Trois mille arbres dans le parc du château, celui des Landes et les autres squares et jardins de la ville, 2270 arbres d’alignement et « d’accompagnement de voirie », 200 dans les crèches et les écoles, 190 dans les trois cimetières de la ville, environ 500 sur les talus et terrains rustiques…
Le patrimoine arboré de Suresnes est estimé à plus de 6000 arbres disséminés sur le domaine public dont l’entretien incombe au service Parcs et jardins de la Ville. La promenade autour du mont Valérien est, quant à elle, du ressort du ministère de la Défense et du Conseil départemental.
Un patrimoine arboré qui vit et meurt, peut aussi être sujet à maladie, comme tout être vivant, et nécessite surveillance, arrosage, abattages, essouchages, tailles et élagages, plantations, replantations…
Sondes
La technologie vient aujourd’hui en aide aux jardiniers. Des sondes placées à différentes profondeurs au pied d’arbres récemment plantés dans 5 secteurs de Suresnes, collectent des données dont l’analyse informatique en temps réel permet d’adapter l’approche de l’arrosage et de l’entretien.
« On ne peut pas savoir en surface si un arbre a assez d’eau ou pas. Pour une plante, on le voit tout de suite au niveau de son feuillage qui réagit rapidement. Mais il y a un temps beaucoup plus long entre le moment où un arbre est en stress hydrique et celui où on commence à en percevoir les signes extérieurs. Nous n’avons pas eu de perte du tout sur les nouvelles plantations depuis que nous avons mis en place ce suivi informatique par sondes. Cela améliore la santé des plantes et favorise une meilleure gestion des interventions des équipes et de la consommation d’eau », annonce Thierry Giard.
Tous les arbres sont géolocalisés et inventoriés sur le système d’information géographique de la Ville : variété, genre, type, espèce, hauteur, port libre ou port taillé, caduc ou persistant…
« C’est un outil de gestion indispensable car on ne gère pas un arbre en ville comme on le gère en forêt. Il faut le sécuriser et le renouveler plus souvent. La fin de vie d’un arbre planté en accompagnement de voirie n’est pas la même que dans un parc ou en forêt et son espérance de vie est moindre », assure Thierry Giard qui dirige le service Parcs et jardins, dont 20 personnes sur le terrain été comme hiver.
« Gérer le patrimoine arboré d’une ville, c’est d’abord s’occuper des arbres existants, et planifier les plantations et replantations sur plusieurs années, en tenant compte des endroits où on peut planter et de ceux où l’on n’a pas la profondeur suffisante en raison des réseaux souterrains (électricité, eau, gaz, fibre…) trop proches », complète Stéphane Perrin-Bidan, adjoint au maire délégué à la Qualité de l’environnement et aux Parcs et jardins.
Savoir planter les arbres
En moyenne, il faut compter 2500 euros pour l’achat de l’arbre, la réalisation de sa fosse d’implantation et son entretien pendant les deux premières années, auxquels s’ajoutent l’enlèvement éventuel et le dessouchage de l’arbre mort qu’il remplace. Les pratiques évoluent pour s’assurer les meilleures chances de succès d’implantation.
La Ville achète des arbres dits « transplantés », que le pépiniériste a déplacés régulièrement durant leur croissance. Tous les 2 ans, il les a retaillés, en a coupé les racines t les a replantés à un endroit différent. «Ils ont déjà été déplacés 6 fois quand nous les achetons, » affirme le chef du service Parcs et jardins. « Lorsqu’on les implante à Suresnes, ces arbres ont déjà été habitués à être transplantés et leur densité de racines leur permet de mieux redémarrer. » On leur prépare une fosse de taille conséquente avec un support assez léger, non compacté, qui permet au système racinaire de se développer plus facilement, comme avenue Stresemann, un mélange terre-pierre pour que l’eau puisse circuler et que la racine descende, évitant à la voirie de pâtir dans le futur de déformations liées aux racines de surface. Un guide racinaire installé dans la fosse vient guider les racines vers le bas.
Veille phytosanitaire
L’organisation doit s’adapter au réchauffement climatique. « Il faut désormais arroser de mai à septembre », constate Thierry Giard. Et un arbre peut consommer jusqu’à 200 litres par semaine, l’eau de pluie ne suffit pas. Pour limiter la consommation d’eau, la Ville choisit des variétés d’arbres qui vont chercher l’eau en profondeur et nécessitent moins d’arrosage. « Ils se développent naturellement et se régulent eux-mêmes en cas de chaleur, quitte à perdre un peu de feuilles pour consommer moins d’eau » explique Thierry Giard.
« Les arbres deviennent aussi plus fragiles », s’inquiète Stéphane Perrin-Bidan, « à cause du réchauffement climatique, la période de dormance hivernale qui autrefois débutait en décembre est raccourcie ou inexistante et les arbres n’ont plus de cycle de repos. Certains n’ont pas perdu leurs feuilles cet hiver et d’autres fleurissent précocement en ce moment. Cela nous impose une veille phytosanitaire toujours plus poussée ».