OBJECTIF EMPLOI : ouvrir les chemins du possible

mars 2019

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Depuis janvier, 55 étudiants handicapés sont accompagnés vers l’emploi sous forme de binômes et de « mentorat » par des salariés d’entreprises, d’associations et des agents de la fonction publique dans le cadre du dispositif « Objectif emploi » lancé et piloté par la Ville de Suresnes.

Voilà 5 ans qu’Objectif emploi permet à des étudiants de niveau licence ou master en situation de handicap d’être accompagnés durant une année par un référent professionnel en activité pour les aider à se familiariser avec le monde du travail, son fonctionnement et ses codes. « Je suis fière que de très nombreuses entreprises vertueuses et responsables, collectivités territoriales ou administrations, aient répondu à mon appel et rempli ainsi leur responsabilité sociétale en s’engageant à nos côtés dans ce dispositif. Nous avons engagé une fantastique dynamique avec des résultats exceptionnels qui procurent de vrais espoirs et perspectives pour tous ces étudiants handicapés », se réjouit Béatrice de Lavalette, adjointe au maire de Suresnes déléguée aux Ressources humaines et au dialogue social et vice-présidente du conseil régional d’Île-de-France en charge du Dialogue social qui est à l’initiative de ce dispositif unique en France.

Si le bénéfice pour les étudiants est évident, il l’est tout autant pour les entreprises et les collectivités. « La participation à un tel projet est notamment pour ces entreprises et collectivités l’occasion de sensibiliser l’ensemble de leurs collaborateurs au handicap, de promouvoir leur image et leurs valeurs à travers un engagement sociétal fort et de repérer de jeunes talents parmi les étudiants porteurs de handicap qu’elles parrainent », constate l’élue. « Si accéder au marché de l’emploi est difficile pour les jeunes, c’est un véritable parcours du combattant pour les jeunes en situation de handicap et bien des portes se ferment, même pour des stages. Avec Objectif emploi, nous leur avons ouvert les « chemins du possible », comme avait témoigné une jeune étudiante non-voyante, recrutée après un stage à Suresnes», souligne-t-elle. Et les résultats sont là : en 5 éditions, plus de 160 binômes constitués grâce à l’engagement de salariés du privé et du public auprès d’étudiants des universités de Paris-Nanterre d’abord, Cergy-Pontoise depuis 2 ans, et Paris-Dauphine, Paris Descartes et Panthéon Assas, cette année. La mairie de Suresnes est aux avant-postes aussi bien en nombre de parrains qu’en tant qu’employeur, « J’ose dire en tant qu’employeur public que recruter, comme nous l’avons fait, des personnes en situation de handicap est une chance pour un employeur. D’ailleurs, nous le prouvons grâce à notre politique très volontariste en passant en 10 ans d’un taux d’agents handicapés de 4,5% à 8,35% au sein du personnel communal, bien au-delà du seuil légal de 6% », précise Béatrice de Lavalette. Un taux d’emploi supérieur de 2 points au niveau légal très rarement atteint par les employeurs.

Corinne Lefèvre, directrice du pôle Politique de la Ville à la mairie de Suresnes
J’ai été sensibilisée à la question du handicap par une situation personnelle quand j’étais étudiante et j’ai ensuite travaillé dans le domaine du handicap psychique. J’ai donc accueilli positivement la mise en place d’Objectif emploi, d’abord en accueillant un stagiaire durant 3 mois, puis l’année suivante en « tutorant » une étudiante mal voyante que je côtoie encore aujourd’hui. C’est d’abord la découverte de l’autre et l’échange qui m’intéressent avec Jean-Christophe, aider cet étudiant brillant à affiner, infirmer ou confirmer son projet, lui permettre d’avoir un retour sur des réalités professionnelles que la fac n’ose jamais faire la plupart du temps.

Jean-Christophe (21 ans, Paris), étudiant en 2e année d’économie gestion à l’université Paris Dauphine
Un handicap n’est pas facile à assumer dans sa vie privée, à la fac, et encore plus sur le marché du travail. Mes études doivent me faire déboucher sur un milieu professionnel exigeant : la finance. J’attends d’Objectif emploi et de Corinne qu’on me donne les codes du savoir être en entreprise dont la fac ne nous apporte pas forcément les clés, apprendre à communiquer sur mon handicap, qu’il soit reconnu. Le handicap est une rupture d’égalité. Si on me tend une perche, je la saisis sans hésitation car je sais que je n’ai pas les mêmes opportunités que les autres étudiants.

Carine Durand, chef du service des Affaires scolaires de la ville de Suresnes
Pour avoir moi-même été étudiante et avoir connu les premières recherches d’emploi, aider quelqu’un dans sa démarche d’insertion professionnelle me paraît naturel, qui plus est pour des jeunes pour qui c’est encore plus complexe du fait de leur handicap. Bénéficier de l’accompagnement de quelqu’un qui a une expérience à leur apporter sans être dans un rapport d’employeur, d’enseignant ni de parent, peut leur ouvrir des portes sur une meilleure compréhension du système.

Nouda (25 ans, Nanterre), étudiante en Master I de sciences de l’éducation à l’université Paris Nanterre
J’envisage de travailler dans le secteur de l’insertion sociale. C’est le référent handicap de l’université qui m’a contactée pour me parler d’Objectif emploi. J’effectue un stage de découverte au sein de l’équipe « réussite éducative » du service des Affaires scolaires de Suresnes. Je connais donc déjà un peu l’environnement de ma tutrice. C’est un accompagnement précieux qui va m’aider à affiner mon projet et mes recherches de stages.

Jérôme Ragenard, directeur de cabinet de Christian Dupuy, maire de Suresnes
Nous sommes tous sensibles au handicap, visible ou non visible, et j’ai été confronté à des accidents de la vie qui ont touché des amis proches. En arrivant à Suresnes, je me suis porté volontaire pour Objectif emploi. Mon rôle de tuteur est d’essayer d’orienter, objectivement, d’aider Guillaume à définir son projet professionnel, prendre conscience de ses atouts et ne pas être dans un fantasme professionnel. Etre un outil utile, modestement, parmi d’autres, sur son parcours.

Guillaume (18 ans, Poissy), en première année de licence de science politique à l’université Paris X Nanterre
Venant juste de démarrer mon cursus universitaire, je ne pensais pas m’inscrire dans Objectif emploi dès ma première année. Mais quand on m’a proposé d’avoir un directeur de cabinet comme tuteur, compte tenu de mes études, j’ai tout de suite saisi l’opportunité. C’est une chance d’ouvrir ensemble des pistes de réflexions qui peuvent me donner des idées. Si les gens qui évoluent dans la sphère politique ne s’impliquent pas dans un tel dispositif, qui va le faire ?

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