Je redoutais un peu qu’évoluer dans le domaine que j’aime soit un désenchantement, mais ça n’a pas été le cas, bien au contraire !
Le sport est une passion tenace pour Emmanuelle Laplace. À tel point qu’elle en a fait son métier, après un parcours scolaire en sport études (spécialité athlétisme), puis une école de commerce. « Je redoutais un peu qu’évoluer dans le domaine que j’aime soit un désenchantement, mais ça n’a pas été le cas, bien au contraire ! » Chez Vinci puis Lagardère, cette Suresnoise évolue dans le marketing sportif, mais l’aventure entrepreneuriale ne la laisse pas indifférente. « Mon rôle était d’accompagner les marques dans la définition de leur stratégie de communication par le sport à l’externe. J’ai pu constater que peu de choses étaient initiées pour favoriser sa pratique en interne. C’est pourtant l’un des meilleurs vecteurs de lien social et les entreprises, à l’heure du digital, ont de plus en plus besoin de renforcer ce lien. » La jeune femme mûrit alors doucement son projet. « À l’âge adulte, pratiquer un sport peut s’avérer parfois compliqué à caser dans l’agenda. Or quel meilleur endroit que son lieu de travail pour rencontrer des gens à même de partager une parenthèse sportive ? » Le concept de Sporezo est simple : l’entreprise qui a souscrit à la solution digitale invite ses salariés à se connecter à une plateforme web et mobile. À ces derniers ensuite d’organiser des sessions sportives en géolocalisant tous les lieux de pratique (tennis, golf, yoga, fitness…) à proximité et en y conviant leurs collègues. Si les bienfaits du sport sur la santé sont bien ancrés dans les esprits, son côté « créateur de liens » l’est moins. À l’échelle d’une grande entreprise, la pratique du sport renforce l’esprit d’équipe, abolit (pour un temps) les barrières hiérarchiques, et fait fi de l’âge ou du sexe. Pour les TPE et PME, la plateforme s’avère aussi un accélérateur de réseau externe « pour rencontrer des clients ou des fournisseurs potentiels», note sa fondatrice. Et pour motiver les collaborateurs, Sporezo offre des récompenses aux salariés les plus engagés. Qu’ils organisent des événements ou participent régulièrement, ces sportifs gagnent des points qu’ils peuvent convertir en billets pour des matchs, cours d’initiation à des sports, bons d’achat… Voilà qui donne envie d’abréger sa pause déjeuner !
Une femme dans le monde du sport et de l’entreprise
Avant de se lancer, Emmanuelle n’a pas hésité longtemps. « Mon mari, qui est également entrepreneur, m’a tout de suite encouragée. J’étais il faut l’avouer très enthousiasmée par ce projet. Et à 29 ans, c’était le bon moment. » La vie s’est chargée de lui rappeler qu’elle n’avait rien d’un long fleuve tranquille. « Je suis tombée enceinte alors que je lançais Sporezo chez mon tout premier client. S’en est suivie une petite période d’appréhension qui s’est vite estompée. À partir du moment où c’est assumé et que l’on sait s’organiser, rien ne peut nous arrêter ! » Une méthode qui marche aussi lorsque l’on est une femme dans un monde – celui de l’entreprise ou du sport – encore très masculin. L’entreprise, qui compte une dizaine de clients, dont la SNCF, est en phase d’accélération. « Avec Bénédicte, directrice commerciale, nous recherchons à la fois des clients et des partenaires pour récompenser notre communauté d’utilisateurs ». Elle a obtenu un prêt d’honneur de HDSI (Hauts-de-Seine Initiative), liée au réseau France Active, et a rejoint le programme Entrepreneur Leader de la CCI d’Île-de-France. À Suresnes, Emmanuelle Laplace a pu rencontrer Patrick Puissant, qui œuvre pour la mise en relation des entrepreneurs de la ville. Bientôt tous sportifs ?