En seulement quatre années d’existence, Blues sur Suresnes est devenu l’un des grands rendez-vous des amateurs du genre en France, et même d’ailleurs. L’idée de ce rassemblement musical a germé lors d’une discussion entre le Suresnois Behgam Kazemzadegan, musicien et passionné de blues, et Nicolas Giron, le régisseur du Zik’Studio où il répétait. « Et pourquoi ne pas organiser un festival dans ma propre ville ? », s’est dit le premier. Peu après avoir créé son association, Behgam Kazemzadegan propose une première soirée de concert en 2015. <em>« La deuxième année », se souvient-il, « nous avons ajouté des événements artistiques annexes et commencé à être visibles. Dès 2017, nous avions une semaine quasi-complète de programmation, et un festival tel qu’il est aujourd’hui. Désormais, je reçois des demandes de participation presque tous les jours. »
Dès le début de l’aventure, Behgam ne souhaite pas se limiter à la musique. « J’avais envie de rassembler le plus de propositions artistiques possibles », explique-t-il « d’où l’idée d’organiser plusieurs événements : une exposition photo de Sylvie Bosc, qui documente les lieux du Mississipi Blues Trail*, un film consacré à ce voyage, un spectacle pour enfant, des ateliers musicaux…
On propose toujours un petit thème sur l’histoire du blues à la Librairie du Point de côté où l’on aborde toutes sortes de sujets. »
Styles différents
Cette ouverture lui permet de fédérer un public très large, qui connaît mal le blues et le découvrira peut-être sous un autre jour. Florence, Suresnoise bénévole depuis la précédente édition confirme : « J’aimais le blues, mais j’ai découvert que l’on y trouve énormément de styles différents : des choses tranquilles, d’autres plus énergiques et rock, ou franchement soul. Je trouve que le festival représente bien sa grande diversité. »
« Le blues a nourri toutes les musiques actuelles, du jazz au rock, à la soul, au funk, et même du rap. », complète Behgam Kazemzadegan. « Mais l’inverse est aussi vrai. Les musiques contemporaines l’ont nourri. Il y a une très grande variété dans le genre et c’est ce que j’ai envie de proposer au public. » Tout particulièrement aux jeunes. « Les ados ou jeunes adultes, si vous leur proposez de vous accompagner à un concert de blues, ils refuseront catégoriquement. Mais si vous ne leur dites rien et que vous les emmenez aux concerts, ils apprécieront. Le blues est probablement la musique la plus intergénérationnelle aujourd’hui. Il y a peu de shows où vous pourrez croiser dans une même salle des jeunes avec leurs parents, voire avec leurs grands-parents. »
Aujourd’hui, Blues sur Suresnes, avec sa programmation de grande qualité, attire également les amateurs du genre. « Les passionnés nous disent que c’est le festival parisien qui leur manquait. On a même des étrangers qui viennent pour l’événement ».
Les artistes sont majoritairement français, mais quelques talents venus d’ailleurs, de Suisse, du Canada ou de Belgique viennent s’ajouter à cette édition. Seuls en scène, voix féminines puissantes ou guitaristes-chanteurs en solo, il y en aura pour tous les goûts.
Équipe de bénévoles
Le projet a bien grandi en quatre ans. Nicolas Giron, qui gère tout l’aspect technique (réserver les salles, préparer la venue des groupes, s’assurer qu’ils ont leur matériel…) l’a vu se déployer : « Behgam a fait son chemin, il est entré en contact avec des personnes de la mairie ; je l’ai vu rencontrer les artistes, aller aux concerts et aux festivals. Il est devenu un vrai programmateur qui découvre les groupes et gère les cachets. » Au fil des ans, l’organisation aussi s’est bien rôdée. Aux côtés de Behgam, une équipe réduite de bénévoles l’accompagne tout au long de l’année et s’agrandit lorsque le festival approche. « Nous sommes une quinzaine à nous mobiliser avant les événements, pour la communication principalement, et pendant toute la durée du festival pour son bon déroulement. On a un peu plus structuré et professionnalisé l’association pour que chacun ait des tâches définies. » Florence qui se définit comme une « petite main », a de nouveau répondu présente cette année : « Je m’occupe de la billetterie, de désinstaller la salle, de vendre des disques… Cette année j’ai aussi distribué des tracts sur le marché de Suresnes en précisant – période électorale oblige – que c’était de la musique, pas de la politique ! »
Blues sur Suresnes reçoit depuis trois ans le soutien de la mairie, présente pour la communication, l’affichage en ville, le site web et les réseaux sociaux. « Et grâce à l’Office du Tourisme, nous avons un budget pour pouvoir héberger les artistes », souligne Behgam Kazemzadegan.
Le festival peut aussi compter sur des financements privés, le Cogedim Club, qui possède une résidence à Suresnes, entre autres.
Heureux du développement du festival, ce passionné hyperactif se lancerait bien, d’ici quelques années, dans la production musicale. Sans bien sûr laisser de côté son bébé, Blues sur Suresnes, qu’il espère voir grandir « par la richesse de la programmation », et pourquoi pas s’étendre à d’autres lieux.
*Le Mississipi Blues Trail recense, dans l’état du Mississipi, tous les lieux marquant de l’histoire du blues, liés à un artiste ou à l’industrie et qui ont contribué à son développement.