Au XVIIe siècle, Marguerite Naseau se tailla dans l’histoire de la ville une place pleine de piété et d’abnégation. Née en 1594 à Suresnes, c’était une gardienne de troupeaux, illettrée. Très vite, elle voulut apprendre, s’élever par la connaissance. Privée d’enseignement, l’école était alors un luxe pour les classes laborieuses, elle se procura un alphabet et reçut l’aide du curé de la paroisse. Tenace, elle finit par apprendre à lire et à écrire, alors que les ignares du village se moquaient d’elle.
Quand et où rencontra-t-elle celui qui changea le cours de sa vie ? Les archives sont floues, mais le Père Vincent de Paul fit de la jeune femme une enseignante itinérante, allant de villages en villages pour transmettre son savoir. Mais ce n’était pas assez pour Marguerite qui demanda à servir au sein des « petites sœurs grises », ces religieuses membres des « charités » du futur Saint Vincent de Paul. Ces religieuses vêtues du gris des paysannes se dévouaient auprès des pauvres et des malades. La Suresnoise allait de paroisses en paroisses, maîtresse d’école et infirmière.
En 1633, à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, elle laisse son lit à une malade, une lépreuse. Ce sera son dernier geste, la maladie la gagne et elle meurt à l’âge de 39 ans à l’hôpital Saint-Louis à Paris. Dans ses écrits, Saint Vincent de Paul n’eut de cesse de la citer en exemple.
Jeanne Eglé Fulchrande Catherine Mourgue née en 1778, n’aurait pu passer à la postérité que comme épouse de Philippe Panon Desbassayns de Richemont, né en 1774, intendant de l’île Bourbon (l’actuelle île de la Réunion) et propriétaire du château des Landes à Suresnes. Mais le destin forcément tragique en décida autrement à l’été 1804. Un jour d’été, Madame fit atteler la calèche pour se rendre au château de Rueil-Malmaison, demeure de l’Empereur Napoléon et de l’impératrice Joséphine, en compagnie de la petite Camille, sa fille de 4 ans. La route est escarpée, dangereuse, la calèche se renverse dans un virage. Camille et sa mère sortent en apparence indemne de cet accident. Mais plus d’un mois après, la petite fille meurt sans doute d’un caillot de sang. Jeanne décide de rétablir la tradition ancienne de la Rosière, qui consistait à distinguer une jeune fille de Suresnes particulièrement vertueuse. Elle se voyait célébrée lors d’une fête, coiffée d’une couronne de roses et dotée de 300 francs quand elle se mariera. La Rosière fut par la suite distinguée pour ses actions et non plus pour sa vertu.
Marie-Augustine Vernet, née en 1825, fut le premier mannequin de mode. Son mariage en 1851 avec Charles-Frederick Worth, la propulse au rang de muse du couturier.
En portant ses créations dans les salons de Paris ou lors des réceptions à Suresnes, elle fut la meilleure ambassadrice du talent de son mari.
Simone Lacapère (née Deffain en 1916) aurait pu n’être qu’une institutrice comme les autres. Mais avec son mari Jacques, elle se préoccupe dès 1943 des enfants malades, atteints de tuberculose qui nécessitent des écoles adaptés. Après-guerre, ces écoles sont dénommées des EPA, Écoles de plein air. Elle rejoint en 1954 l’EPA de Suresnes où elle va développer un environnement particulier pour les élèves malades : bâtiments adaptés aux handicaps, rampes d’accès… Adjointe à la mairie de Suresnes de 1971 à 1979, elle est la directrice de l’établissement et travaille aux côtés de son mari directeur du Centre National d’Éducation de Plein Air (CNEPA) sur les problématiques des écoles adaptées aux enfants dits « chétifs » ou atteints de maladies respiratoires.
En 1989, elle rédige pour l’ONU un projet de convention sur les droits de l’enfant. Toutes ces grandes figures ne sont qu’une partie de l’iceberg, une contribution de femmes désireuses de faire bouger les lignes, d’apporter leur contribution à l’humanité.