L’Hopital Foch innove dans le suivi des patients post-Covid

juin 2020

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Certains patients pourtant guéris, mais dont les symptômes persistent, sont suivis par le service du Docteur Nicolas Barizien. Ce programme à la pointe, « Réhab-covid » est l’adaptation d’une préparation physique destinée depuis cinq ans à des patients devant être opérés d’une tumeur cancéreuse.

Texte : Stéphane Legras – Photos : Marine Volpi

Plus de trace du virus dans leur organisme. Les test PCR sont négatifs et l’imagerie médicale formelle : s’ils ont été touchés par le Covid-19, ces patients sont bel et bien guéris. Et pourtant… Ils souffrent encore. Face à ces cas de résurgence de symptômes, une équipe de l’hôpital Foch de Suresnes a mis en place le programme « Réhab-covid ».

« Il s’agit généralement de personnes de moins de 60 ans ayant développé des formes du virus n’ayant pas nécessité de soins intensifs ni de réanimation, mais qui malgré leur guérison font face à des périodes de mieux mais aussi de moins bien quant aux symptômes. Certains vont ressentir des maux de tête, d’autres une douleur au thorax, une grosse fatigue ou auront une toux persistante », décrit le Docteur Nicolas Barizien, chef du service de Réadaptation fonctionnelle, à la tête de « Réhab-covid ». « Nous nous sommes basés sur un programme de remise en forme que nous avons mis en place il y a cinq ans et qui prépare les personnes qui vont être opérées d’un cancer. L’outil était prêt, il a suffi de l’adapter. »

Le docteur Nicolas Barizien, et une partie de son équipe, la psychologue Joséphine Tschirart (au centre) et la nutritionniste Virginie Le Comte.

Ces actifs qui bénéficient depuis la mi-juin du dispositif à la pointe, qui parfois ont des enfants, ne parviennent toujours pas à retrouver une vie normale, à faire leurs courses ou même à reprendre leur travail. Le principe du programme est simple : ces anciens malades, mais qui souffrent encore, passent plusieurs tests, notamment d’effort, autour du souffle. En fonction de leurs résultats et après un entretien avec une psychologue, une kiné et une diététicienne ils se voient remettre un programme d’exercices et des conseils diététiques à suivre, parfois une aide psychologique leur sera apportée ou de la kiné respiratoire prescrite. Ils rencontrent à nouveau l’équipe de praticiens de Foch 2 puis 6 mois plus tard.

La diététique c’est fantastique

Anne-Laure, pourtant guérie du Covid-19 : « Je souffre encre de douleurs musculaires et de maux de tête. J’arrive à faire les choses mais cela me demande plus d’efforts, je manque d’endurance. »

« Souvent ils ont perdu du poids. Si c’est 5% de leur poids, cela représentera une dénutrition modérée, mais au-delà de 10% on parlera de dénutrition sévère. Sachant que l’on perd en premier de l’eau, puis de la masse musculaire et enfin seulement des graisses. Or le muscle c’est la santé, d’où l’importance d’agir », explique la nutritionniste de l’équipe Virginie Le Comte. Mais même si la personne est en surpoids, ce n’est pas le moment de la faire maigrir. Il faut que sa situation médicale soit redevenue normale. « Mon but est donc de réimplanter des éléments nutritifs qui lui ont manqué, comme les protéines. Ce peut être par des gestes simples par exemple en ajoutant du fromage à sa soupe », illustre-t-elle.

Sur le principe de l’open source, la méthodologie, les tests et diagnostics à faire et les chiffres à ne pas dépasser, ou à atteindre, et des feuilles de soin type ont été mis en ligne sur le site de l’hôpital Foch par de le Docteur Barizien.

« Un patient pourra être concerné par un symptôme, ou plusieurs. Les cas les plus simples où il y a peu de symptômes ou qui ne sont pas très forts, leur médecin généraliste pourra leur proposer cette réponse simple, rapide et non invasive. L’idée serait que l’on ne nous oriente que les 10 % des cas les plus graves. Nous ne pouvons suivre que 8 à 10 patients par semaine. Nous donnons donc dans un premier temps la priorité aux patients suivis dans l’établissement (téléconsultation ou hospitalisation) », précise-t-il.

Quant à savoir ce qui se passe dans le corps de ces cas atypiques, le doute persiste. S’agit-il « tout simplement » d’une désadaptation passagère du corps à la suite de ce qu’il a enduré ? Faut-il y voir des séquelles engendrant des douleurs chroniques ? Le mystère plane, mais ce n’est pas une raison pour laisser les personnes en souffrance sans accompagnement médical. C’est le but de « Réhab-covid ».

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