Royaume-Uni, 1903-1914. Le gouvernement libéral alors en place en Angleterre n’a d’abord pas pris au sérieux les revendications des femmes suffragistes, répondant le plus souvent par la moquerie méprisante, sexiste ou paternaliste mais aussi par la violence physique perpétrée par la police.
L’Histoire rapporte le tristement célèbre Black Friday – le 18 novembre 1910 – où la violence étatique atteint un paroxysme et plonge l’opinion publique dans la stupeur et l’indignation devant la réponse disproportionnée de la police à la manifestation des femmes pour une égalité de la représentation politique. C’est dans un tel contexte que, motivées par la nécessité de se défendre, les suffragettes ont décidé de riposter. C’est alors que la rencontre entre les suffragettes du Women’s Social and Political
Union (WSPU) et Edith Garrud, enseignante de ju-jitsu, a lieu.
Cette histoire, celle de la conquête de leurs droits par les femmes, a inspiré l’auteur, metteur en scène et directeur artistique de la Compagnie du Théâtre des oiseaux, Bernard Martin Fargier. Étonnante idée d’associer un club d’arts martiaux à la mise en scène ? Pour l’auteur et metteur en scène, c’est une évidence. « Le croisement entre art et sport est inhérent au contenu et à la raison d’être du projet, ainsi qu’à sa forme. Il est imbriqué dans l’écriture même du scénario, dans sa dynamique, parce qu’il est inscrit dans l’histoire intime des personnages. »
À Suresnes c’est le Krav maga training club qui a saisi l’opportunité, mais la pièce a été présentée dans d’autres villes auparavant, toujours sur le même modèle participatif : à Limay (78) avec l’ASL Judo ainsi qu’à Buchelay (78) avec le club de krav maga.
Sport et art entremêlés
Douces amazones ou le Parlement des Femmes induit une co-construction en rassemblant dans chaque ville un groupe d’habitants pratiquant les arts martiaux qui sera impliqué dans la réalisation du projet. Un groupe qui interviendra lors d’actions et de combats mis en scène et chorégraphiés. Cette phase de répétitions a une durée d’environ trois mois à raison d’un atelier par semaine.
Des adhérents du KMC et la Compagnie du Théâtre des oiseaux se retrouvent toutes les semaines au gymnase du Belvédère pour travailler la pièce. « Nos instructrices et nos adhérentes se sont retrouvées dans le propos de la pièce, commente Yann Veillerant, directeur technique du KMC 92. Nos effectifs sont composés à 40% de femmes et ce n’est pas un hasard : une part de nos adhérentes a déjà été confrontée aux violences ou ressentent le besoin de s’y préparer. En plus le krav maga est très accessible : c’est un système d’autodéfense très efficace et qui n’exige pas d’être très fort ou très agile ou très jeune… »
Depuis plus de 2 mois, une dizaine de pratiquants jouent le jeu avec entrain, « le sujet est passionnant, nous avons même fait des recherches historiques », s’enthousiasme Yann Veillerant. « Nous sommes très fiers de participer à ce projet qui fait écho à des problématiques que nous rencontrons au sein du club. »
Quant à la Ville, organisatrice du Forum des femmes, elle a d’emblée été séduite par ce projet, qui coche toutes les cases pour intégrer le programme : « le projet est intéressant en lui-même par la pertinence du sujet mais c’est son aspect participatif qui a été décisif, car c’est au coeur du projet du Forum des femmes », explique Milèna Dia, responsable du service Vie citoyenne et accès au droit. « Nous étions par ailleurs convaincus par l’idée d’associer théâtre et sport, poursuit-elle, car cela s’inscrit dans la continuité du travail qui a été initié avec un certain nombre de clubs et associations sportives de la Ville qui redoublent d’efforts pour intégrer mieux et plus les femmes dans leurs pratiques. »
Femmes dans l’histoire
Du 24 février au 24 mars, le Forum des femmes, fidèle à sa vocation d’apporter des temps d’échanges et d’animation sur l’égalité entre les sexes à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, se décline cette année sur le thème riche et prometteur des femmes dans l’Histoire.
« Cette thématique, explique Gunilla Westerberg-Dupuy, adjointe au maire déléguée aux Droits des femmes, devrait nous permettre de nous intéresser aux femmes ayant apporté une contribution forte à l’Histoire et de donner de la visibilité aux femmes, parfois anonymes, qui ont marqué leur époque mais ont été occultées ou oubliées ».
Cinq thèmes en particulier seront abordés lors de ce forum : le combat des femmes pour leurs droits, les femmes et les sciences, les femmes et la société, les femmes et la Résistance, les femmes et l’art.
En pratique
Lundi 24 février, à 20h30, à la salle municipale du Bélvédère, 65 bis rue Gambetta. Renseignements auprès de la Maison pour la Vie citoyenne et l’Accès au droit, 28 rue Merlin de Thionville.
Entrée gratuite (réservation conseillée au 01 41 18 15 42 ou sdefilippo@ville-suresnes.fr).