« J’ai fait mon premier concert rémunéré il y a juste 50 ans », annonce Jacques Guionet, directeur adjoint au conservatoire de Suresnes.
À 64 ans, il affiche une passion intacte, à la fois comme instrumentiste (piano, orgue, trombone, basse électrique et chant) et comme « passeur » d’une approche pédagogique sans sectarisme, fondée sur une curiosité gourmande pour toutes les musiques. La gourmandise, il est tombé dedans quand il était petit, à Tours, dans le commerce de ses parents « Boulanger, pâtissier… saxophoniste et clarinettiste », énumère-t-il. Le petit Jacques commence le piano à 9 ans. À douze ans, il entre au conservatoire de Tours, classe de trombone, tout en continuant le piano. Huit ans plus tard, il monte à Paris avec son prix de trombone du conservatoire national de région en poche et des musiques plein la tête.
Déclic éclectique
Entre-temps, il a découvert le pianiste Jacques Loussier interprétant J.S. Bach en trio jazz, puis il a écouté Django Reinhardt avant de succomber au charme de la bossa nova brésilienne. « Un choc», se souvient-il, et le déclic d’une passion pour la musique qui va sans cesse se nourrir de mixité et d’éclectisme. Arrivant à Paris en 1975, il suit des cours avec les professeurs du conservatoire national supérieur et joue le soir dans des orchestres ou comme pianiste d’hôtel. Une carrière débute : tromboniste dans la musique principale des troupes de marine, vendeur d’instruments de musique, professeur aux conservatoires de Chaville et de Vélizy, pianiste dans différentes formations jazz et variété, conférencier, président de l’école de musique du centre Chopin…
«Je suis arrivé à Suresnes en 1999 pour créer un département Jazz à la demande du directeur, Bruno Garlej, que je connaissais depuis 20 ans» explique Jacques Guionet. Peu après, il prend le poste de directeur adjoint et participe à la création du nouveau conservatoire rue du Puits d’amour en 2007. «C’était un nouvel élan pour permettre aux gens d’accéder à l’éducation musicale et je suis heureux d’en avoir fait partie, notamment grâce à la création de l’orchestre à l’école au collège Henri Sellier, pour des enfants qui n’auraient jamais osé entrer dans le conservatoire. À Suresnes depuis 21 ans, je ne regrette pas une seule minute. La retraite ? J’y pense, pour bientôt, en termes de voyages.»