« Votre voix compte et nous sommes là pour vous entendre »

octobre 2022

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En mars dernier, Shanela Mavoungou participait à la cérémonie citoyenne de remise par le Maire et les élus des cartes électorales aux jeunes Suresnois ayant eu 18 ans dans l’année. Touchée par le discours du maire, cette lycéenne de Terminale de Paul Langevin pour qui « le droit de vote symbolise le premier moyen de faire fonctionner la démocratie » mais qui se demande « comment les politiques essayent de mobiliser la jeunesse », a proposé d’interviewer le Maire de sa ville.
Demande acceptée bien volontiers par Guillaume Boudy qui lui a ouvert les pages du Suresnes Mag. « Je ne pensais pas qu’il accepterait. J’étais étonnée et contente de sa réponse. »

Shanela Mavoungou : Lors des élections législatives, on a pu observer un taux d’abstention des 18-24 ans de 75 %. Quel est votre ressenti par rapport à cela ?
Guillaume Boudy : Cela m’attriste parce que la politique prépare le monde de demain qui sera celui des jeunes. Cela s’explique peut-être par le fait que les jeunes pensent que leurs élus ne leur ressemblent pas. Alors que le renouvellement et le rajeunissement des élus existent. Pourquoi les jeunes ne s’engagent pas en politique alors qu’ils sont très impliqués dans le milieu associatif sportif, par exemple ? Il y a probablement un effet repoussoir, car la politique c’est beaucoup de temps et de renoncements. Or, la société dans laquelle nous vivons encourage plus à prendre du temps pour soi qu’à en donner pour les autres. Nous devons redonner confiance et montrer que la politique a du sens et sert à quelque chose. Nous devons affirmer aux jeunes : « Votre voix compte et nous sommes là pour vous entendre »

Le taux d’abstention est très fort chez les jeunes de quartiers populaires. Que faites-vous pour eux ?
A Suresnes, notre volonté est de redonner goût à la politique, aux jeunes comme aux moins jeunes. Nous avons par exemple élargi les conseils de quartier pour s’assurer qu’il y ait plus de jeunes à bord. Nous travaillons avec des associations portées par des jeunes comme le Celije (Centre pour l’initiative des jeunes) ou les Collectifs solidaires des Chênes et de la Cité-jardins.
Nous faisons évoluer notre politique de la jeunesse, avec un budget important. La Ville a récemment investi dans des équipements majeurs comme l’Espace Jeunes des Sorbiers à la Cité-jardins. Et pourtant, il semble que les jeunes considèrent que tout est décidé par des gens plus âgés qu’eux.
Nous devons trouver le bon équilibre : leur laisser suffisamment d’initiative tout en nous assurant qu’ils ont un projet. Le Celije, qui porte des actions concrètes, des maraudes, un studio d’enregistrement… a demandé et obtenu un local de la Ville. Le plus important est d’accompagner les jeunes à dessiner leur propre feuille de route.

Nous devons redonner confiance et montrer que la politique a du sens et sert à quelque chose.

En cette période de rentrée scolaire que faites-vous pour aider les jeunes à se loger et à se nourrir ?
Même si la Ville n’a pas de réelle autorité en la matière, elle appuie les associations dont c’est le travail : la Croix-Rouge ou les Restos du coeur pour l’alimentation. Le Celije aussi, qui fait des maraudes pour les jeunes et en particulier les étudiants de l’université de Nanterre. L’idée est avant tout de les épauler pour monter des projets et d’avoir un accès « digne », j’entends par là, vaincre la honte de dire « je vais pousser la porte de l’épicerie sociale ». C’est difficile de s’imaginer qu’ils sont au début de leur vie d’adulte et que, déjà, ils sont obligés d’être aidés pour se nourrir. Lorsque l’assistance est apportée par des jeunes c’est moins intimidant, mais il faut que cela soit bien fait. C’est important car la crise va malheureusement s’aggraver. Quant aux logements, ceux destinés aux étudiants sont parfois coûteux. A Suresnes, les jeunes restent chez leurs parents. Le coût de l’immobilier fait que certaines familles sont contraintes de cohabiter à très nombreux dans un logement.
Nous sommes attentifs à ces situations mais seulement 5 % de logements sociaux se libèrent chaque année, soit 300 à 400 logements.

Apportez-vous une aide psychologique aux jeunes fragilisés par la crise ?
Toutes les associations citées précédemment, ainsi que le Centre communal d’action sociale, le CCAS, proposent un accompagnement psychologique et social. Nous veillons à identifier les gens qui sont en difficulté pour essayer de les aider et pour s’assurer qu’ils restent bien intégrés socialement.

Que fait la Ville pour favoriser l’accès des jeunes à l’emploi ?
Même si ce n’est pas une attribution de la Ville, notre objectif est de favoriser l’autonomie des jeunes. Il faut impérativement les accompagner et essayer, pour certains, de leur redonner l’envie de travailler. C’est ce que fait le Celije : leur redonner confiance, les amener vers l’autonomie, les orienter vers des études, une formation, un emploi. Ce nn’est pas facile, le travail c’est contraignant, on commence souvent en bas de l’échelle. Mais je crois à l’ascenseur républicain qui fait que quand on travaille, on y arrive. La Ville organise depuis deux ans Chope ton Taf, un salon original pour favoriser l’accès des jeunes à la formation et à l’emploi, proposé en virtuel et en présentiel, avec des possibilités de tester des outils et des applications. L’édition 2022 a rencontré beaucoup de succès.
Notre ambition est, comme avec Chope ton Taf, de continuer à mettre les jeunes au coeur de notre action.

 

 

 

Shanela Mavoungou,
une Suresnoise à suivre

Suresnoise depuis sa petite enfance, Shanela a fait toute sa scolarité à Suresnes : école Jules Ferry, collège Emile Zola, lycée Paul Langevin, où elle a brillamment obtenu le baccalauréat en juillet avec mention Bien. C’est en assistant au journal de 13h dans les locaux de France Télévisions qu’elle a découvert le journalisme. « La connaissance permet de s’épanouir » est convaincue Shanela, pour qui le « journalisme est un moyen de lutter contre l’ignorance ». Ses amies disent qu’elle est « curieuse » et « persévérante ». Qualités dont elle fera certainement bon usage à La Sorbonne où elle est entrée en septembre, en licence Information et Communication, en espérant intégrer dans 3 ans un Master de journalisme.

 

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