C’est une des figures du stand up à la française qui fait halte à Suresnes avec son nouveau spectacle « Seuls ». Haroun, c’est une écriture aussi soignée que le pli de son costume, et un humour « pince-avec-rire » qui veut se saisir de tout, de la politique bien sûr, mais au-delà, de nos incohérences ou nos contradictions.
Sous les grincements de sa plume, pas de sujet tabou mais pas de recherche gratuite de la vanne-à-tout-prix. Bref, une séduction tous publics qui lui a valu quatre spectacles à guichets fermés et des millions de vues en ligne.
Haroun, un nom en six lettres qui valait bien six questions.
Qui vous a donné envie de devenir humoriste ?
Il y a une période où j’en rêvais. Tout petit, Coluche me faisait rire. Plus tard j’ai compris pourquoi il faisait aussi rire mes parents… J’ai aimé la grande époque de Canal, la télé des Inconnus, les Deschiens, Monsieur Manhattan de Benoit Poelvoorde. C’est en faisant de l’impro durant mes études que j’ai compris que c’était possible. Mais il m’a fallu une bonne dizaine d’années pour devenir professionnel.
Vous avez des sources d’inspiration privilégiées ?
Il faut rester ouvert à tout pour décrire la société. On peut trouver des références de blagues sur des choses qui paraissent futiles. Je fais moins référence à l’actualité politique qu’à mes débuts. Tout va très vite on passe d’une actu à une autre et ça risque de faire vieillir le spectacle. Ce qui m’inspire surtout au fond, c’est surtout la somme de nos hypocrisies.
L’humour est partout aujourd’hui au point qu’on peut trouver parfois qu’il y a trop d’humour…
Je vois plutôt une confusion des genres : d’un côté des humoristes qui essayent de devenir éditorialistes et de l’autre, des politiques qui reprennent les codes de l’humour et du spectacle notamment sur les réseaux sociaux. Ça crée une confusion qui n’est pas toujours saine. Au fond il n’y a pas trop d’humoristes : il y a trop de ricanements.
Humour et culture sont liés pour vous ?
L’humour m’a permis de lire, de m’élever, d’effectuer des recherches qui m’ont enrichi. J’essaye de montrer sur scène que pour faire des blagues il faut se documenter, creuser, travailler. J’aimerais qu’il y ait plus d’humoristes amateurs et que ce soit pour eux un accès à la culture comme un autre : faire de l’humour, c’est écrire. Si l’humour peut amener des jeunes à pratiquer et approfondir l’expression écrite, tant mieux !
Vous avez créé un site d’humour, Pasquinade.fr. Pour le libérer des GAFAM ?
Surtout pour démocratiser l’humour et permettre à des humoristes, qui ne sont pas relayés sur les grands médias et se retrouvent perdus dans les méandres de YouTube, de révéler leur talent. L’idée c’est de proposer une autre façon de diffuser avec une rémunération au chapeau par le public, de se passer des intermédiaires et de rapprocher le public des comédiens.
Vous pouvez nous pitcher votre spectacle ?
Je suis parti de l’idée de la responsabilité de nos pensées. Je me suis demandé quelle est l’entité qui pense en nous. Et je suis parti de là pour créer un spectacle avec deux personnalités qui réfléchissent sous des angles différents…
➜ Jeudi 17 novembre à 20h30 Théâtre de Suresnes Jean Vilar