Son initiative pédagogique saluée par le Président de la République à l’occasion du 70e anniversaire de la déclaration des droits de l’homme en décembre dernier (voir Suresnes mag 303 janvier) n’est sans doute pas étrangère à cette récompense du ministère de la Culture. Mais c’est aussi toute une carrière dédiée à la musique et à la transmission qui est honorée par cette médaille de chevalier des Arts et lettres que lui a remise le maire, Christian Dupuy, le 24 juin : une carrière dans l’enseignement artistique ponctuée de nombreux ouvrages pédagogiques, sans oublier sa délégation d’adjoint au maire délégué à la culture dans sa commune yvelinoise de Chevreuse. « Il m’arrive aussi de célébrer des mariages. C’est un moment que j’aime bien », sourit celui que rien ne prédestinait à une carrière musicale. Il est le seul musicien de la famille, d’origine polonaise (là-bas on prononce « Garleye ») dont les grands-parents se sont d’abord installés dans le nord de la France. Né à Versailles en 1957, il grandit à Chaville et rêve de jouer du piano. Trop coûteux. On lui suggère de commencer le violon, à 12 ans, d’abord au conservatoire de Chaville puis au conservatoire national de région de Versailles. «J’ai débuté relativement tard, mais à 15 ans, je savais que je ne voulais faire que cela. J’allais au collège et au lycée mais je passais de plus en plus de temps au conservatoire », se souvient-il. À 20 ans, Bruno Garlej fait déjà 200 concerts par an, il voyage, avec les Concerts Lamoureux, l’Ensemble d’archets français de la Sainte-Chapelle ou d’autres orchestres constitués. « Un bon moyen pour apprendre le métier et les œuvres », souligne ce passionné. « Je faisais de la musique 24 h sur 24, des enregistrements de musique de films, des publicités, j’ai même joué dans un clip du groupe anglais Eurythmics. » En 1979, il commence à donner des cours au conservatoire de Chaville et ponctuellement dans d’autres villes. « C’était plus simple qu’aujourd’hui, on ne passait pas les concours de la fonction publique », explique-t-il. Il s’intéresse de plus en plus à la pédagogie et commence à publier beaucoup d’ouvrages, dont une méthode de violon qui va s’écouler à plus de 150 000 exemplaires en 15 ans, la plus vendue en Europe. « Nous étions à l’époque aux prémices de la réflexion sur la pédagogie de l’enseignement de la musique aux enfants. Aujourd’hui cela paraît évident à tout le monde ».
.
Création du nouveau conservatoire
Dans les années 1990, les communes investissent dans les écoles de musique. À 37 ans, fort de son expérience, Bruno Garlej souhaite élargir et partager sa vision de ce que doit être un conservatoire. En 1994, sur concours, il intègre une préparation au certificat d’aptitude de directeur de conservatoire et prend un poste d’adjoint à celui de Clamart. En 1997, il est choisi parmi 80 candidats pour diriger celui de Suresnes, alors situé dans le théâtre Jean Vilar. « J’ai été nommé un 1er avril. Je me suis aussi marié un 1er avril » (avec Dominique, une pianiste professionnelle), s’amuse le directeur qui conserve le regard malicieux de celui qui manie l’humour aussi vivement que l’archet. Il va bien sûr porter avec la mairie la création de l’actuel conservatoire place du Puits d’amour, où il dirige aujourd’hui une équipe de 39 professeurs auxquels il a peu à peu instillé ses principes pédagogiques qui ont conduit notamment à la mise en place de l’orchestre à l’école avec le concours des professeurs du collège Henri Sellier… Membre de la Société des amis de Montaigne, il aime à citer le philosophe de la Renaissance : « Enseigner, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu », avant de poursuivre : « La musique, ce n’est pas que du plaisir, ce n’est pas que de l’effort, c’est les deux réunis. La devise du conservatoire pourrait être : Ni démagogie, ni élitisme, la voie du milieu. »