La danse peut beaucoup et bien plus encore. Shéhérazade Boyer-Tami en est chaque jour un peu plus convaincue.
Suresnoise depuis quinze ans, elle a fondé l’association La Danse des femmes il y a dix ans après une carrière professionnelle dans le luxe.
« Je propose aux femmes, quels que soient leur âge ou leur histoire, de trouver un équilibre. Souvent elles ont eu un parcours compliqué, vivent un temps émotionnellement difficile. L’initiation à la danse et aux rythmes du monde sont des outils de mieux être qui permettent de les réconcilier avec leur féminin, qui est plutôt mis à l’écart dans la société », détaille Shéhérazade.
Elle les accompagne donc, ménageant quelques pas de côté en marge du poids de la société, jusqu’à la découverte d’elles mêmes.
Des racines et des elles
Il est bien sûr un peu question de lâcher prise. Et beaucoup d’empathie, de développement personnel collectif pour réguler les émotions et rompre l’isolement, sans jugement.
« Sans l’autre on n’est pas grand’chose », lance celle qui n’a de cesse de traduire ses paroles en actes. Danse thérapeute, sophrologue, elle a été pendant 5 ans bénévole aux Alizés, l’espace suresnois d’accueil et d’écoute pour les personnes touchées par le cancer et leurs proches.
En dansant, on se confronte pour se réconcilier avec l’autre
« La rencontre avec Jennifer Krief, à la tête du service Prévention en santé publique et soutien aux habitants de la ville de Suresnes, a été déterminante. Elle m’a ouverte à ces questions, des liens forts ont été tissés. Je suis d’ailleurs maintenant soignante auprès des malades de cancer à l’institut Rafaël, maison de l’après cancer, à Levallois », poursuit-elle.
Tout en insistant sur le côté collectif de l’expérience, l’importance de l’altérité. « En dansant, on se confronte pour se réconcilier avec l’autre », confirme Shéhérazade qui a découvert la danse orientale il y a 20 ans. « Elle allie exigence, fluidité et respect du corps », souligne-t-elle. Elle qui ne limite pas ses interventions à cette danse mais tient à ce que l’exercice soit source de joie et de douceur.
Si ses parents sont nés en France, les origines marocaines et algériennes de Shéhérazade ont leur importance. On parlera d’enracinement, mais pas seulement.
« L’idée que je me fais de la femme ne peut pas être décorrélée de mes origines. Je suis profondément attachée au Maroc, où pourtant le corps de la femme est un sujet extrêmement tabou. J’emmène régulièrement des élèves là-bas et mon association parraine un orphelinat à Essaouira. Nous collectons d’ailleurs actuellement des produits d’hygiène et pour les bébés. Je crois aussi que ce que je fais aujourd’hui est inconsciemment pour retrouver l’ambiance des femmes, des cousines, des tantes, qui aimaient à se retrouver ensemble. Les cercles de femmes c’est culturel chez nous », rappelle-t-elle.
Tout en assurant avoir hérité de la violence terrible du déracinement sans l’avoir pourtant connu. Alors pour lutter contre les réactions du corps marqué, il y a toujours l’immense bienveillance de Shéhérazade.
« J’aime être en harmonie avec les autres », ellipse-t-elle…
◗ La danse des femmes, Suresnes Fitness Club, 55 rue Merlin de Thionville
◗ Le jeudi de 19h15 à 20h45 (niveau 1) et de 20h45 à 22h15 (niveau 2)
◗ Tél. : 06 16 70 51 94, ladansedesfemmes.org