«C’ est tout blanc. » Il n’y va pas par quatre chemins, fut-ce en traîneau, ne glose pas cent sept ans pour décrire les paysages de sa Laponie. Le Père Noël a le laconisme efficace, normal lorsqu’on doit livrer 1 million de poupées, 2 millions de déguisements, qui de super héros, qui de princesse, des tonnes de dinosaures en plastique et des kilomètres de circuits automobiles, en quelques heures, et aux quatre coins du monde. Pas de temps à perdre.
C’est donc bien avant le 25 décembre, alors qu’il décachetait ses lettres au Père Noël à un rythme frénétique, c’est un spectacle enivrant, que le plus célèbre des papys barbus a levé un petit coin de voile sur son parcours.
« Cela m’est venu très jeune. Je désirais participer à cette formidable fête et faire briller les yeux des enfants », se rappelle-t-il. Comme des heures qu’il passait en début de carrière à se grimer à coup de coton collé sur le visage et de coussins glissés sous son costume, vocation précoce oblige. Puis au fil des ans, de moins en moins de coton et de coussins ont été nécessaires.
« Le poids des années et les talents culinaires de ma femme, la Mère Noël », sourit ce maintenant débonnaire grandpère. Raccrocher ? « Que nenni, tant que je peux sillonner le monde avec du bonheur plein ma hotte, je continuerai », assure-t-il.
Tant que je peux sillonner le monde avec du bonheur plein ma hotte, je continuerai
Néanmoins, cela arrivera bien un jour, alors un petit conseil pour les candidats à sa succession. « Connaître la géographie et faire du sport ! La première est très utile quand le GPS tombe en panne à cause du froid. Quant à l’exercice physique, je vous rappelle que le code de déontologie de la profession exige que nous passions, lorsque c’est possible bien sûr, par la cheminée. » Logique.
Au fil de l’échange, l’on perçoit que derrière cette solide carcasse, cette peau tannée par les distributions de jouets, palpite un cœur d’enfant. « Tout juste, si je fais cela c’est aussi parce que c’est un prétexte pour me tenir au courant des dernières tendances et aussi tester les nouveautés », reconnaît ce nostalgique des trains électriques.
Et le permis traîneau ? « Du premier coup. J’ai eu la chance de tomber sur un examinateur sympa qui ne m’a pas demandé de faire un créneau. Je vous assure, en traîneau c’est encore plus coton qu’en SUV. » Longue vie Père Noël.