Avec la mise en œuvre des consignes de confinement le 16 mars, le télétravail est soudainement devenu une norme et une exigence pour les salariés français. Mais dans de nombreux cas, et notamment dans la Fonction publique, ce travail à distance n’en était encore qu’à ses balbutiements.
Ce fut tout l’inverse à Suresnes dont les services n’ont pas été pris au dépourvus puisque la ville avait étudié, expérimenté, et déployé progressivement le télétravail pour les agents éligibles en prenant en compte toutes ses dimensions matérielles et technologiques mais aussi de management et prévention des risques.
Dès septembre 2017, après un accord signé en mai avec les représentants syndicaux, une première phase d’expérimentation avait été lancée, suivie en 2018 d’une deuxième session de test. La pérennisation de ce dispositif a ensuite fait l’objet d’un accord avec l’ensemble des syndicats en septembre 2019, dans le cadre d’un dialogue social fructueux mené par la Ville et le télétravail a été officiellement mis en place en octobre 2019. Les 56 agents concernés et leurs managers avaient bénéficié de sessions de formation pour les accompagner dans la prise en main des différents outils nécessaires et dans la gestion de la relation de travail.
L’avance prise dans la mise en œuvre du télé travail s’est donc révélée précieuse pour maintenir la continuité des services et l’efficacité de l’administration communale lors de l’entrée en confinement.
Là où dans le secteur privé et plus encore dans la Fonction publique (où le télétravail n’est encore qu’embryonnaire) de nombreuses entreprises et administrations ont dû improviser une organisation, en deux jours Suresnes était prête à faire face.
Dès le 13 mars (au lendemain de l’intervention du Président de la République Emmanuel Macron) les techniciens de la DSI (Direction des systèmes d’information) ont configuré en 2 jours une trentaine de PC portables afin de déployer le télétravail. Puis la distribution s’est accélérée : une vingtaine de portables supplémentaire ont été commandés en urgence et configurés en un temps record par les techniciens puis remis aux agents tout en respectant les consignes sanitaires.
Au total 57 nouveaux agents ont été dotés de PC et 219 personnes peuvent travailler à distance avec un accès complet et sécurisé (par connexion VPN) au réseau, à leurs données, aux logiciels métiers, et à une solution de visioconférence qui leur permet d’inviter tant leurs collègues que des personnes extérieures. Dans le même temps 40 lignes fixes ont été basculées vers des portables.
On a tout de suite pris conscience de l’ensemble des risques qu’allait engendrer ce confinement. Nos journées sont beaucoup plus longues, les réunions s’enchaînent, on lit nos mails en continu….N’étant plus choisi mais contraint, n’étant plus occasionnel mais quotidien, le télétravail d’évidents risques d’isolement, d’enfermement et de désocialisation
Mais l’adaptation technique n’est pas le seul défi : le télétravail est aussi un enjeu de management et de prévention des risques psycho-sociaux. Un sondage OpinionWay effectué du 31 mars au 8 avril auprès de 2 000 personnes a montré que le confinement pesait sur l’état de santé psychologique des salariés, près de la moitié des collaborateurs (44 %) présentant en effet anxiété et détresse psychologique, et relevait que si le télétravail n’est pas un facteur de risque en lui-même, les conditions dans lesquelles il est exercé doivent être prises en compte.
De nombreux agents ou salariés se sont retrouvés propulsés dans le télétravail sans préparation, contraints de s’équiper, parfois à leur frais, ou d’utiliser leur forfait téléphonique personnel, et ont été confrontés à la difficulté du management à distance.
Sur ce terrain aussi Suresnes avait pris de l’avance. « On a tout de suite pris conscience de l’ensemble des risques qu’allait engendrer ce confinement. Nos journées sont beaucoup plus longues, les réunions s’enchaînent, on lit nos mails en continu…., constate Béatrice de Lavalette, adjointe au maire, déléguée aux Ressources Humaines et au Dialogue Social qui a mené un Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail exceptionnel…en visio-conférence pour « faire part aux syndicats des mesures de prévention et de protection que nous souhaitions prendre pour garantir la santé et la qualité de vie au travail des agents et assurer la continuité d’un service public minimum ».
Le déploiement du télétravail au sein de l’administration communale a d’ailleurs été mis en œuvre dans le cadre d’un projet plus global « Incarnons le travail de demain » de transformation de la fonction publique.
Depuis 2017, les risques spécifiques au confinement avaient donc été identifiés et analysés collectivement dans le cadre du travail mené par les Ressources humaines et du Dialogue social fructueux entretenu avec les syndicats.
« N’étant plus choisi mais contraint, n’étant plus occasionnel mais quotidien, le télétravail 5 jours sur 5 porte en lui, à court et moyen terme, d’évidents risques d’isolement, d’enfermement et de désocialisation qui peuvent nuire à la qualité de vie au travail et à l’efficacité des agents, d’autant plus lorsqu’il s’exerce dans un environnement peu adapté (partage de l’espace familial, etc…) explique Béatrice de Lavalette. C’est la raison pour laquelle, dès le début nous avons proposé un accompagnement aussi personnalisé que possible, pour qu’aucun agent ne se sente mis à l’écart du collectif de travail. Par ailleurs, la possibilité a été offerte aux agents qui seraient contraints de rester chez eux sans pouvoir télétravailler de prêter main forte à leurs collègues qui en auraient besoin ».
Enfin l’adaptation de l’organisation du travail à l’exigence du confinement ne s’arrête pas au télétravail. Ainsi la DSI a étudié et mis en œuvre rapidement un processus d’inscriptions scolaires dématérialisées. Une trentaine d’inscriptions a pu être gérée dès le mardi 31 mars. La mise en place du parapheur électronique avec une mise en production progressive et ciblée est en train d’être finalisée. L’organisation d’un conseil municipal en visio-conférence est également à l’étude.