Une caravane, un terrain vague et un fusil qui traîne pour chasser les intrus. Le metteur en scène Camille de la Guillonnière n’est « pas le premier à transposer L’Avare de Molière dans un univers contemporain ». Il y voit cependant la possibilité de souligner l’actualité de ce que « dénonçait Molière il y a plus de 350 ans. L’obsession de l’argent existe toujours, tout comme la volonté d’y enfermer les autres. »
Il est ici question d’Harpagon qui a tout sacrifié à la seule jouissance de la possession. Or, en « bon père de famille dominant », il transmet, impose, « des valeurs, mais des valeurs malsaines et mortifères édictant de ne surtout pas profi ter de son argent, ni d’en faire profiter les autres. Ce rapport à la transmission m’intéressait également », explique le metteur en scène.
Tragédie, poésie et radicalité
La comédie frôlant la tragédie est présentée dans une esthétique inspirée de la vie d’une personne que Camille de la Guillonnière a « côtoyée de loin. Très riche, elle vivait comme un pauvre. Elle était capable de vendre tous ses biens pour faire croire qu’elle l’était », se souvient-il.
Dans son travail, il s’est également montré très attentif à la poésie. « Le cadre que j’ai retenu apporte un côté gitan voire rural. Les costumes sont élimés, donc beaux, ce ne sont pas des pièces que l’on a fabriquées pour le spectacle, mais des vêtements qui ont été portés, ont vécu, se sont usés. En soi cela raconte quelque chose de très fort », confi rme-t-il. Des choix qui portent son propos : « Nos politiques nous poussent à penser en termes économiques avant de prendre en compte l’humain. Aujourd’hui encore, on pense qu’être heureux ne peut passer que par l’argent », regrette-t-il.
Quant au dénouement en forme de happy end, Camille de la Guillonnière n’en change pas un mot mais retient que « malgré la joie le père reste avare et surtout les enfants n’ont pas le courage de s’enfuir. » Il y apporte donc une touche inattendue de radicalité.
➜ L’Avare de Molière, mis en scène par Camille de la Guillonnière, les 20 et 21 avril à 20h30.
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