Philippe Toinard, le goût du Bon

avril 2022

Quand il ne sillonne pas les terroirs pour dénicher des producteurs authentiques, le chroniqueur gastronomique vit heureux comme un Suresnois au pied du mont Valérien.

Texte : Chahine Rafii

Photo: David Marnier

Si la recette du bonheur est d’une réussite par nature incertaine, on ne prendra pas de risque en affirmant que Philippe Toinard a tout pour la concocter. Il faut dire que dénicher les bons ingrédients c’est un peu le mantra du chroniqueur gastronomique suresnois, consultant culinaire de BFM TV et rédacteur en chef de la revue trimestrielle 180 °C.

Une passion qui trouve sa source dans une enfance enracinée dans le terroir breton, lors des vacances à Paimpol auprès de ses grands-parents, marin-pêcheur côté paternel et agricultrice côté maternel. La révélation n’est venue qu’en 1998, après une carrière menée dans le marketing et l’événementiel en agence. Sa rencontre avec Jean-Luc Petitrenaud, avec qui il organise « La Semaine du Goût », le pousse alors à changer de voie.

« On est devenus copains comme cochons. Il n’arrêtait pas de me dire que j’étais fait pour écrire, boire et manger. J’ai fini par y croire. J’ai commencé par partir le week-end dégoter de bonnes adresses pour son Guide, puis j’ai démissionné. J’ai pris un risque financier, mais j’étais décidé à me lancer. Et aujourd’hui je vis de ma passion. »

Indépendance et saisonnalité

A ce premier ingrédient rajoutons le goût de l’indépendance de ce chroniqueur multi cartes, qui est également rédacteur en chef pour les livres de recettes Fou de cuisine et Fou de pâtisserie. La revue 180°C, un « mook » (publication qui emprunte au magazine et au livre) privilégiant les portraits fouillés et les rencontres authentiques, est ainsi totalement exempte de publicité.

Ce qui va de pair avec un autre ingrédient : son engagement personnel et professionnel pour « valoriser les hommes et les femmes que l’on ne voit pas ailleurs, qui font et nourrissent bien, mais qui veillent aussi à leur prochain tout en respectant notre sol et la biodiversité».

On complète la recette avec l’exigence de la saisonnalité éditoriale : les reportages de 180° C, sont ainsi tous réalisés un an avant leur parution pour refléter la réalité du cycle de production et de consommation.

« Il est très important pour nous de faire un reportage sur les tomates lors de la saison des tomates» résume Philippe Toinard qui prône de sortir d’un modèle de consommation intensive en devenant des « consomm-acteurs ». « Il faudrait d’abord, plaide-t-il, commencer à ralentir notre consommation de viande et notre production de déchets pour entrer dans un modèle de consommation responsable. »

Cité-jardins

La touche finale de la recette, c’est le bonheur de son nid suresnois dans un pavillon de la Cité-jardins entre architecture art deco et chant des oiseaux. Installé une première fois dans le bas de Suresnes de 1996 jusqu’en 2006, Philippe Toinard y est revenu à la naissance de son deuxième enfant en 2012. «J’adore être ici « en haut ». On est au calme, on fait de belles balades. On a des geais, des mésanges, des rouge gorges. Il y a un très beau marché et des commerces qui se développent bien.»

Et pas loin, le vignoble du Clos du Pas Saint-Maurice dont il est chevalier depuis 7 ans et dont il garde dans sa cave une bouteille de chaque millésime, comme un marqueur de son histoire avec Suresnes.

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