Une réussite fulgurante et méritée. Il a pressé pour la première fois sur un déclencheur il y a seulement dix ans et voilà que Bastien Louvet vient de voir un de ses clichés des manifestations des gilets jaunes publié dans des journaux nationaux. Retour sur la genèse : « J’ai toujours acheté du matériel de plus en plus perfectionné, travaillé ma technique et surtout fait énormément de photographies, certaines étaient publiées dans le journal de mon collège », se souvient le Suresnois. Quelques années plus tard il remporte le concours vidéo organisé par la Ville. Il enchaîne portraits, photos de concerts et finit même par se mettre à l’argentique. « Je développais mes pellicules dans la salle de bain », sourit-il. Après un bac ES, définitivement accro, il entame un BTS de photographie et arpente le terrain en envoyant régulièrement son travail à l’agence Panoramic. Après avoir fait ses armes lors d’une manifestation d’ambulanciers, il couvre la totalité des manifestations parisiennes des gilets jaunes.
Jusqu’à l’acte 8, quand tout bascule. « J’avais repéré un manifestant massif, habillé tout en noir, et j’ai décidé de le suivre. » Bastien Louvet ne sait pas encore que ce dernier s’appelle Christophe Dettinger, ancien boxeur professionnel, et que vingt minutes plus tard, il va remettre les gants contre un policier, mais sans les gants. Les images vont faire le tour des médias. Celles de Bastien, prises « en plongée depuis une passerelle » en tête. Le jeune Suresnois, qui s’est couché à 4h du matin après avoir traité ses photos et les avoir envoyées à son agence, est en effet réveillé deux heures plus tard par un appel du Figaro. Il est des réveils par l’aurore plus doux que d’autres. Il sera également publié par Paris Match et L’Équipe, propulsé loin de l’atmosphère scolaire du BTS où il commence un poil à s’ennuyer. D’autant qu’en parallèle, au fil des samedis, Bastien a tissé pas mal de lien avec des journalistes, notamment de Sipa press, dont un des rédacteurs finit par le contacter et lui propose de travailler pour eux. « Je suis très heureux, d’autant que je suis le plus jeune à entrer dans la boîte, ils m’ont promis 25 reportages par mois », reconnaît-il. Bastien va même mettre en suspens son diplôme qu’il pourra valider en justifiant de deux années de travail dans le domaine. Un projet de reportage de plusieurs mois au Mali en tête, Sipa est intéressé, le Suresnois désire faire du photojournalisme son métier depuis longtemps. « Les mouvements sociaux m’intéressent tout particulièrement. Je veux montrer ce qui se passe avec le plus d’objectivité possible ». Mature, lucide et humble : tout est dans le « possible »…