu besoin de communiquer avec leurs adhérents, qu’ils aient 50 salariés pour les plus petits ou 12 000 pour le plus important.
« L’univers des élus de CE est encore souvent un peu vieillot et figé, et certains trouvaient parfois que l’application mobile n’était qu’un gadget. Avec le confinement, ils ont pu se rendre compte que quand les salariés n’ont pas forcément accès au site internet du CE, elle permettait de communiquer avec eux via les notifications de l’application installée sur leur téléphone mobile», confie Baudouin du Peloux, son fondateur. Certains employeurs utilisant même l’application mobile du CE pour transmettre efficacement des messages aux salariés éloignés de leur lieu de travail. Galaxie CE emploie 4 personnes et un apprenti.
Tous sont Suresnois et ont continué à venir au bureau pendant le confinement sauf le graphiste de l’équipe qui pouvait travailler à distance et vient habituellement par les transports en commun. «Nous avions hâte qu’il revienne. C’est important pour l’esprit d’équipe», confie Baudouin du Peloux, dont l’entreprise est partenaire du Rugby Club Suresnes.
Canon Medical
La mobilisation est une fierté pour tous
Le retour à Suresnes sera progressif pour les salariés de Canon Medical France qui fabrique et commercialise du matériel d’imagerie médicale, ô combien essentiel durant la crise de la Covid-19. La filiale française du groupe japonais compte 150 collaborateurs en France, dont 50 au siège suresnois situé quai Gallieni.
« Pratiquement tous nos collaborateurs étaient équipés d’ordinateurs portables et avaient déjà l’habitude du télétravail. Nous n’avons, de ce fait, pas eu à déclarer de chômage partiel », précise Agnès Béhar, directrice des ressources humaines et de la communication. Mais les équipes ont dû s’adapter au pic d’activité dans les hôpitaux. Les scanners étant très utilisés dans la détection des diagnostics Covid, les CHU équipés de matériels Canon Medical avaient besoin d’une assistance accrue, prête à intervenir en cas de panne ou de changement à effectuer.
« En quelques jours, nous avons adapté les contrats de travail du service technique sur la base du volontariat et tous ont été volontaires pour dire « on intervient 24h/24, 7 jours sur 7 », en mettant en place un système de roulements des équipes de maintenance », poursuit la DRH. La télémaintenance permettant de prendre la main à distance sur les appareils installés dans des services « protégés » s’est avérée très utile, notamment pour installer des échographes, très utilisés dans les services de réanimation et de soins intensifs pour préparer les perfusions.
«Il est difficile de savoir comment l’entreprise va supporter le choc de la crise, mais nous avons su répondre présent et accompagner nos clients pendant la crise sanitaire. On parle beaucoup de sens au travail dans les entreprises. Chez nous, tout le monde a vu que nous sommes vraiment dans la santé et que cela a un sens d’y être. Cette mobilisation est une fierté pour tous », souligne Agnès Béhar.
Des sportifs en mal d’assouplissement
Suspendus aux interventions successives du Gouvernement pour les assouplissements des règles sanitaires, les associations et clubs sportifs suresnois ont tous été impactés différemment, mais espèrent tous un retour à une pratique la plus proche de la normale en septembre.
Photos : Marine Volpi
Le 11 mai, jour du déconfinement progressif, a ouvert une première étape vers un retour à la normale, laissant espérer à de nombreux sportifs et présidents de clubs la reprise prochaine de leurs activités. L’Île-de-France étant classée « orange » à cette date, de nombreuses restrictions se sont imposées aux associations sportives suresnoises et ont quelque peu refroidi les enthousiasmes. Seules les pratiques en plein air, sous conditions, ont été alors autorisées, dans un premier temps. Peu de sports ont, de ce fait, pu entamer une réelle reprise : équitation, tennis, cyclisme. Les sports collectifs, sports de contact, en intérieur comme en extérieur, et les activités pratiquées dans les piscines sont restés suspendus à de nouveaux assouplissements des règles prenant effet le 22 juin quelques jours seulement avant la date de fin de saison pour la plupart des clubs. L’essentiel des calendriers sportifs a été arrêté en mars, mettant fin à toutes les compétitions et aux palmarès.
N’oublions pas que le virus circule toujours
Comme toutes les associations sportives, au moment du confinement, Suresnes Sports-Imeps ( l’Institut municipal des sports) a dû arrêter ses activités: école des sports, stages, boxe thaï. Carrefour d’échange entre tous les présidents de clubs, l’Imeps est resté suspendu aux annonces successives du Premier ministre.
« N’oublions pas que le virus circule toujours et que chaque sport et chaque association a ses contraintest spécifiques qui en conditionnent la reprise », explique Thierry Bruneau, président de l’Imeps. De fait, la plupart des associations sportives ont dû se résoudre à ne reprendre leurs activités qu’en septembre. Ce n’est pas le cas de l’Association suresnoise d’équitation (ASE), présidée par le même Thierry Bruneau. L’équitation a en effet été, avec le tennis, parmi les premières à reprendre sous conditions dès le 11 mai. Le calendrier sportif a cependant été annulé.
« Des concours officiels sont organisés tout au long de l’année pour que les enfants puissent acquérir un certain nombre de points pour pouvoir participer aux championnats de France qui se déroulent au mois de juillet. Ils ont été annulés, tout comme les championnats de France. Au niveau du palmarès, ce sera une année blanche. Il n’y aura pas de titres cette année», ponctue le président.
La crise économique va-t-elle impacter le nombre d’inscriptions à l’ASE ? « Beaucoup de clubs se posent cette question. Il sera plus facile d’y répondre en octobre», conclut Thierry Bruneau.
Premiers services le 11 mai au Tennis club des Houtraits
Si le Suresnes Tennis Club peut se réjouir d’avoir pu rouvrir 4 courts extérieurs dès le 11 mai, il doit déplorer la disparition d’André Algarra, son président historique depuis 30 ans, décédé le 1er avril des suites de la Covid-19. Son ami et vice-président Robert Latour assure l’intérim de la présidence jusqu’à la prochaine assemblée générale.
« Durant deux mois et demi, les 170 adhérents et 340 élèves ont été privés de courts et de cours, comme les professeurs salariés et le personnel administratif pour lesquels nous avons eu recours au chômage partiel pris en charge par l’État. Pendant toute la période qui a suivi le 11 mai, il y a eu une suroccupation des courts», raconte-t-il.
Côté sportif, les tournois open et les compétitions par équipes ont été arrêtés à partir du 17 mars et ne reprendront pas. La FFT a donc décidé de figer tous les classements à cette même date, au grand dam de la majorité des joueurs qui « font » surtout leurs classements sur des matchs à partir du printemps;
JSS : « Jamais la pelouse n’a été aussi belle »
Les championnats de football ont été arrêtés le 17 mars, la saison bloquée et terminée », confirme Laurent Daydé, secrétaire général de la JSS. « Globalement nous sommes contents puisque nos équipes étaient bien placées aux deux tiers de la saison. Le travail de nos joueurs paye. On n’est pas premier par hasard.» Le président de la fédération ayant demandé à tous les clubs d’arrêter toutes les compétitions et même les entraînements, les cadres et éducateurs de la JSS préparent l’organisation du démarrage dans des conditions normales de la saison prochaine en septembre.
« Nos 3 formateurs diplômés d’État salariés sont en chômage partiel. Eux aussi sont impatients de reprendre. Tout cela est suspendu à l’évolution de la situation sanitaire», complète Laurent Daydé qui relève tout de même un point positif à cette situation : « En 20 ans au club, je n’ai jamais vu les terrains en herbe en aussi bel état. »
La Boxe française s’aère
« Les professeurs ont proposé de la gym pendant le confinement pour garder le contact, l’ambiance en moins », rappelle Jean-Charles Charmillon, qui préside le club suresnois de boxe française savate. Depuis mi-mai, certains ont repris en extérieur au mont Valérien, sur la base des échauffements habituels, par groupe de moins de 10 personnes. Pas d’assauts, mais de la corde à sauter, de la boxe dans le vide contre un adversaire imaginaire, sans gants. « Nous n’envisageons pas de reprendre avant septembre au gymnase des Cottages, avec le matériel et le ring », annonce « Charly » qui fut plusieurs fois champion de France, et reste optimiste.
«Je pense retrouver tous nos adhérents ultra motivés et peut-être même plus parce que les gens ont sans doute réalisé que par rapport à toutes les maladies et contagions, il faut être en forme et qu’il est important de faire du sport.»
Basket : le problème, c’est le ballon !
La Fédération française de basket n’a pas pris en compte les classements. Il n’y a ni montées ni descentes alors que notre équipe Une féminine était à deux matchs de monter en Nationale 3. Elles recommenceront de zéro une saison en Pré-nationale », déplore Laurent Mortiez, président du Suresnes Basket Club. Pour les jeunes, tout a été stoppé mi-mars également.
Problématique spécifique : « Nous jouons dans un espace clos, sur un terrain relativement petit, un sport de contact et, en plus, nous partageons un objet commun : le ballon !», énumère Thierry Mortiez, espérant lui aussi pouvoir redémarrer l’activité du club en septembre dans des conditions les plus normales possible. « Reprendre, sans toucher la balle avec toutes ces contraintes n’aurait pas apporté grand-chose à 10 jours des vacances.»
Judo Club de Suresnes : les kimonos restent au placard
Au Judo Club de Suresnes, la saison s’est terminée le 17 mars, avec une reprise des compétitions annoncée pour le mois de septembre par la Fédération française de judo. « Sport de contact, sport de salle, on ne peut pas faire autrement», commente François Gomis, le directeur sportif.
La fédération a mis au point un protocole en accord avec le ministère des Sports permettant une reprise à compter du 22 juin, très compliquée à organiser pour les 360 membres dont 80 % d’enfants.
« Nombre limité sur le tapis, désinfection à chaque cours, pas de vestiaires, respect des distances, un judo shadow où on évolue seul sans contacts », détaille François Gomis. En attendant, le club a proposé des séances vidéo pour ceux qui voulaient garder un contact avec le club et, pour les plus grands, de la préparation physique sur les parcours sportifs dans le bois de Saint-Cucufa.
RCS : Vivement septembre !
L’année sportive est close pour le rugby français, dans toutes les catégories, en fonction des classements arrêtés au mois de mars (lire page 42). Côté pratique, le rugby a pâti des mesures sanitaires à plus d’un titre. « Sport de contact, sport collectif, il est peutêtre celui qui reprendra en dernier », estime Jean-Pierre Catherine, le président du RCS, qui espère plutôt un retour à la normale vers mi-septembre.
Si quelques entraînements ont repris le 22 juin, ils ont concerné surtout le centre de formation et les seniors, pour une pratique sans ballon, sans contacts, en respectant les distances.
Assos du coeur
Elles ont redoublé d’efforts pendant les huit semaines de confinement et ont impressionné par leur dynamisme, leur générosité et leur solidarité. Trico’dons, Part’ages 92 et le Celije, qui travaillent régulièrement main dans la main, font partie des associations les plus remuantes de Suresnes. Rencontre avec leurs représentants.
Photos : Tiphaine Lanvin
Trico’Dons, Part’ages, Celije. Trois associations, trois identités différentes. Et pourtant une même envie de participer à des actions solidaires et généreuses…
Pas étonnant que ces trois associations-là se connaissent très bien, aient noué des liens forts et se retrouvent parfois à agir main dans la main…
Le Celije propose un local a fait une cagnotte Pour Trico’Dons, qui donne une partie de sa production tricotée pour les maraudes, qui confectionne des masques avec Part’ages… Naturellement, il a été très facile de les réunir, en tous cas une partie de leurs actrices et acteurs, pour une photo de famille.
Celije
« Accompagner les jeunes »
C’est une petite maison sans prétention du boulevard Henri Sellier, mise à disposition par la Ville. Elle abrite le Celije, ou Centre d’initiative pour les jeunes, association dont la vocation est de permettre aux jeunes en difficulté de devenir acteur de leur avenir et de leur vie. Entre ses quatre murs, une toute petite
mais bouillonnante équipe, emmenée par le jeune et audacieux Smaïl Belkacem -il a 27 ans- bâtit des projets qui se traduisent par une multitude d’actions partout dans Suresnes.
Dans cette maison, cœur battant du Celije, «ce que l’on fait d’abord, explique Smaïl, c’est accueillir les jeunes. Ils sont près d’une centaine chaque mois qui viennent nous voir ou à être accompagnés et conseillés pour décrocher une formation ou un emploi ou concrétiser un projet».
Mais le Celij ne s’arrête pas là et multiplie les actions pour les jeunes. Une fois par mois, il y a les maraudes dans Paris, au cours desquelles sont distribués produits d’hygiène, nourriture et vêtements. Régulièrement, le Celije accueille des soirées débats, des soirées open mic (chacun vient interpréter librement sa composition), ou prévoit des sorties culturelles ou loisirs. La modeste maison cache aussi un studio d’enregistrement où chaque après-midi un ingénieur du son accompagne les jeunes qui souhaitent concrétiser un projet musical. Enfin, les plus studieux peuvent s’isoler dans la salle de travail où le calme est de rigueur. L’un des murs de la maison arbore les photos souvenirs de ces nombreuses initiatives.
La crise sanitaire et le confinement ont mis à l’arrêt, de façon temporaire, certains projets: ainsi la participation, aux côtés de nombreuses associations locales, au Plaidoyer pour une civilisation nouvelle de Jean-Baptiste Sastre et Hiam Abbass au théâtre Jean Vilar a été reportée du mois d’avril au mois d’octobre.
Un projet de festival des talents urbains a lui aussi été reporté, tout comme un grand open mic dépassant le cadre suresnois. À suivre, comme une multitude d’autres idées en train de grandir à leur rythme dans la maison du boulevard Henri Sellier.
Pour autant, confinement n’a pas rimé avec mise à l’arrêt. Ecriture de lettres pour les personnes âgées d’un Ehpad de la ville, collectes d’argent, courses, récoltes dons alimentaire puis réalisation de colis et distributions pour des familles de Suresnes et des communes voisines… Pendant ces longues semaines,
Smaïl Belkacem et les jeunes du Celije ont débordé d’énergie. Le Celije entretient une relation presque
fraternelle avec une autre association, le Collectif des Chênes créé en 2017 par une bande de copains du quartier des Chênes, dont Smaïl Belkacem. On retrouve les membres des deux groupes dans les maraudes, lors des distributions alimentaires ou dans des projets plus occasionnels.
➤ Du lundi au vendredi de 14h à 20h 77 boulevard Henri Sellier contact@celije.org Facebook Celije Suresnes
Part’ages 92
« Solidarité et vie de quartier »
Cette association d’habitants est née en 2016 au pied des tours des cités unies, autour d’un atelier jardinage. «L’idée originelle, explique Nayla Gsouma, qui fait partie du noyau dur de Part’ages avec Viviane, Teresa, Denise, Jessica, Karine, Emmanuelle et Rachida, était de créer un jardin partagé pour embellir notre environnement. » En accès libre et autogéré, comme le composteur qui a suivi, naturellement.
Aujourd’hui, l’association ouverte à tous les habitants de Suresnes rassemble une centaine de familles, qui peuvent, si elles le souhaitent, participer à l’atelier jardinage mais aussi aux sorties culturelles, aux repas partagés ou aux différentes actions plus ponctuelles proposées par Part’ages ou d’autres associations.
L’atelier couture a été particulièrement exemplaire pendant le confinement : ses couturières, rejointes par de nombreuses nouvelles petites mains, ont réalisé et distribué gratuitement près de 2000 masques, en particulier à l’hôpital Foch.
Si le partage est dans l’ADN de l’association, les membres se retrouvent aussi dans les valeurs de transmission, de lien et d’échange entre habitants, de découverte. Les enfants aussi sont participants à part entière et invités à rejoindre la plupart des initiatives.
Aujourd’hui, l’association d’habitants parvient à mener à bien ses projets en s’autofinançant : ses membres participent ainsi à des brocantes, marchés de Noël ou bourses aux jouets pour alimenter les caisses. Passées les étranges semaines que nous venons de vivre, Part’ages reprend sereinement ses habitudes.
➤ Facebook Partages Suresnes
Trico’Dons
« Tricoter pour donner »
« J’ai une obsession, confie Nadine Le Roux, le visage fendu par un sourire malicieux. Tricoter pour donner ». Depuis trois qu’elle a créé Trico’Dons, son engagement n’a pas dévié d’une maille. Chaque hiver le nombre de bonnets, écharpes, snoods et autres pièces tricotées et données ne cesse de croître. De 1000 la première année, les tricoteurs sont passés à 2000 cet hiver. « On envahit la ville!», clame la pétillante Suresnoise, «il n’y a pas un jour où on ne peut pas tricoter dans Suresnes ».
Trico’Dons c’est du tricot gratuit, tous les jours de 14h à 18h dans différents lieux de Suresnes. Ce n’est pas un cours mais bien « un échange, de partage et de la transmission », explique Nadine. Beaucoup de plaisir aussi : « c’est ma récré après le travail, un moment de bonheur avec des personnes, des femmes essentiellement, bienveillantes. Et pointues en tricot », précise Anne-Sophie, qui a rejoint le groupe depuis un an.
L’essentiel de la « production » est donné, par l’intermédiaire de la Croix-Rouge, du Secours populaire, du CASH (centre hospitalier) de Nanterre, du Celije ou de l’association La Cloche (aide aux démunis). Ces derniers mois, une partie des tricoteuses se sont faites couturières pour fabriquer des centaines de masques, à destination toujours des familles qui en ont le plus besoin.
Parmi les projets, l’ouverture de nouveaux ateliers, l’aménagement d’un local permanent au Celije (voir ci-dessus) destiné surtout à stocker les créations, la recherche intensive de dons de laine et de recrues, « des jeunes surtout, insiste Nadine. Il ne faudrait pas que l’on devienne les vieilles qui tricotent !», plaisante-t-elle.