LES METIERS D’ART au service du luxe et du patrimoine

décembre 2019

L’Atelier Louis Del Boca, spécialisé dans la décoration et la peinture très haut de gamme vient de s’installer à Suresnes à proximité de la galerie des métiers d’art La Verrière. Avec l’Atelier H. Chevalier, qui œuvre dans la restauration du patrimoine, lui aussi implanté à Suresnes, et appartenant au même groupe, il participe à la constitution d’un pôle dans ces domaines. La Ville travaille d’ailleurs sur un label « Suresnes, terre des métiers d’art ».

Ça c’est un décor pour Gucci à Bruxelles… » Matthieu Camuset glisse cela comme s’il s’agissait d’un banal détail en présentant les dernières moulures de plâtre réalisées par l’Atelier Louis Del Boca qu’il dirige depuis 5 ans. La société, labellisée Entreprise du patrimoine vivant, est spécialisée dans la décoration, la peinture très haut de gamme, la restauration de façades, la maçonnerie et le staff, c’est-à-dire la réalisation de décors en plâtre, affiche clients prestigieux et bilans flatteurs.

« En 5 ans nous sommes passés d’un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros à 13 millions », annonce-t-il dans les locaux de l’Atelier. Après de nombreuses années passées à Puteaux, Matthieu Camuset et son équipe avaient besoin de davantage d’espace – le fameux chiffre d’affaires – et ont trouvé leur bonheur dans un ancien atelier d’ambulances de la rue Émile Duclaux.

« Nous avons investi 600 000 euros et tout refait, abattu des murs, créé deux cours, revu les volumes et apporté de la lumière naturelle grâce à des verrières puisque les murs latéraux ne disposaient pas de fenêtres », résume Stanislas Gastaldi, directeur général délégué.

Palaces et boutiques de luxe
Aujourd’hui 55 compagnons associent savoirs et techniques traditionnels aux techniques les plus modernes. Pour qui ? Des marques de luxe bien sûr, ils ont par exemple participé à la réalisation de magasins Cartier ou celui de Louis Vuitton place Vendôme, sans oublier la boutique Ladurée des Champs-Élysées. Ils mettent aussi leur talent au service de palaces comme le Georges V, Le Bristol ou le Meurice.

« Un hôtel de ce niveau se refait tous les 10 à 12 ans, c’est du périssable. Nous avons parfois des compagnons qui ont travaillé sur des rénovations successives. Il y a aussi un grand travail d’entretien » Un de leur derniers projets, boulevard Malesherbes pour l’assureur AG2R La Mondiale s’annonce futuriste puisque le bâtiment ne devrait comprendre aucun angle.

« Nous comptons aussi des particuliers dans nos clients, comme actuellement un fortuné Japonais qui s’offre des travaux à 10 000 euros le mètre carré pour son appartement situé en lisière du jardin du Luxembourg. Ce sera très épuré. Et dans ce genre d’interventions, où l’on a curé tout l’appartement d’un immeuble Haussmannien, le haut de gamme de notre prestation se traduit aussi dans le soin que l’on doit apporter à l’évacuation des gravats, nous devons être aussi discrets que possible pour les voisins », insiste Matthieu Camuset.

Le champ de création de l’entreprise ne se limite pas à la France. New-York, Bruxelles, Doha ou Riad, des décorateurs du monde entier font appel à l’Atelier Del Boca. « Sur certains projets nous avons un rôle plus fédérateur, donc d’entreprise générale en confiant à d’autres entreprises les tâches qui ne relèvent pas de nos métiers », ajoute le dirigeant. Qui se dit très attaché au savoir-faire français, « qui est un plus », et à une forme de tradition pour « proposer un service de qualité, cela grâce à des équipes stables : nos compagnons sont salariés ».

Et Suresnes dans tout cela ? « C’est un atout, certains de nos collaborateurs sont proches, comme la galerie des métiers d’art La Verrière. Nous pourrons travailler avec certains de ses occupants qui travaillent autour de la décoration, projette Matthieu Camuset. Nous avons par ailleurs été très bien accueillis à Suresnes, que ce soit par les élus ou le service urbanisme qui nous a délivré le permis pour les importants travaux ». Importants, c’est le mot, puisqu’ils ont permis de créer un atelier de 800 mètres carrés, complété par 300 mètres carrés de bureaux, dans un ancien garage donc…

 

BIENTOT 90 ANS

90 ans L’entreprise Del Boca est une vénérable et fringante vieille dame. L’atelier porte le nom de son créateur, Louis Del Boca. En 1931 il a monté à Paris son entreprise de peinture et de maçonnerie qui a rapidement ajouté les ravalements à sa panoplie de services. Il a par exemple réalisé des cinémas de la capitale.

À la fin des années 1970, 150 personnes travaillent dans les ateliers Del Boca implantés rue Eugène Carrière (Paris 18e). En 2005 l’entreprise a été rachetée par le Groupe Ateliers de France, dont fait aussi partie la société suresnoise Chevalier (lire ci-contre), qui fédère une cinquantaine d’entreprises spécialisées dans la restauration du patrimoine et le luxe : bâtiments publics classés monuments historiques, hôtels de renom ou demeures privées d’exception.

 

Qu’il s’agisse de l’Atelier Del Boca, des artisans d’art de la galerie La Verrière, le niveau est haut et la ville précurseur. Avec Jean-Louis Testud, adjoint au maire en charge du Commerce et de l’artisanat, nous aimerions développer l’écosystème qui s’est constitué autour des métiers d’art à Suresnes. Nous envisageons même de créer le label « Suresnes terre des métiers d’art ». Car le domaine est incontournable de par son poids économique mais aussi parce qu’il permet la transmission de savoir-faire qu’il faut faire connaître, d’autant que ce sont des secteurs qui recrutent. »
Valérie Béthouart-Dolique, conseillère municipale en charge des Métiers d’art

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ENTREPRISE H. CHEVALIER
Installée en 2014 à Suresnes, elle pratique le noble art de la restauration

Elle est aussi labellisée Entreprise du patrimoine vivant (EPV) et elle fait également partie du Groupe Ateliers de France. L’entreprise H. Chevalier, spécialisée dans la restauration et implantée en contrebas du boulevard Henri Sellier depuis 2014 contribue à l’écosystème autour des métiers d’art qui est en train de se constituer à Suresnes (lire ci-dessous, l’intervention de Valérie Béthouart-Dolique).

« Nous participons à la restauration du Patrimoine français, dans la tradition et le respect des règles de l’art. H. Chevalier réunit un panel de savoir-faire diversifiés et complémentaires lui permettant d’intervenir sur des monuments prestigieux publics ou privés tout comme sur des œuvres muséographiques », explique Antoine Sandamiani, son président.

Et ici aussi les références sont impressionnantes. Ses tailleurs de pierre, maçons, sculpteurs, restaurateurs de sculptures et marbriers sont par exemple intervenu au château de Versailles, au Palais Thott à Copenhague, sur des hôtels particuliers, au Palais Bourbon ou à la Tour Saint-Jacques à Paris ainsi que sur de nombreuses églises comme l’église Saint-Eustache en lisière des Halles, toujours à Paris.

L’entreprise, qui a été créée en 1946 par Henri Chevalier, lui-même tailleur de pierre et compagnon du Tour de France, intervient actuellement sur la restauration des façades en pierre de taille du château de Saint-Germain-en-Laye, à la chapelle royale de Versailles ou encore à la Basilique de Saint-Denis.

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