Comme tous les après-midis de ce mois de juin, cinq jeunes Suresnois partent en mission… dans leur quartier. Protégés des pieds à la tête par une combinaison verte, masqués, armés de spray, ils vont passer près de trois heures à désinfecter les parties communes de plusieurs immeubles du quartier où ils habitent, dans le centre de Suresnes. Du premier au dernier étage, dans les cages d’escaliers et sur les paliers, des poignées et rambardes jusqu’aux boutons d’ascenseur, d’interphone, de portes… Tout est soigneusement nettoyé.
« Ils sont rôdés, je n’ai presque plus rien à leur dire, se réjouit Anssou, éducateur spécialisé à l’Association du site de La Défense (ASD), qui encadre l’une des équipes. Les jeunes sont à l’écoute, dans le respect, et ça leur permet de sortir de leur quotidien.»
Si quelques blagues fusent parfois entre deux coups de spray, la mission est prise au sérieux par les jeunes et appréciée par les résidents du quartier.
« Bravo et merci ! », applaudissent en choeur deux mères de famille au passage de cette drôle d’équipée toute de vert vêtue. « En période de Covid, c’est important ce qu’on fait, souligne Elyas, 15 ans. On se sent utiles et les habitants nous voient d’un autre oeil. Et en plus, on a un petit billet à la fin parce qu’on a fait une bonne action. »
Recréer du lien
« Ils sont très surprenants ces petits, ils peuvent parfois montrer de la nonchalance mais ils sont très sérieux quand il se mettent à la tâche », sourit Mourad, chef de service éducatif à l’ASD, qui a été étonné du nombre de demandes reçues pour participer à ce chantier post-Covid proposé par l’APES et le bailleur SEQENS (anciennement France Habitat) dans plusieurs villes du département et encadré à Suresnes par les éducateurs spécialisés de l’ASD.
« Au départ, il était réservé aux jeunes entre 15 et 20 ans mais on a élargi aux 13-22 ans, indique-t-il. Au-delà de la mission de désinfection, le chantier comprend aussi un volet solidarité : porter les courses aux personnes âgées, passer du temps avec les plus isolés… L’idée, c’est vraiment de recréer du lien intergénérationnel. Et on s’est aperçus que cette solidarité s’était déjà mise en place naturellement dans le quartier. »
Au total, une vingtaine de jeunes, pour la plupart rencontrés dans le cadre du travail de rue des éducateurs de l’association, ont participé au chantier. « C’est un super support les chantiers éducatifs parce que les jeunes ont envie de bosser, tout simplement, et là ils ont l’occasion de le montrer, souligne Julie, éducatrice spécialisée à l’ASD. Et puis, il y a l’attrait de la contrepartie : 180 euros pour les cinq jours de travail, sous la forme d’une bourse qu’on validera en terme éducatif. Si c’est pour un sport ou une nouvelle paire de chaussures oui, si c’est pour des bêtises, évidemment on ne les aidera pas à les financer. L’ensemble du chantier doit avoir un sens éducatif. »