Favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap, enfants comme adultes, est le quotidien de nombreux acteurs publics et privés à Suresnes. Services municipaux, structures spécialisées, associations et bénévoles oeuvrent au sein d’un réseau particulièrement actif.
Chaque mois de novembre, les Suresnois sont invités à accorder handicap avec partage et ouverture d’esprit dans le cadre du programme de sensibilisation et d’animations du mois du handicap. Mais c’est toute l’année que Ville, associations, acteurs privés et publics agissent ensemble pour faciliter l’intégration des personnes handicapées.
Crise du Covid oblige, réunir participants et publics autour d’événements s’avère compliqué cette année, mais cela n’entame pas la mobilisation de Florence de Septenville, adjointe au maire déléguée aux Seniors, au Handicap et à l’Accompagnement social. « Nous avions de toute façon l’intention de poursuivre nos actions de sensibilisation tout au long de l’année », confie-t-elle. L’objectif demeure : changer le regard sur le handicap, sous toutes ses formes, pour favoriser l’inclusion des personnes en situation de handicap dans la ville.
Remobiliser les outils existants
Pour l’adjointe au maire, le mandat municipal qui commence est l’occasion de remobiliser les « outils » déjà existants, parmi lesquels la commission communale d’accessibilité à laquelle participent des représentants du conseil municipal, de personnes en situation de handicap, d’associations d’usagers, de personnes âgées et d’acteurs économiques. Une source de propositions et de remontées d’informations très précieuse, au plus près du terrain local, pour l’équipe municipale. Le rapport de cette commission consultative fera l’objet d’une communication lors du conseil municipal du 9 décembre. Il sera également consultable sur le site internet suresnes.fr.
2990 bénéficiaires de la MDPH à Suresnes
L’association Cap Handicap et l’Unapei font partie de ces acteurs de terrain à Suresnes, tous comme les accompagnants d’élèves en situation de handicap et les AESH. A Suresnes, l’intégration des enfants à besoins particuliers dans la vie scolaire (école et centre de loisirs) est préparée en amont, dès la crèche ou l’inscription en maternelle.
Le cadre législatif évolue, de nouvelles associations et partenaires de la Ville se font jour, et la charte Ville-Handicap va être relancée, avec une nouvelle rédaction et de nouveaux signataires en 2021 à l’occasion de son 20e anniversaire. « C’est une dynamique dont il est important de coordonner les acteurs, sur un terrain qui évolue sans cesse et qui concerne de nombreux Suresnois », insiste Florence de Septenville. La Maison départementale des personnes handicapées de Nanterre (MDPH) qui délivre les reconnaissances administratives de handicap a recensé 2990 bénéficiaires de prestations ou orientations à Suresnes en 2019.
3 QUESTIONS A FLORENCE DE SEPTENVILLE,
Adjointe au maire déléguée au Handicap
Suresnes mag : Quelles sont les perspectives de ce nouveau mandat municipal en matière de handicap ? Florence de Septenville : « Suresnes Inclusive » est une démarche enclenchée depuis quelques années et nous allons continuer. Longtemps cantonné à une problématique médicale et d’accessibilité des lieux publics et de la voirie en fauteuil roulant, le handicap se définit à présent dans sa dimension d’accompagnement social et d’adaptation de la société à ces concitoyens confrontés à une déficience, une incapacité, permanente ou non, qui peut être d’ordre physique mais aussi, et le plus souvent, psychique… et invisible !
Notre travail d’élus se doit donc d’insérer ces problématiques dans tous les domaines de l’action municipale : sport et handicap, vie associative et handicap, marchés publics et handicap… Les services municipaux doivent avoir cette préoccupation dans leur quotidien, quel que soit leur secteur d’activité. Les services prennent de plus en plus en compte l’usage et pas seulement l’obligation légale. Au sein de l’équipe municipale, deux conseillères municipales me sont à présent associées dans cette tâche : Yasmina Guerrab et Véronique Rondot.
S.M. : Comment les habitants peuvent-ils agir avec la Ville ?
F. de S. : La proximité est un facteur important pour le contact avec les personnes autant que pour la coordination du réseau des acteurs de terrain. La Ville peut faciliter l’installation et le travail de ces derniers. C’est déjà une tradition à Suresnes. Mais une ville inclusive, c’est une ville où chaque citoyen pense aussi aux autres, aux conséquences de son propre comportement sur le quotidien d’autres personnes, celles en situation de handicap, bien sûr, mais aussi les personnes âgées, les femmes, les enfants… Cela implique un travail d’éducation et d’’information permanent. C’est la perspective générale qui doit nous guider dans nos actions d’aujourd’hui et aussi pour imaginer la ville de demain.
S.M. : Faire évoluer le regard et les mentalités reste une priorité ?
F. de S. : Ce n’est pas tant la personne qui est « handicapée » que la société elle-même qui se trouve trop souvent inadaptée à l’inclusion de la différence. Voilà pourquoi il est plus juste de parler de « personnes en situation de handicap ». Les services municipaux et le Centre communal d’action sociale s’emploient à favoriser leur inclusion au coeur d’un réseau particulièrement actif à Suresnes.
Nouveautés
Un forum de l’emploi spécifique
En 2021 un forum de l’emploi orienté sur l’insertion et le handicap sera mis en place par le Centre communal d’action sociale et le service Vie économique et emploi de la Ville. A l’origine de cette innovation, la prise de conscience que nombre de personnes ont besoin d’être accompagnées pour retourner vers l’emploi et parmi elles, les Suresnois en situation de handicap. Leur proposer un forum spécifique, où se retrouvent les ESAT, les aides à domicile, les associations spécialisées en insertion, les institutionnels et les entreprises locales déjà sensibilisées à la question du handicap répond aussi à une demande des différentes structures spécialisées.
Une assemblée pléniere « gérontologie et handicap »
Réunir les partenaires de la Ville de ces deux secteurs, on pouvait y penser, il restait à le faire ! Le CCAS organise chaque année une « assemblée plénière », réunissant près de 70 partenaires, professionnels sur le champ gérontologique. Informations, dispositifs et retours d’expérience… Cet événement très attendu va s’ouvrir, pour sa prochaine tenue (initialement prévue en novembre 2020), aux professionnels du handicap qui partagent souvent des problématiques communes à celles des seniors.
Dans les services municipaux aussi
La question du handicap a toujours été l’un des axes forts de la politique de ressources humaines de la Ville en tant qu’employeur. Suresnes compte aujourd’hui 8,87% d’agents en situation de handicap, bien au-delà du seuil légal des 6%. La Ville va plus loin en s’engageant dans le dispositif « Objectif Emploi », projet qui accompagne les étudiants en situation de handicap vers l’emploi. Ce projet a été lancé en 2014 par Béatrice de Lavalette, adjointe au maire déléguée aux Ressources humaines. C’est un système de mentorat qui se déroule sur la période d’une année universitaire entre un salarié référent et un étudiant en situation de handicap.
Ecoles et centres de loisirs
Accompagner les enfants
La loi exige que les enfants porteurs de handicap puissent
étudier grâce à un accompagnement spécifique.
A travers plusieurs dispositifs, la ville de Suresnes peut anticiper
et élaborer une prise en charge au plus proche des besoins de l’enfant.
Anticiper, accompagner, préparer, former sont les maîtres-mots de l’action de la Ville en matière de handicap, dans le cadre scolaire et périscolaire. Les intervenants auprès des enfants porteurs de handicap et plus largement des enfants à besoins particuliers, suivent des cycles de formation. Les animateurs ou les agents territoriaux spécialisés des écoles maternelles (Atsem) suivent des modules thématiques, par exemple sur l’autisme ou la trisomie (plus de 100 agents municipaux ont ainsi pu bénéficier de ces formations depuis 2017).
Les animateurs bénéficient aussi d’actions animées par des professionnels de milieux spécialisés comme les Services d’éducation spéciale et de soins à domicile (Sessad), les Instituts médico-éducatifs (IME) et des professionnels de santé (médecins, psychologues…). Des immersions en IME seront aussi proposées en 2021. Valérie Picoli, référente en charge de l’aide à la scolarité des élèves handicapés au service Education de la Ville, intervient par ailleurs dans les classes, sur sollicitation des enseignants. Une convention a d’ailleurs été signée entre la Ville et l’Education nationale. Les personnels de l’animation périscolaire bénéficient aussi d’actions animées par des professionnels de milieux spécialisés.
Pour la Ville, l’inclusion des enfants handicapés dans les centres de loisirs est une priorité. Une réflexion collective des équipes permet que les espaces soient aménagés afin d’être davantage adaptés et sécurisés. L’accueil se doit en effet d’être le plus performant pour que les enfants se sentent bien, et faciliter les apprentissages. La Ville pourra par exemple intervenir sur les bâtiments en aménageant les locaux.
Passerelle entre les crèches et les centres de loisirs
Si la loi sur l’école inclusive de juillet 2019 et donc la politique de l’Education nationale doivent permettre à ces enfants de fréquenter des écoles et accueils classiques, lorsque cela est possible en fonction de leur handicap, Suresnes a décidé d’aller plus loin. L’idée est de faire des parents des partenaires pour que leur arrivée soit préparée et la meilleure possible.
La Ville a donc mis en place le dispositif Handi’passerelle. Il concerne tous les enfants en situation de handicap ou qui témoignent d’un besoin particulier, qui s’apprêtent à entrer en centre de loisirs ou à participer aux activités périscolaires. Il est déclenché dès l’inscription en maternelle. « Dans les mois qui précèdent la rentrée, nous effectuons un diagnostic des besoins de chaque enfant pour les accueillir au mieux », explique Sandrine Rougié, référente handicap pour les temps périscolaires et extrascolaires. Le diagnostic est établi grâce à plusieurs rencontres entre la Ville et les équipes des crèches. Parents, professionnels, médecins et psychologues travaillent ensemble pour qu’à la rentrée l’accueil corresponde le mieux aux besoins de l’enfant.
Remis aux parents, le « livret du parcours de l’enfant à besoins spécifiques de la petite enfance aux activités périscolaires et scolaires » est un outil de suivi et d’accompagnement qui garantit le bien-être de l’enfant dans un environnement adapté tout au long de son parcours de vie à Suresnes. Les personnels du périscolaire peuvent le mettre en place à tout moment. Il s’agit d’une démarche volontaire basée sur la confiance, en coopération avec les parents. Il ne contient aucune information confidentielle mais des éléments pertinents. Par exemple si l’enfant a peur du noir, on évitera de l’emmener au cinéma. Mais il ne sera pas question d’expliquer, là, pourquoi il craint le noir. Ces livrets sont aussi proposés pour les enfants gardés par des assistantes maternelles.
LES ESPACES BULLE
Certains enfants souffrant d’autisme ou de trisomie sont désarmés face à certaines stimulations, sonores ou lumineuses.
La Ville a donc créé aux centres de loisirs Henri Dunant et des Landes, des espaces de calme, protégés, isolés, comme des cocons. Avec des toiles de tente et des couvertures, l’espace est délimité par un décor. Dans une mallette, chaque enfant peut ranger ses jeux, jouets et cahiers.
Dahlia Hatik, maman de Liam
« Une chance d’habiter Suresnes »
Dahlia Hatik, maman de Liam, 7 ans, qui souffre d’autisme, est référente de l’association Cap handi cap à Suresnes. L’association soutient les familles pour scolariser les enfants autistes, dyslexiques, dyspraxiques ou souffrant de dysorthographie ou de dyscalculie, intervient auprès des parents, des professionnels, des structures et aide à constituer les dossiers auprès de la MDPH.
« Liam est en partie scolarisé dans la classe Ulis de Jules Ferry et en partie au SESSAD Les premières classes à Suresnes (*). Il y est encadré par différents professionnels : deux éducateurs, une psychologue comportementaliste… Le suivi est efficace. Liam ne peut pas rester seul en classe. S’il a envie de se lever il se lève, ou n’écoutera pas. Et c’est encore plus important en centre de loisirs puisqu’il pourrait s’enfuir et se mettre en danger. Il est donc accompagné par un animateur.
De plus s’il tombe, il ne ressent pas la douleur autant qu’un autre enfant, il peut ne pas se rendre compte qu’il est blessé. Je suis convaincue que l’action de la Ville est intéressante, utile et même nécessaire. Toutes les familles que je côtoie me le confirment : il faut que les villes et l’Etat s’impliquent, les associations ne suffisent pas. J’ai la chance d’habiter dans une Ville qui fait le nécessaire en parallèle de l’Etat. Je pense au dispositif Handi’passerelle.
Nous avions même projeté de mettre en place une sensibilisation sur l’autisme au sein du Relais des assistantes maternelles et des assistantes parentales mais la Covid-19 nous en a pour l’instant empêchés. »
(*) Service d’éducation spéciale et de soins à domicile
AESH, c’est quoi ?
Intervenants incontournables, les accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH) sont recrutés par l’Education nationale. On les rencontre dans certaines classes classiques, quand l’enfant peut en intégrer une ou à l’école Jules Ferry, dans la classe Ulis (Unité localisée pour l’inclusion scolaire) dans le 1er degré à Suresnes. Les AESH ont pour mission de favoriser l’autonomie et offrir ainsi à chaque élève, de la maternelle au lycée, une scolarité adaptée. Leur action est déclenchée après acceptation du dossier par la MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) qui attribue un certain nombre d’heures à chaque enfant.
Rendre la ville accessible
Depuis 2008, toutes les communes de plus de 5000 habitants ont eu pour obligation de créer une commission communale pour l’accessibilité (CCA) dressant un bilan annuel de l’avancée des travaux programmés en matière d’accessibilité et de toutes les actions en faveur des personnes en situation de handicap. La situation en matière de logement adapté et de transports publics est également détaillée. Courant 2020, 65 % des établissements communaux suresnois recevant du public étaient considérés comme accessibles à une personne à mobilité réduite (54 sur 83).
Un agenda d’accessibilité programmé (ADAP) a été établi, planifiant des travaux pour un montant estimé à 4 millions d’euros sur 9 ans (2015-2024). La rampe d’accès sur le parvis du stade Jean Moulin réalisée en 2020, tout comme les travaux d’aménagement de sanitaires à la galerie Artcad, la création d’un ascenseur dans la crèche Darracq et d’un appareil élévateur à la salle des fêtes répondant à la norme sur le handicap y étaient inscrits. Le calendrier prévu est tenu et le programme va se poursuivre avec des aménagements d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite dans les écoles Pontillon, Mouloudji, Vaillant et Dunant, aux centres sportifs des Raguidelles et du Belvédère, au centre de loisirs des Landes et à la médiathèque.
Côté voirie, la ville établit actuellement un calendrier d’accessibilité (1) de ses 56 kilomètres de voies communales afin de les rendre accessibles à tous les publics (aménagement des trottoirs, places de stationnement, modules sonores sur carrefours…).
(1) Plan de mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics (PAVE)
Sport
Ils sont bienvenus au club
Quand on parle sport et handicap, on pense le plus souvent à des sections spécifiquement handisport.
Certains clubs ou associations suresnoises, grâce à l’investissement personnel de moniteurs et de bénévoles, ont choisi l’inclusion d’enfants et d’adultes en situation de handicap au sein de leurs pratiquants.
A Suresnes, l’association ADEA, comme Aide au développement des enfants et des adultes, propose des activités sportives et de bien-être adaptées aux seniors et aux personnes en situation de handicap : du tai chi chuan, de la natation, du yoga, pour les adultes et les enfants dès 5 ans. Si les clubs sportifs suresnois ne comptent pas de sections handisport à proprement parler, quelques-uns intègrent parmi leurs adhérents des personnes en situation de handicap. C’est le cas de Francis Plana, président du Karaté Bu Jutsu Suresnois, qui durant 10 ans a accueilli un groupe d’adultes porteurs de handicap mental. Au fil du temps, ils ont été remplacés par un nouveau groupe d’enfants qui se retrouvent régulièrement au dojo du centre sportif des Raguidelles.
L’Amicale cycliste du Mont Valérien compte dans ses rangs un cyclo touriste non voyant qui parcourt près de 4000 km par an en tandem. Suresnes Escalade accueille, dans un groupe d’adolescents du mercredi après-midi, deux enfants autistes et leurs éducateurs de l’association Agir et vivre l’autisme, et une jeune adulte le vendredi, aidée par des grimpeurs du club. Le centre équestre de Suresnes reçoit quant à lui chaque semaine un groupe d’adultes et un autre d’enfants de structures spécialisées de Saint-Cloud et Paris, notamment pour des séances d’équithérapie.
Qu’en est-il de l’athlétisme, qui fut l’un des premiers sports à être intégrés au programme des Jeux Paralympiques à Rome en 1960 ? Les White Harriers du stade Maurice Hubert envisagent de s’affilier à la fédération française handisport et d’ouvrir une section à Suresnes.
Escalade
Bakary et Antoine font le mur
Chaque mercredi après-midi, Franck Muquet, l’un des 4 moniteurs diplômés d’Etat de Suresnes escalade, reçoit dans son cours pour adolescents, Antoine, 12 ans, et Bakary, 14 ans, accompagnés de leurs éducateurs de l’IME Agir et vivre l’autisme. « Ils ont énormément progressé en deux ans », constate le moniteur qui a aussi formé les deux éducateurs à les assurer avec la corde. « Ce sont des enfants qui ont besoin de dépenser de l’énergie et l’escalade fait travailler beaucoup de choses, la concentration, l’observation, la motricité » explique Charlotte Diagne, la mère de Bakary. « Antoine avait déjà commencé quand l’IME nous a proposé cette activité aussi pour Bakary. Ils se sont occupé des démarches auprès de Suresnes Escalade. Il adore venir », complète-t-elle.
Anne Ganter, la mère d’Antoine, confirme également les bienfaits de cette pratique sportive.« Outre la concentration, la nécessité d’observer la position des prises, des pieds, des mains, et celle de maîtriser le vertige – ils sont quand même à 9 mètres là-haut – il faut imaginer qu’il ne perçoit pas du tout les choses comme nous. Le bruit du gymnase avec l’entraînement de basket, la lumière des spots peuvent aussi le perturber. Compte tenu de son handicap, ce sont des choses qui sont intéressantes à travailler. Je pense qu’il n’est pas très rassuré mais qu’il prend sur lui, notamment grâce à la présence rassurante de Clara et Nicolas de l’IME. Et il aime grimper ». suresnes-escalade.fr
Cyclotourisme
Bruno Koubi, non voyant, 4 000 km en tandem par an
Pour Patrick Brisson, président de l’amicale cycliste du Mont Valérien, si l’on vient à l’ACMV c’est vraiment pour rouler. Les 50 licenciés du club roulent donc, par tous temps, toute l’année, et conjuguent un sens de l’accueil pour qui veut partager le goût de l’effort dans la convivialité, par groupes de niveau.
A 42 ans, Bruno Koubi, non voyant, est de ceux-là. « J’ai découvert le tandem en 2018 avec une connaissance professionnelle qui m’a embarqué dans une semaine de cyclotourisme à raison de 120 km par jour. Je n’avais pas de pratique sportive. J’ai un peu souffert, mais j’y ai pris goût. Au retour de cette expérience, j’ai contacté plusieurs clubs avant de tomber sur l’ACMV », se souvient-il. Le club suresnois possède alors deux tandems inemployés et ne tarde pas à trouver cinq volontaires pour se former au pilotage de cet engin un peu particulier.
Bruno Koubi entame sa troisième saison, et accomplit à présent les 120 km en une demi journée. « Cela représente une grande implication pour les pilotes et les membres du club. C’est un exemple parfait d’inclusion globale dans un club sportif, un cadre classique qui s’est adapté pour l’accueil d’une personne en situation de handicap et une pratique commune. Je crois qu’il n’y a pas d’autre club cyclo dans le 92 qui a ce genre de démarche.» acmvsuresnes.ffct.org
Association
A la rencontre de l’Unapei 92
Depuis 60 ans, l’Unapei agit pour construire une société plus solidaire dans laquelle les personnes touchées par le handicap puissent vivre avec et parmi les autres. L’Unapei 92 est présente à Suresnes avec plusieurs établissements.
Accessibilité, citoyenneté, éducation, emploi, logement, santé… Depuis sa création en 1960, l’Union nationale des associations de parents de personnes handicapées mentales et de leurs amis (Unapei) agit dans tous les domaines de la vie pour permettre aux personnes porteuses d’un handicap de s’intégrer au mieux dans la société. Dans les Hauts-de-Seine, plusieurs centaines de professionnels sont mobilisées au quotidien auprès des jeunes et de leurs familles, avec pour maîtres mots adaptation, inclusion et autonomisation.
L’association agit sur plusieurs fronts : adaptation des réponses apportées aux personnes avec déficiences intellectuelles et troubles psychiques, développement de l’autonomie des personnes en situation de handicap mental, accompagnement des personnes avec autisme, adaptation des pratiques et de l’environnement pour les personnes en situation de polyhandicap, prise en compte de l’accompagnement du vieillissement… Avec toujours le même objectif : rendre la société plus inclusive.
L’Unapei 92 en chiffres ● 1 100 professionnels mobilisés au quotidien ● 54 établissements et services ● 6 établissements et services à Suresnes
A Suresnes, l’Unapei 92 auprès des jeunes, de l’enfance à l’âge adulte
La ville de Suresnes compte deux SESSAD de l’Unapei (Services d’éducation et de soins spécialisés à domicile) dont la mission est d’accompagner dans leur environnement naturel des enfants, des adolescents et des jeunes adultes porteurs d’un handicap, qu’il s’agisse d’une déficience mentale, d’autisme ou encore de troubles spécifiques des apprentissages.
Le SESSAD « Trajectoire jeunesse » accompagne ainsi des enfants entre 8 et 16 ans, avec un objectif : intervenir au plus près de l’enfant et de sa famille. La conviction de l’Unapei est que l’école est le plus sûr moyen de gagner en autonomie, de s’émanciper et de devenir pleinement citoyen : les enfants en situation de handicap doivent bénéficier d’un enseignement adapté à leurs capacités et besoins. Une équipe pluridisciplinaire (éducative, paramédicale et médicale) est ainsi mobilisée pour aider l’enfant à mettre du sens dans ses apprentissages, à découvrir et développer ses compétences et, plus largement, à s’épanouir dans sa scolarité et ses relations avec les autres.
« Les professionnels (éducateurs spécialisés, orthophoniste, psychomotricien, psychologue…) interviennent dans les écoles avec lesquelles nous avons une convention de coopération », explique Karine Seurot, directrice adjointe des SESSAD suresnois. Une salle est mise à disposition pour leur séance avec l’enfant. L’accompagnement peut également se faire pendant une activité sportive, dans un centre de loisirs ou un club de football par exemple.
Au total, 45 jeunes domiciliés ou scolarisés au centre/centre nord du département sont accompagnés individuellement.
Des ateliers sont également proposés aux enfants et adolescents : ils peuvent ainsi travailler ensemble leurs compétences de communication et mettre au point des stratégies d’inclusion qu’ils pourront réutiliser à l’école. Enfin, des groupes de paroles et d’entraide sont organisés pour les parents, afin qu’ils puissent cheminer ensemble sur la question du handicap et de l’inclusion de l’enfant en milieu ordinaire.
Accompagner les jeunes adultes
Le SESSAD « Trajectoires » intervient auprès de trente jeunes de 18 à 25 ans dans tout le département des Hauts-de-Seine. « Il s’agit d’aider les jeunes à s’autonomiser, à construire un premier projet de jeune adulte, et bien sûr à s’intégrer professionnellement », précise Karine Seurot. Un dispositif précieux à l’heure où, malgré une obligation d’emploi fixée à 6%, du personnel le taux de chômage des personnes en situation de handicap est de 18%, soit plus de deux fois supérieur à la moyenne nationale. Ainsi les jeunes sont accompagnés par le SESSAD dès leur entrée en lycée professionnel. « Les éducateurs interviennent sur les lieux de formation ou de stage, indique Karine Seurot. Parfois, on se rend compte que le secteur professionnel n’est pas compatible avec le handicap ou ne correspond pas à leurs compétences ou à leurs réels choix. »
L’équipe du SESSAD travaille alors à clarifier leurs besoins et envies, afin de les réorienter vers un projet plus adapté et trouver le bon dispositif d’accompagnement au travail. L’objectif est de passer le relai aux services adultes : missions locales, entreprises, ESAT (Etablissements et services d’aide par le travail). De nombreux jeunes peuvent ainsi chaque année se lancer puis évoluer dans la vie professionnelle de leur choix. La preuve qu’avec un processus d’accompagnement adapté, aucun obstacle n’est infranchissable.
Alexandre, 21 ans,
accompagné par le SESSAD pro
« L’an dernier, j’ai passé deux diplômes, paysage et horticulture. Les éducateurs du SESSAD venaient au lycée pour voir si tout se passait bien, faire un point. Maintenant, je suis suivi pour trouver un travail, avoir de l’argent et habiter tout seul. Je cherche un travail de paysagiste dans les jardins, en lien avec la nature.
Je devais être pris dans un ESAT mais mon embauche a été reportée en 2021 à cause du Covid. En ce moment, je participe à des ateliers sur la gestion de l’argent, le couple, la vie de famille, la vie d’adulte… C’est une bonne équipe et une bonne ambiance. »
Irina, mère d’Alex, 15 ans, qui souffre du syndrome Saethre-Chotzen
« Mon fils est accompagné par le SESSAD depuis 2011. Toutes les semaines, il voit une éducatrice, une psychologue et une psychomotricienne. Il participe également à des ateliers avec d’autres enfants. Alex était timide, les professionnels du SESSAD l’ont aidé à s’exprimer, à grandir, à devenir autonome. L’an dernier, par exemple, ils l’ont accompagné pendant plusieurs mois dans ses trajets de la maison à l’école et au SESSAD. Aujourd’hui, mon fils se déplace seul. Pendant le confinement, ils sont allés plusieurs fois se promener avec lui pour s’assurer qu’il allait bien, discuter de ses angoisses… Alex attend toujours avec impatience ses rendez-vous au SESSAD, il se sent rassuré, en confiance. Cette aide m’a soulagée à un point que vous ne pouvez pas imaginer.
Je fais tout ce que je peux pour aider mon fils, mais je ne suis pas une professionnelle. Au SESSAD, ils ont des méthodes et une manière de travailler avec lui extraordinaires. Les résultats sont très encourageants. »
■ Centre communal d’action sociale (CCAS) : 7/9 rue du Mont-Valérien, tél. : 01 41 18 15 71
■ Maison départementale des personnes handicapées, 2 rue Rigault à Nanterre, tél. : 01 41 91 92 50, internet : mdphenligne.cnsa.fr/ mdph/92
■ Association Cap handi cap : Immeuble le Wilson, 44 avenue Georges Pompidou à Levallois-Perret, tél. : 07 82 25 59 71, internet : caphandicap.fr
■ Unapei 92 : unapei92.fr
■ Agir et vivre l’autisme : agir-vivre-autisme.org