C’est une rentrée que personne n’est prêt d’oublier. Dès le 14 mai, les élèves des 18 écoles élémentaires de Suresnes ont fait leur retour dans les salles de classe désertées depuis près de deux mois.
A 8h15, devant l’école Vaillant-Jaurès, au cœur de la Cité-jardins, les premiers enfants sont accueillis dans la bonne humeur par la directrice masquée et armée de sa bouteille de gel hydroalcoolique. Pour certains parents, le choix de remettre leurs enfants à l’école n’a pas été évident : « Je suis contente de voir que des mesures sanitaires ont été mises en place, mais je ne suis pas rassurée à 100%… », confie une maman.
Dans le hall de l’école, les élèves, sagement rangés en file indienne à bonne distance les uns des autres – « au moins un bras tendu entre vous et votre copain » – écoutent avec attention les premières recommandations de leurs enseignants. Gommettes dans les couloirs et les escaliers pour matérialiser l’espace à laisser entre chacun, marquage au sol, rubans de signalisation dans la cour de récréation, lavages de mains réguliers… Rien n’a été laissé au hasard.
« Vous savez quoi les enfants, c’est la première fois de l’année que je vous vois vraiment en rang ! » sourit la directrice derrière son masque. « Je ne les trouve pas très détendus, confie-t-elle, mais ça va venir… ».
Deux semaines et demi ont été nécessaires pour mettre en place une organisation qui permette d’accueillir les enfants dans les meilleures conditions.
« Pour moi c’était important de rouvrir, souligne la directrice, Claire Oudin. Evidemment, ça a un côté angoissant parce qu’il faut penser à tellement de choses contraignantes dont on n’a pas l’habitude… Et puis c’est une autre manière d’être avec les enfants. Typiquement, depuis le début de l’année, je les bassine pour qu’ils montent les escaliers en se tenant à la rampe et là on leur dit de faire l’inverse… »
Dans les classes, seule la moitié des enfants sont présents, mesures de distanciation sociale obligent. Pas question de se remettre au travail sans avoir pris le temps d’échanger et, si nécessaire, de rassurer.
« Je suis très fière de tout ce que vous avez fait pendant le confinement, vous avez été autonomes, et vous étiez magnifiques en pyjama ! », commence Hélène Pham avant d’interroger ses élèves de CM2 : comment ont-ils vécu cette période particulière, quels sont leurs envies et leurs espoirs pour les semaines qui s’annoncent ? Tous expriment l’envie de retrouver un semblant de normalité.
Mais pour l’heure, tout est à apprendre… et à inventer. Comment jouer dans la cour de récré quand on n’a pas le droit de se toucher ni même de s’approcher ? Exit les traditionnels chats perchés et parties de foot endiablées. Les enseignants rivalisent d’imagination pour permettre aux enfants de s’amuser en toute sécurité et les premiers rires fusent, donnant à cette rentrée un peu de légèreté.
« Rouvrir toutes les écoles primaires le 14 mai a été extrêmement compliqué et a demandé un investissement colossal des équipes scolaires, périscolaires et de l’ensemble des services de la ville. Au total, 337 adultes sont mobilisés pour un peu moins de mille enfants », souligne Muriel Richard, l’élue à l’Education, avant de se réjouir : « il y a eu une mobilisation générale, une volonté de bien faire et une solidarité incroyable ».
Jeudi 14, dans cette école de la cité-jardins, 44 enfants de CP et CM2 étaient présents. « Le bouche-à-oreille va fonctionner et les enfants vont revenir quand les parents seront rassurés par toutes les mesures mises en place », prédisait la directrice.
Pour l’heure, infirmières et psychologues scolaires passent dans toutes les classes pour écouter les craintes et permettre à chacun de vivre cette rentrée inédite de la manière la plus apaisée possible.