« Contes et légendes »  l’adolescence à l’ombre des robots

février 2022

La pièce de Joël Pommerat interroge les conflits intimes de l’adolescence et la construction de nos identités à l’ère numérique

Photos Elisabeth Carecchio

Metteur en scène qui suscite à la fois les éloges de la critique et l’adhésion du grand public, Joël Pommerat s’est notamment distingué par sa réécriture de contes populaires : Le Petit Chaperon (Molière du Jeune Public 2018), Cendrillon ou Pinocchio. Son Contes et légendes n’est cependant pas tout à fait de la même veine.

Dix comédiennes

Créée à Nanterre en 2020, la pièce explore le passage de l’enfance à l’adolescence en mettant en scène un monde légèrement futuriste, dans lequel cohabiteraient humains et robots. Dépassés par les attitudes de ces ados de la génération numérique, désorientés ou défaillants, les parents engagent des robots, ou plutôt des « personnes artificielles » pour remplir un rôle d’éducateur, de confident ou d’ami, et recréer des liens distendus au sein des familles.

Sur scène, dix comédiennes interprètent indifféremment ados et robots. Une dizaine de petites histoires – drôles, déstabilisantes ou bouleversantes – se succèdent, pour autant de tableaux qui interrogent les conflits intimes de l’adolescence et la construction d’une identité d’une jeunesse confrontée à de nouvelles interactions affectives qui ont pour toile de fond contemporaine les mutations de l’intelligence artificielle, la dureté des jeux de rôle dans les interactions numériques ou la radicalité des interrogations sur le genre.

Quelle construction de soi quand on a pour compagnon du quotidien un être artificiel qui peut tout aussi bien aider à faire ses devoirs, devenir un ami… ou déclencher une relation amoureuse? Quelle place pour la technologie dans notre quotidien ? Quelle transformation de l’amitié, l’amour, et la relation aux autres ?

Autant de questions qui « parleront » aux parents autant qu’aux adolescents et, au-delà du passage de l’enfance à l’âge adulte, transmettent les éléments d’une réflexion subtile sur notre identité contemporaine.

Arnaud Levy

➜ Jeudi 17 et vendredi 18 février, 20h30

 

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