Suresnes-Mag: Pour vous présenter aux Suresnois, pouvez-vous nous dire d’où vient votre engagement en politique ?
Guillaume Boudy: J’ai déjà été élu, conseiller municipal dans mon village d’origine, La Turbie dans les Alpes maritimes. Mon arrière-grand-père paternel a été maire radical socialiste de Sarlat. Il était médecin. C’était un élu proche de la population, humaniste, désintéressé. Je ne l’ai pas connu, mais c’est une figure tutélaire de la famille.
Ma vocation c’est d’abord le service public. J’ai fait le choix de servir l’État – Cour des comptes, ambassade, ministère de l’Économie, Cité des sciences et de l’industrie, ministère de la Culture… – puis les collectivités. En Savoie, où j’étais directeur général adjoint des services, j’ai découvert le service public de proximité. C’est après cette expérience que je suis entré au conseil municipal de mon village.
Devenir maire, c’est une continuité, une étape logique de mon parcours, exercer le service public sous une autre forme, proche du terrain et des habitants.
S-M.: Comment avez-vous rejoint la majorité de Christian Dupuy ?
G. B.: C’est Francis Prévost, alors adjoint au maire, qui m’a présenté Christian Dupuy. Il m’a proposé d’intégrer l’équipe comme conseiller municipal délégué du quartier Liberté. Comme président de CCQ, j’ai découvert la force de participation des habitants.
Nous avons ainsi pu réaliser la rénovation des trois places du quartier : Bels Ébats, Bardin et carrefour Liberté-Decours-Burgod. C’est une expérience fondatrice de mon parcours d’élu. C’est une belle formation que de commencer ainsi.
S-M.: Et votre expérience d’adjoint aux Finances, que vous a-t-elle apporté ?
G. B.: La délégation Finances me permet de connaître toutes les politiques de la Ville et tous les élus. En revanche, on a peu de contacts avec la population mais j’ai consacré la campagne à rattraper ce manque et à entrer en contact avec un grand nombre d’habitants.
Par cette expérience et mon parcours, j’ai une vision de la soutenabilité, de l’importance d’avoir les moyens de ses ambitions. Être capable d’investir sans augmenter les impôts et en réduisant la dette, c’est ce que l’on a fait sur ce dernier mandat.
Cette alchimie n’est pas facile mais nous l’avons réussie grâce à la mobilisation des élus et des services, qui ont progressé vers une meilleure utilisation des moyens.
S-M.: Qu’est-ce qui vous pousse à vous mettre au service de Suresnes et des Suresnois ?
G. B.: C’est un service, pas une ambition. Mon rôle est d’améliorer le quotidien des Suresnois et préparer l’avenir. Suresnes est une ville soumise à des pressions très fortes qui peuvent la dépasser. Il faut défendre ses intérêts mais sans être attentiste, la ville doit bouger, se positionner, en particulier dans la Métropole du Grand Paris.
Nous allons d’ailleurs avoir une réflexion sur la stratégie urbaine de la Ville : sur les équipements, le logement. La ville durable, ça ne veut pas simplement dire mettre des arbres et des vélos partout, il s’agit avant tout de mixité. C’est ce que j’entends quand on parle de l’esprit village de Suresnes et qu’il faut préserver.
J’ai grandi dans un village de 3500 habitants. Les gens se connaissent, il y a de la mixité, du lien, une simplicité de vie, une attention portée aux autres. C’est fondateur pour moi. Je ne rêve pas de transformer la ville en village mais je pense qu’il faut garder cet esprit, qui repose sur la mixité sociale au sens large. Un des enjeux dans l’Ouest parisien, c’est le maintien de la classe moyenne dans la ville, c’est elle qui fait le lien entre les différentes composantes de la population, des CSP ++ aux familles les plus modestes.
Il y aura toujours une forte proportion de logement social à Suresnes, et j’y tiens personnellement, mais la classe moyenne n’a plus les moyens d’habiter ici. C’est une question d’équilibre et d’harmonie. On doit inverser la tendance.
S-M.: Vous avez bâti votre campagne de façon participative. Allez-vous continuer et renforcer ce dialogue avec les habitants ?
G. B.: Les Suresnois nous ont délégué, pour 6 ans, la responsabilité de conduire les actions de la Ville et nous allons assumer ces responsabilités. Mais ils ne nous ont pas signé un chèque en blanc. Sur les grands projets structurants, ils seront consultés. Dans les 6 mois, nous associerons les habitants à une réflexion stratégique sur 20 ans qui portera sur l’évolution urbaine de la ville.
Nous avons besoin de penser ce nous voulons pour Suresnes, ce que veulent les Suresnois, en intégrant les grandes évolutions démographiques. Se demander où on va mettre les écoles, les entreprises, de quelles mobilités nous avons besoin…
S-M.: Vous partez pour un premier mandat de maire entouré d’élus que vous connaissez mais aussi de plusieurs nouveaux entrants.Comment avez-vous bâti cette équipe ?
Vis-à-vis des personnes qui composent mon équipe, j’ai trois attentes principales. La première c’est la compétence. Nous ne sommes pas tous des experts mais nous avons des compétences, des savoir-faire, des qualités.
J’attends aussi de leur part un certain état d’esprit : de la disponibilité et penser d’abord aux autres. Nous sommes au service des Suresnois, pas de nos ambitions personnelles, et sur le terrain. Enfin, nous serons une équipe constructive. Chacun peut s’exprimer, y compris ses divergences.
Je veux une équipe ouverte, des élus qui travaillent ensemble. Aucun élu n’aura son pré carré, aucun ne se substituera non plus aux cadres de l’administration municipale.
S-M.: Vous êtes aujourd’hui Secrétaire général pour l’investissement de l’État. Comment allez-vous articuler votre mandat de maire avec votre carrière dans la haute fonction publique ?
G. B.: J’estime qu’il est important pour un élu de garder une activité professionnelle, c’est une garantie d’indépendance. Cela apporte aussi l’indépendance financière et matérielle qui est nécessaire. Être en activité, cela permet d’avoir un réseau, des relations. Quand on connaît les ministres et les hauts fonctionnaires de l’État, c’est important, c’est un atout.
Évidemment je vais adapter mon rythme de vie, mon agenda. La priorité c’est Suresnes. Si je dois changer de métier, j’en changerai.
Christian Dupuy a fait de Suresnes une ville où il fait bon vivre, qui s’appuie sur une économie dynamique et un développement caractérisé par l’équilibre et la mixité. Les Suresnois sont attachés à cette identité et c’est un héritage que je veux conforter.