C’est un personnage. Véronique Berjon-Bailly, proviseure du lycée des Métiers des énergies et du bois Louis Blériot ne cache pas qu’elle est un peu atypique. N’a-t-elle pas réussi à imposer son autorité dans son établissement où sur 480 personnes (élèves et personnels), on compte moins de 30 femmes ?
« J’évolue effectivement dans une ambiance très masculine, sourit-elle, mais ce n’est pas pour me déplaire. Je ne me pose pas la question de mon autorité, pour moi c’est une évidence que je dirige l’établissement. Ma stratégie avec les jeunes est de leur faire comprendre qu’il y a un cadre que l’on doit respecter et que c’est non négociable. D’autant qu’ils ont besoin de repères. Après il faut les encadrer avec beaucoup de bienveillance parce que l’école n’a pas toujours été tendre avec eux. »
Enthousiaste et convaincue, cela se voit et rejaillit sur son équipe et ses élèves, la proviseure apprécie de travailler avec le monde de l’industrie. « Les formations sont très diverses, tout comme les profils des élèves. À côté des élèves de formation initiale on trouve des apprentis et des adultes en reconversion, qui se retrouvent parfois dans une même classe. Ce mélange crée une dynamique. Un jeune de 14 ans peu motivé pour venir au lycée pourra par exemple côtoyer un cadre de La Défense qui souhaite changer de métier. Cela donne du sens à nos formations », explique Véronique Berjon-Bailly.
Ouverture aux entreprises À la tête du lycée suresnois depuis 7 ans, entreprenante, elle n’a de cesse de développer ses filières et d’ouvrir l’établissement aux entreprises.
« Nous avons monté l’an passé un BTS électrotechnique en apprentissage avec le CFA des métiers des énergies EDF, et un bac pro Métiers de l’électricité en apprentissage avec le Centre GustaveEiffel (CFA Bouygues). L’an prochain nous ouvrirons un deuxième BTS en électrotechnique avec ce CFA. Un partenariat avec Engie est en train de voir le jour. Le monde de l’entreprise, par l’entremise des tuteurs, entre dans l’établissement. Cela aussi donne du sens à nos formations », poursuit-elle.
Ayant travaillé pendant 20 ans dans la formation d’adultes et comme conseillère en formation continue au sein des Greta de l’Éducation nationale, Véronique Berjon-Bailly emploie régulièrement l’expression « deuxième chance ». Mais surtout elle la met en oeuvre, pour « faire en sorte que la première chance qu’est la formation initiale réussisse davantage », insiste-t-elle, tout en soulignant l’immense importance d’une bonne orientation.
Orientation active
Elle peut ici s’appuyer sur les liens qu’elle tisse avec détermination sur le territoire. La proviseure pilote par exemple le dispositif Foquale pour le bassin de Nanterre. « Il s’adresse aux élèves décrocheurs, pour pouvoir les identifier et les réorienter. Pour qu’ils soient enfin à leur place », détaille-telle.
Des stages d’immersion de 15 jours dans d’autres filières leurs sont par exemple proposés. D’autant que selon elle il ne manque pas de place dans des filières pourtant porteuses d’emploi. « Avec la construction du Grand Paris express on a par exemple besoin de beaucoup de jeunes issus des sections électrotechniques. Le dispositif Foquale met en oeuvre une orientation active, pour réparer un peu les orientations subies », complète-t-elle.
Avec un mot d’ordre : un suivi permanent des éventuels décrocheurs. Toujours dans le domaine de l’orientation, en partenariat avec les services Jeunesse de la ville, le lycée Blériot accueille au mois de mars le Forum « Construire son parcours de formation » où tous les lycées du bassin présentent leurs formations à travers des stands à destination des collégiens du bassin.
Ciblerie, arbre à livre, exposition décors….
Côté liens avec la Ville, ils sont multiples. Avec les électrotechniciens pour l’éclairage, ses menuisiers sont fabriqué et installé la nouvelle ciblerie des Archers suresnois, un arbre à livres que l’on peut voir place Bardin à Suresnes et de nombreux décors pour le Festival des Vendanges. Un groupe d’élèves et d’apprentis a même récemment conçu une exposition à la Médiathèque intitulée « Femme(S), la lutte contre les violences sexistes » s’inscrivant dans les différentes actions mises en place par la ville de Suresnes dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes.
Les électrotechniciens ont aussi restauré une partie des décorations qui illumineront les rues de la
ville pour les fêtes de fin d’année. Enfin un partenariat avec le MUS et le théâtre Jean Vilar, à travers
différents projets, permet aux élèves de s’ouvrir davantage à la culture. D’ailleurs le théâtre est aussi une bouffée d’air pour Véronique Berjon-Bailly, également pianiste à ses heures perdues.