Déconfinement: « c’est une question d’habitude. »

mai 2020

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Nombreux sont les questionnements des salariés qui doivent reprendre le chemin du travail après huit semaines de confinement. Mais pour ceux  qui n’ont jamais cessé d’être présents et parfois même au contact du public et de la population, le 11 mai ne suscite pas d’anxiété particulière: agents de crèches, du périscolaire ou du centre médical ils font part de leur expérience et livrent leurs conseils pour repenser l’organisation du travail en sécurité.

Témoignages recueillis par Céline Karst et Thierry Wagner

Alors que la France s’engage dans le déconfinement progressif, nombreux sont les questionnements et les appréhensions de ceux qui doivent reprendre le chemin du travail après huit semaines passées cloîtrés chez eux. Pour certains, qui n’ont jamais cessé d’être présents et parfois même au contact du public et de la population, le 11 mai ne suscite pas d’anxiété particulière.

C’est le cas (parmi beaucoup d’autres) des agents des pôles Petite enfance et Education de la ville de Suresnes qui ont assuré l’accueil des enfants des personnels soignants, sapeurs-pompiers et policiers à la crèche Peter Pan et dans les écoles Honoré d’Estienne d’Orves et Les Cottages. Également celui des agents du centre municipal de santé, demeuré ouvert, avec tous les protocoles sanitaires et précautions qui s’imposent. Des gestes et des usages qu’ils n’ont pas mis 8 semaines à adopter au quotidien.

« Avant de démarrer ma première journée, j’avais des appréhensions par rapport au virus mais aussi parce que ce sont des enfants que nous ne connaissons pas et qui n’ont pas l’habitude de nous. Mais mes peurs se sont envolées tout de suite car les enfants se sont vite habitués et il y a des protocoles de sécurité avec les parents avec qui nous ne sommes pas en contact direct. Nous changeons de tenue entre celle que nous portons à l’extérieur et celle de l’intérieur. C’est une période particulière avec un fonctionnement atypique mais tout se passe très bien aussi bien avec les enfants qu’avec les parents qui partent travailler en toute confiance. » précise Camille Spaeth, auxiliaire de puériculture à la Ville depuis 5 ans.

Nous avons pris très vite l’habitude de porter un masque toute la journée et les enfants ne sont pas du tout perturbés

Depuis 8 semaines, Camille Spaeth travaille à la Crèche Peter Pan en appliquant les gestes barrières, en limitant les contacts, en gardant les distances et en portant un masque toute la journée et « Aujourd’hui aucune des professionnelles n’a été malade car nous travaillons en toute sécurité » nous a-t-elle fait savoir. Pour les collègues qui reprennent le chemin du travail, elle tient à ajouter « C’est normal d’avoir peur mais tout est en place pour limiter tous les risques, nous avons pris très vite l’habitude de porter un masque toute la journée et les enfants ne sont pas du tout perturbés. »

Un protocole des mesures à appliquer pendant toute la journée nous aide à vérifier que rien n’est oublié. Les gestes sont devenus des automatismes.

Séverine Chandezon, auxiliaire de puériculture à la Ville depuis 15 ans, Crèche Aladin, est venue en renfort à la crèche Peter Pan. « Je n’ai jamais eu la crainte d’être en contact avec des enfants du personnel soignant car toutes les mesures d’hygiène sont prises dans les différentes sections de la crèche. En revanche, j’ai eu des inquiétudes que j’ai tout de suite exprimées d’oublier des étapes dans le processus de désinfection. Un protocole des mesures à appliquer pendant toute la journée nous aide à vérifier que rien n’est oublié. Les gestes sont devenus des automatismes. »

Un nouveau protocole d’hygiène et sécurité à appliquer dans la phase de déconfinement est destiné à l’ensemble des agents pour un nettoyage encore plus renforcé des espaces : de la désinfection de la salle de pause et des frigos, le rappel des gestes barrières, le lavage des mains, et celui des blouses qui sont lavées quotidiennement à 60 degrés.

J’essaye aujourd’hui de faire encore mieux mon métier en innovant et en l’adaptant avec les contraintes d’hygiène.

Terry Chesnais, animateur depuis 3 ans à la Ville raconte. « Je me suis tout de suite porté volontaire car pour moi la continuité du service public prenait tout son sens dans ce contexte. J’avoue avoir eu une appréhension le premier jour mais j’ai été rassuré de voir que nous avions à notre disposition les équipements de protection nécessaires comme les masques, blouses, gants et du gel hydroalcoolique. Un protocole de désinfection de tout le matériel utilisé par les enfants et des locaux est rassurant pour la sécurité des enfants.  Je mesure « la chance » que j’ai de pouvoir continuer à faire mon métier que j’aime. J’essaye aujourd’hui de le faire encore mieux en innovant et en l’adaptant avec les contraintes d’hygiène. »

 Nous sommes prêts pour accueillir à partir du 12 mai une cinquantaine d’enfants grâce à un protocole sanitaire qui sera présenté lundi 11 mai aux agents qui reviennent sur la structure.

Elodie LLAURO, directrice d’animation à l’école Honoré d’Estienne d’Orves a été présente auprès des équipes et des enfants du personnel soignant depuis le début du confinement. « Nous sommes prêts pour accueillir à partir du 12 mai une cinquantaine d’enfants grâce à un protocole sanitaire qui sera présenté lundi 11 mai aux agents qui reviennent sur la structure. Notre enjeu avec l’équipe d’animateurs est de réinventer notre métier en apprenant à vivre avec le virus et en adaptant nos activités pour privilégier la sécurité des enfants mais aussi celle du personnel »

Au centre médical municipal de la rue Carnot, l’équipe s’est organisée pour maintenir un service minimum durant ces huit dernières semaines, avec un maximum de mesures de prévention et de protection pour le public et le personnel. Privilégiant les consultations téléphoniques (1), le CMM a tout de même reçu plus de 250 personnes sur place, dont 21 cas de Covid-19, durant la période. Accueil, infirmières, dentiste, médecins, cellule de veille psychologique, direction, ont travaillé en demi effectif présent, par roulement, avec le renfort d’infirmières directrices de crèche en temps normal et la présence permanente de personnel technique de nettoyage.

Au départ, on y pensait sans arrêt puis nous avons acquis de nouveaux gestes et de nouvelles attitudes entre nous.

« Il y a eu une inquiétude évidente au début, bien sûr, » admet Clémence Cornier, responsable du Centre de santé, « le temps de mettre en place des mesures de sécurité sanitaires adaptées, la réorganisation du centre, les nouvelles règles d’accueil du public, l’installation d’un écran de plexi à l’accueil, le port du masque, les mesures de désinfection des locaux, etc. Au départ, on y pensait sans arrêt puis nous avons acquis de nouveaux gestes et de nouvelles attitudes entre nous. »

De fait, personne n’a contracté le coronavirus parmi le personnel du centre de santé. Avec le déconfinement, les équipes vont devoir « réorganiser » le Centre et aménager les consultations pour reprendre progressivement les activités habituelles, à l’exception de celles qui impliquent des rassemblements de personnes et des contacts très rapprochés. Il va falloir s’habituer à vivre avec le virus et aux moyens d’éviter sa propagation comme le confirme Clémence Cornier : « On ne revient pas à la normale tout de suite. Nous avons pris l’habitude de travailler en période Covid en nous adaptant depuis le début, donc il n’y a pas de risque, de souci ou d’inquiétude particuliers par rapport à la reprise et au déconfinement de la population. Surtout que nos mesures sont gérées sur place avec les médecins du CMM. »

Une fois que les bonnes procédures sont au clair et en marche, c’est juste une question d’habitude 

Une expérience qui n’est pas forcément transposable, donc. « Chaque service de la mairie va devoir mettre en œuvre ses propres solutions par rapport à son fonctionnement spécifique et réorganiser son cadre de travail. Mais une fois que les bonnes procédures sont au clair et en marche, c’est juste une question d’habitude », conclut-elle.

Pas d’appréhension particulière non plus dans les rangs du personnel du Centre médical. « Début mars, on savait peu de choses sur cette maladie et ce qu’il fallait faire pour s’en protéger. La réorganisation s’est opérée rapidement puis au fur et à mesure des préconisations. Nous n’avons jamais eu la peur au ventre », confie Dominique Lacoutière, régisseuse comptable du CMM qui a aussi assuré l’accueil du public par roulement pendant les huit semaines. « Nous sommes à bonne école ici, avec les infirmières et les médecins, et nous étions déjà habitués à faire attention, au lavage des mains, etc. Le contexte nous a imposé des gestes de prévention encore plus attentifs. 

Au tout début c’est un peu perturbant. Comment va-t-on faire ? Comment faire entrer et sortir les gens de l’extérieur ? Une organisation nouvelle s’est mise en place, des gestes nouveaux… Au bout d’une semaine tout le monde avait pris le rythme. »

Pourquoi n’aurait-on pas le droit de dire à sa collègue « mets ton gel » ou « va aussi te laver les mains ». Rien ne vous empêche de discuter avec des collègues en restant à un mètre l’un de l’autre.

Et quand on lui demande si elle a un message pour tous ceux qui appréhendent de reprendre le chemin du travail, Dominique Lacoutière dévoile un optimisme à toutes épreuves : « N’ayez pas peur, mettez vos masques, soyez attentifs à ce que tout le monde applique les gestes barrières. Pourquoi n’aurait-on pas le droit de dire à sa collègue « mets ton gel » ou « va aussi te laver les mains ». Rien ne vous empêche de discuter avec des collègues en restant à un mètre l’un de l’autre. Nous mangeons ensemble le midi sur place en veillant à nos distances. Et puis on parle d’autre chose, on se détend. Franchement, pour le moral, c’est bien de retourner au travail, de retrouver ses collègues et de discuter d’autre chose que du Covid. La vie continue, mais faites attention. »

 

  • 341 consultations téléphoniques de médecine « habituelle », 135 consultations téléphoniques liées à un suivi covid, 91 consultations téléphoniques en soins dentaires

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