Théâtre de Suresnes Jean Vilar : lever de rideau sur la saison 2021-2022

juin 2021

L’équipe du Théâtre de Suresnes Jean Vilar vient de dévoiler sa prochaine saison. Une saison riche, dense, qui s’adresse à tous et propose de nombreuses rencontres. Avant-goûts. Texte : Stephane Legras

« La prochaine saison présente des liens secrets… » Olivier Meyer, directeur du Théâtre de Suresnes Jean Vilar excelle dans l’art d’éveiller la curiosité. La programmation 2021-2022, dévoilée les 1er et 2 juin présente en tout cas de fortes cohérences, des lignes de fonds, des reprogrammations de spectacles annulés pendant l’interminable fermeture sanitaire et autant de nouvelles propositions. Le tout en quelque 126 représentations, et autant de « belles promesses. Le Théâtre, comme à son habitude, offrira des propositions destinées à tous les publics, insiste Olivier Meyer. Cette saison me ressemble, elle donne envie de vivre, plus pleinement. » Le directeur lançant même un mot d’ordre, après les mois chaotiques engendrés par l’épidémie de Covid-19 : « Retournons dans nos lieux culturels, sans peur ! »

Les classiques et les modernes : rien d’antinomique

Au contraire… Les seconds se nourrissent et s’inspirent des premiers pour mieux se projeter dans l’avenir. Où l’on parle par exemple de grands textes classiques qui démontreront une fois encore leur criante actualité. Des metteurs en scène contemporains s’empareront ainsi d’oeuvres indémodables, d’Andromaque de Racine à quelques Molière dont Le Tartuffe qui dénonçait déjà la manipulation et l’emprise. Et comment ne pas voir un symbole dans le Regain de Giono monté par Jean-Baptiste Sastre, un formidable sillon à suivre. Plusieurs reprogrammations sont aussi prévues, comme Fracasse, de Théophile Gautier, qui rouvrira la saison. « Ce sont autant d’hommages à la langue française, dégradée par les anglicismes, perdant en couleurs et en nuances. Alors que dans ces chefs-d’oeuvre, la langue française est le support sublime et magnifique de la pensée », insiste Olivier Meyer.

« La poésie sauvera le monde »

L’affirmation est lancée par un poète, Jean-Pierre Siméon, et sera illustrée par différents spectacles comme les poèmes de Guillaume Apollinaire mis en musique dans Corps accords ou la transposition sur scène de vers de Fernando Pessoa ou le florilège proposé par Stanislas Roquette. « Il y a une dimension sacrée de l’existence qui s’exprime à travers les oeuvres et les poètes. Ils nous rappellent que notre condition n’est pas uniquement d’avoir, c’est aussi d’être », salue Olivier Meyer.

Quelques noms pas inconnus

L’on commencera par évoquer la venue en régional de l’étape du Suresnois Jacques Weber qui dira et donnera corps à quelques grands textes littéraires. Agnès Jaoui, dans ses habits de chanteuse, proposera avec l’ensemble Canto Allegre et l’orchestre Carabanchel, un florilège des musiques qu’elle aime, de Bach à Rossini et la chanson française, tout en s’offrant un détour par les mélodies latino-américaines. Citons aussi Jacques Gamblin, dans la pièce Harvey de Mary Chase, Gaspard Proust pour un one man show décryptant l’actualité de manière piquante, ou une conférence chantée de François Morel. Sans oublier les voyages artistiques proposés par le chorégraphe Angelin Preljocaj, deux sociétaires de la prestigieuse Comédie-Française, l’Orchestre national d’Ile-de-France ou l’école de danse de l’Opéra de Paris. Autre institution, les Tréteaux de France de Robin Renucci donneront quatre spectacles. Quant à Dominique Brun, elle revisitera le fameux Sacre du printemps de Nijinski qui fit scandale à sa création il y a un peu plus d’un siècle. Une dernière figure ? Moins connue, mais tout aussi attachante, certains l’ont même applaudie, dans une précédente vie, violoniste et chanteuse dans différents groupes de rock des années 90 : Julie Bonnie devenue auteure, décrit, dans Chambre 2, le quotidien d’une maternité.

Un nouveau rendez-vous : les dimanches en famille…

Si une programmation pour le jeune public existait déjà au Théâtre de Suresnes Jean Vilar, elle sera complétée par ces sept rendez-vous où les enfants viendront avec leurs parents ou leurs grands-parents pour un moment convivial et de partage, en famille. Deux spectacles sont même destinés aux tout-petits, dès trois ans. Au cours de ces  demi-journées, une librairie pour la jeunesse de Rueil-Malmaison proposera une librairie pop-up, le bar sera ouvert et un atelier proposé aux enfants après le spectacle. Au programme : de la danse, du cirque, un spectacle de Suresnes cités danse et même un concert dessiné. Les spectacles retenus devant procurer une émotion esthétique aux grands, comme aux petits.

… et une première

Pour la première fois, le Théâtre de Suresnes Jean Vilar se lie officiellement avec des artistes qui deviennent « associés ». En l’occurrence des artistes, des musiciens, ceux de l’orchestre atelier Ostinato sous la direction artistique de Jean-Luc Tingaud, une « bande de jeunes » de 18 à 28 ans. Ils joueront en décembre un programme autour d’Offenbach et de l’opérette, un autre inspiré de l’Oiseau de feu de Stravinsky en mars, sans oublier un concert autour de la valse en mai. Seront également associés le comédien et metteur en scène Jean-Baptiste Sastre et l’actrice, réalisatrice et metteur en scène Hiam Abbass.

30 ans de Suresnes cités danse

Le festival de danses urbaines participe grandement du rayonnement du Théâtre de Suresnes en France et au-delà. Pour son trentième anniversaire, Suresnes cités danse poursuivra son travail de défrichage et de métissage à travers onze créations sur six semaines. L’on y retrouvera notamment Jann Gallois, une proposition de Kader Attou et la reprise du formidable One Shot d’Ousmane Sy. Formidable et émouvant puisque programmé l’an passé quelques semaines après le décès subit du chorégraphe, il fut annulé dans le cadre des restrictions sanitaires. Il avait tout de même été filmé en pleine fermeture et diffusé sur Culture box puis sur France 4 le 31 mai. Ceux qui l’on vu ne sont pas prêts de l’oublier. Le festival s’achèvera par la version hip hop de Casse-Noisette imaginée par Blanca Li, une habituée…

Et les Suresnois dans tout cela ?

Ils participent ! Ainsi Jean-Baptiste Sastre se penchera-t-il avec des jeunes sur le Regain de Jean Giono. Quant à Hiam Abbass, elle collaborera avec un choeur suresnois pour sa mise en spectacle de textes de Simone Weil. Plus généralement, le Théâtre continuera de tisser sa toile en proposant de nombreuses rencontres avec les artistes, des répétitions publiques, des dédicaces, des conférences, des ateliers, des partenariats avec les autres institutions culturelles suresnoises et des échanges avec les établissements scolaires. Plus de 8 000 enfants devraient ainsi être accueillis à Jean Vilar.

3 questions à Olivier Meyer, directeur du Théâtre de Suresnes Jean Vilar

Suresnes mag : Annoncer une nouvelle saison doit être un grand soulagement, apporter un grand bonheur ?
Olivier Meyer : Je tiens au devoir sacré d’optimisme. Le théâtre c’est la réunion. Et pour ce retour, alors que l’épidémie de Covid-19 nous a plongés dans l’incompréhension, j’ai voulu construire une saison généreuse et excellente artistiquement. Nous avons tellement envie de reprendre, il est tellement urgent de réparer les vivants grâce aux spectacles. De se retrouver autour de ce qui nous rassemble : le bonheur d’être en vie. La pandémie aura des conséquences et nous a rappelé que le rapport aux autres est essentiel. Et c’est aussi ce qu’offre le spectacle vivant. Personnellement je me sens bien quand je suis avec des gens qui vivent leur vie d’artiste, qui ont préservé leur capacité d’émerveillement de l’enfance. D’ailleurs, nous nous engageons auprès d’eux à travers une politique de commandes et de productions qui permet notamment à plusieurs de nos spectacles de partir en tournée.

S.M. : Comment avez-vous vécu ces mois de fermeture ?
O.M. : En travaillant ! Nous sommes restés présents et engagés. Gérer les reports, indemniser les artistes fut une immense tâche et une épreuve pour l’équipe du Théâtre de Suresnes Jean Vilar. J’ai d’ailleurs la chance de pouvoir compter sur une équipe exceptionnelle et cohérente où chacun est à sa place.

S.M. : Qu’en est-il des réductions de jauges ?
O.M. : A la réouverture, le 28 mai, nous étions sur une jauge de 35% et ce jusqu’au 9 juin. Nous sommes donc actuellement à 65%. Nous avons donc ajouté des représentations pour les scolaires ce mois de juin. Et après avoir accueilli le Festival de théâtre amateur Suresnes sur scène en début de mois, notre mettrons à disposition notre plateau d’ici juillet à des associations, sans oublier un concert de l’orchestre Ostinato. Quant à la saison 2021-2022, dont le premier spectacle, Fracasse, de Jean-Christophe Hembert doit se tenir le 24 septembre, j’ai très bon espoir qu’elle se déroulera en jauge complète.

En pratique

Tout le programme sur theatre-suresnes.fr Différentes formules d’adhésion permettent d’obtenir des tarifs privilégiés tout en soutenant le Théâtre de Suresnes Jean Vilar. Adhésions et réservations sont d’ores et déjà ouvertes, sur le site theatre-suresnes.fr, sur place ou au 01 46 97 98 10.

Cliquez sur une image pour visionner la galerie en entière.

Partagez l'article :